| FLANELLE, subst. fém. A.− Étoffe douce et légère, de laine peignée ou cardée, à tissage assez lâche. Costume, morceau de flanelle. Je l'ai décidé à remettre son gilet de flanelle, que, dans ce lieu de température humide et inconstante, il avait imprudemment mis de côté (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 281): 1. ... voici comment je suis vêtu : ceinture de flanelle, une chemise de flanelle, un caleçon de flanelle, pantalon de drap, gros gilet, grosse cravate et paletot par-dessus ma veste le soir et le matin.
Flaub., Corresp.,1849, p. 123. − P. méton. Vêtement ou ceinture de flanelle. À votre place, j'ôterais ma flanelle!... (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 6). − Spéc. Étoffe très lâche à travers laquelle on fait passer le mercure qui s'est échappé du tain appliqué sur une glace (d'après DG). La fourniture et la pose de flanelle sous une glace se compte au mètre superficiel (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât.,t. 6, 1930, p. 129). − Expr. fam. Avoir les jambes en flanelle. Avoir les jambes molles et lourdes. Ils auraient été obligés de l'y porter à bras, les gars, parce qu'il aurait eu les pattes en flanelle! (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 66). B.− Au fig. 1. Vie confortable et douillette : 2. En marchant, je le sais, j'afflige votre foi (...)
Vos dogmes, vos aïeux, vos dieux, votre flanelle,
Et dans vos bons vieux os, faits d'immobilité,
Le rhumatisme antique appelé royauté.
Hugo, Contempl.,t. 4, 1856, p. 29. 2. Argotique a) Homme manquant d'énergie : 3. ... Comparé à madame Évangélista, le papa Gobseck est une flanelle, un velours, une potion calmante, une meringue à la vanille...
Balzac, Contrat mar.,1835, p. 341. b) ,,Client qui va dans une maison de prostitution uniquement pour boire et plaisanter`` (Lacassagne, Arg. « milieu », 1928, p. 92). − Expr. Faire flanelle. S'abstenir dans une maison close; se borner à converser avec une femme galante (d'apr. Sandry-Carr. 1963). ♦ P. ext. Ne rien entreprendre, ne rien faire. − Dégagez, vous autres! Ben quoi, dégagez, que j'vous dis! Vous êtes là à faire flanelle... Allons, oust, la fuite! J'veus plus vous voir dans le passage, hé! (Barbusse, Feu,1916, p. 49).Ne pas réussir. J'ai fait flanelle dans mon dernier casse (Lacassagne,Arg. « milieu »,1928,p. 92). Prononc. et Orth. : [flanεl]. Ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1656 (Laurens, Taux et Taxes, p. 35 ds Bonn., p. 59). Empr. à l'angl. flannel attesté dep. 1503 comme terme désignant ce tissu (NED) et que l'on suppose être une altération du m. angl. flanen désignant un vêtement, ce dernier étant issu du gallois gwalen « sorte de vêtement de laine » (cf. MED avec notamment, à côté de flanen, la forme flaunneol pour flannel désignant un vêtement, cette attest. confirmant la filiation de flannel bien qu'on ne s'explique pas le changement de la finale de flanen; FEW t. 18, p. 62b). Fréq. abs. littér. : 303. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 214, b) 555; xxes. : a) 614, b) 438. Bbg. Bonn. 1920, p. 59. − Boulan 1934, p. 107. |