| * Dans l'article "FLANQUER1,, verbe trans." FLANQUER1, verbe trans. A.− 1. [L'obj. premier désigne une construction] a)
α) Qqn flanque qqc.1de qqc.2Ajouter une construction (un bâtiment généralement annexe) sur le(s) flanc(s) ou en angle (d'un édifice, d'un ensemble architectural). Cet étrange logis est inhabitable : on l'a flanqué d'une ferme, on l'a entouré d'un assez joli jardin d'arbres fruitiers (About, Grèce,1854, p. 361).Mon grand-père (...) s'est donné tant de peine pour déguiser sa maison en château (et jusqu'à le flanquer d'une tourelle supplémentaire) (Mauriac, Journal,1937, p. 106).
β) Qqc.2flanque qqc.1Être édifié, construit sur le(s) flanc(s) ou en angle (d'un édifice, d'un ensemble architectural). Deux pavillons à terrasses balustrées flanquaient la porte de bronze qui s'ouvrait sur une vaste cour (Péladan, Vice supr.,1884, p. 51).À Chambord, des tours féodales flanquent un édifice symétrique (Hourticq, Hist. art.,Fr., 1914, p. 151).
γ) Fréq. au part. (passif). Le clocher roman, aujourd'hui stupidement châtré et restauré, était flanqué, il y a peu d'années encore, de quatre tourelles-vedettes comme la tour militaire d'un burgrave (Hugo, Rhin,1842, p. 125).C'était un grand corps de logis flanqué de deux ailes en retour (Lorrain, Contes chandelle,1897, p. 71). Rem. La docum. atteste les constr. flanquer à et flanquer par. Cet appentis était flanqué d'un côté par la cuisine, de l'autre par un bûcher (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 11). C'était un pavillon carré, flanqué à une tour fort ancienne et à une autre construction plus ancienne encore (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, 1858, p. 64). b) FORTIFICATION
α) Qqn flanque qqc.1de qqc.2Ajouter un/des ouvrage(s) défensif(s) aux abords ou sur le(s) flanc(s) (d'un édifice). Les seigneurs féodaux flanquaient leurs châteaux de remparts et de fossés (Davau-Cohen1972).
β) Qqc.2flanque qqc.1[Le suj. désigne un ouvrage défensif] Bastions qui flanquent la courtine (cf. Ac., Rob., Lar. Lang. fr.), casemates flanquant un retranchement (cf. Ac., Rob.,). Le palais épiscopal de Lormières a l'aspect d'une vieille forteresse. De hautes tours crénelées flanquent à l'ouest et à l'est un énorme corps de logis (Fabre, Abbé Tigrane,1873, p. 79). − Au part. passé (passif). Sur chaque berge se dresse une formidable citadelle, flanquée d'énormes bastions à l'européenne, avec des embrasures qui laissent paraître des canons Armstrong (Loti, Fleurs ennui,1882, p. 31).La maison était une sorte de corps de garde flanqué de murailles épaisses (Giono, Angelo,1958, p. 222). − Emploi pronom. réciproque. Leur défense [des villes] ne devint parfaite que lorsqu'aux tours on eut substitué des bastions qui se flanquaient dans tout leur périmètre (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 337). 2. a) P. ext. [L'obj. premier désigne un inanimé concr.]
α) Qqn flanque qqc.1de qqc.2Disposer, placer quelque chose de part et d'autre ou sur un des côtés de quelque chose. On a eu la fâcheuse idée de la flanquer [la statue] à gauche et à droite de deux bassins, de ces bassins ridicules que les petits boutiquiers retirés font creuser dans leurs villas (Zola, Doc. littér.,Chateaubriand, 1881, p. 10).
β) Qqc.2flanque qqc.1 − Être disposé, placé de part et d'autre ou sur le(s) côté(s) de quelque chose. Deux bergères de tapisserie flanquaient la cheminée en marbre jaune (Flaub., Cœur simple,1877, p. 4).Dès la fin du mois de décembre, la Nouvelle-Calédonie se trouvait donc menacée et d'autant plus qu'elle flanquait l'Australie, objectif principal de l'ennemi (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 189): 1. La chambre (...) était la banale chambre aux chaises recouvertes de damas rouge, à l'armoire à glace d'acajou, à la cheminée garnie d'une pendule de zinc, que flanquaient des coquillages et des vases de fleurs artificielles sous globe.
Zola, Débâcle,1892, p. 404. − Fréq. au part. passé. [En parlant d'une route ou d'une voie de circulation] Border. Rue flanquée de maisons. Les blessés gagnèrent le haut de l'éminence qui flanquait la route à droite (Balzac, Chouans,1829, p. 43).La nuit qui était partout, ouvrait, entre les maisons de plâtre qui flanquent la chaussée, de grands carrés sombres (Carco, Équipe,1919, p. 15): 2. Sachez donc, ô ministre austère,
Qu'un trottoir est plus pratiqué,
S'il est plus que l'autre flanqué
De bistros. C'est tout le mystère.
Ponchon, Muse cabaret,1920, p. 33. ♦ Emploi pronom. passif. La rue Boulibet ressemblait (...) aux routes nationales, lorsqu'elles traversent les bourgs riches et qu'elles se flanquent (...) de grosses maisons à deux étages (Sartre, Nausée,1938, p. 212).Le chemin (...) se flanque de nombreuses barrières (H. Bazin, Huile sur feu,1954, p. 177).
γ) Au part. passé. Maison flanquée d'un jardin, assiette flanquée de couverts, table flanquée de deux bancs. Un lit (...) flanqué d'un côté d'un Clouet qui peut être un Clouet, mais de l'autre, d'un Greuze de quarante sous, qui me fait douter du Clouet (Goncourt, Journal,1888, p. 862).Les rangées de lits bien blancs flanqués chacun d'une petite commode et d'une chaise (Verlaine,
Œuvres compl.,t. 5, Confessions, 1895, p. 43). b) P. anal., au part. passé.
α) Présenter quelque chose en même temps que quelque chose. La moindre invitation était prétexte à festins. Six et sept services, de quatre plats chacun, (...) flanqués d'autant de hauts crus savamment choisis suivant les viandes (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 177).
β) Présenter quelque chose après quelque chose; précéder ou succéder à quelque chose. Je ne permets pas que vous avilissiez la beauté du monde, en mettant dans le même panier les saintes harmonies et les ignominies; en donnant, comme vous faites couramment, le prélude de Parsifal entre une fantaisie sur La Fille du régiment et un quartetto de saxophones, ou un adagio de Beethoven flanqué d'un air de cake-walk et d'une ordure de Leoncavallo (Rolland, J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 434). c) HÉRALD. [En parlant d'un écu] Au part. passé adj. Qui est divisé du côté des flancs soit par deux demi-ovales, soit par deux demi-losanges prenant naissance à l'angle supérieur du chef et finissant au bas de l'écu (d'apr. Adeline, Lex. termes art, 1884). L'écusson des Blamont-Chauvry : écartelé de gueules à un pal de vair, flanqué de deux mains appaumées de carnation et d'or à deux lances de sable mises en chevron (Balzac, Lys,1836, p. 35).Subst. masc. à valeur de neutre. Le Flanqué (...) se trace comme l'Écartelé en sautoir; mais, ici, le premier et le quatrième Quartier forment un seul tout, flanqué de deux « blasons » distincts − ou du même « blason » répété (P.-B. Gheusi, Le Blason,Paris, M. Darantière, 1933, p. 178). 3. Dans le domaine milit. a) Qqc. flanque qqc.Défendre un front, un côté, par un tir parallèle. [Des batteries] occuperont des emplacements (...) d'où elles pourront flanquer les angles morts (Paloque, Artill.,1909, p. 384).Les tranchées étaient soigneusement défilées (...), des pièces de 75, montées en éclipse, flanquaient traîtreusement les redans en première ligne (Cendrars, Homme foudr.,1945, p. 20). b) Qqc. flanque qqn.Défendre par un élément de protection, de surveillance. Les masses d'infanterie s'avancent en carrés flanqués d'une immense artillerie (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 2, 1823, p. 14).À une certaine distance, s'avançait Chmienicki, avec ses régiments réguliers formés en tabor, c'est-à-dire flanqués de plusieurs lignes de chariots (Mérimée, Cosaques d'autrefois,1865, p. 216). B.− 1. Souvent fam. et péj. Flanquer qqn de qqn.Placer une ou plusieurs personnes au(x) côté(s) d'une autre. Demoiselle d'honneur, on l'avait flanquée [Marie-Louise La Mortagne] de ce silencieux Américain (Toulet, Demois. La Mortagne,1920, p. 144).Mais l'attention du comte de Poitiers se tournait surtout vers son cousin, le duc de Bourgogne (...) qu'il avait flanqué de la comtesse Mahaut (Druon, Loi mâles,1947, p. 125): 3. Las de se relayer auprès d'elle (...) dans le petit salon (...) on l'avait flanquée d'une amie de pension et d'une vieille cousine rabâcheuse et dévorée de curiosité...
Aymé, Travelingue,1941, p. 19. − Emploi pronom. réfl. Il n'y a que la plus profonde misère qui puisse conseiller à un enfant de huit ans de livrer ses pieds et ses articulations aux plus durs supplices (...) et de se flanquer d'une horrible vieille comme vous mettez du fumier autour d'une jolie fleur (Balzac, Comédiens,1846, p. 305). Rem. Rare. Emploi pronom. réfl. avec le sens de « se faire accompagner ou assister d'une ou de plusieurs personnes ». Quelques conflits s'étant élevés entre l'astiqueur et l'épileur au sujet des limites répartitives de leurs fonctions, Tityre comprit la nécessité d'un arbitre, qui se flanqua de deux avocats pour et contre (Gide, Prométhée, 1899, p. 336). 2. Qqc. flanque qqn.Serviteur flanqué de valises. La vieille Annou marchait ensuite, flanquée d'un énorme parapluie bleu et de Jacques (A. Daudet, Pt Chose,1868, p. 19). 3. Qqn flanque qqn.Accompagner, se trouver aux côtés de quelqu'un. Cydalise flanqua le Brésilien, et Bixiou fut mis à côté de la Normande, Malaga prit place à côté du duc (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 372).Quatre soldats nous flanquaient, de peur que je ne m'échappe (Arnoux, Calendrier Fl.,1946, p. 220).L'homme (...) aux yeux de jais, que flanquaient toujours Françoise Liberté, la fille aux belles mamelles, au teint d'aurore de la République adolescente, et la sage-femme à lunettes (Arnoux, Roi,1956, p. 266). − Au part. passé. Tout un monde centre-gauche, avec des crânes administratifs, flanqués d'épouses légèrement bleutées de prétentions littéraires (Goncourt, Journal,1876, p. 1128). REM. Flanqueur, subst. masc.Soldat d'infanterie ou de cavalerie qui appuyait les flancs d'une armée, d'une colonne. Nous étions à l'arrière de la colonne [de prisonniers] (...). Et je bouscule un flanqueur pour me cavaler (D'Esparbès, Ceux de l'an 14!1917, p. 183). Prononc. et Orth. : [flɑ
̃ke]. Demi-longueur de la voyelle rad. ds Passy 1914. Ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1555 « garnir sur les flancs, à l'aide d'un ouvrage défensif, d'une construction ou d'un élément architectural » (Ronsard, Meslanges ds
Œuvres complètes, éd. P. Laumonier, t. 6, p. 206, 32); 2. 1564 « protéger une (armée) sur le flanc » (Thierry); 3. 1568 « être édifié sur le côté (d'une construction) » (R. Garnier, Porcie, 1017 ds
Œuvres, éd. W. Foerster, t. I, p. 47). Dér. de flanc*; dés. -er. |