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FLÉAU, subst. masc.
I.− Domaines techn.
A.− AGRIC. Instrument servant à battre les céréales, formé d'un manche et d'un battoir reliés entre eux par des courroies. Battre le blé au fléau, avec le fléau. Inclinant cette gerbe [de folle-avoine] sur le bord de la pirogue, ils la frappoient avec un fléau léger; le grain mûr tomboit dans le fond du canot (Chateaubr., Natchez,1826, p. 327):
1. Autrefois on décortiquait le blé soit au fléau, soit à la traîne et au rouleau. Pour le battre au fléau on apportait les gerbes sur l'aire, on les y étalait. On les disposait à la file, débordant les unes sur les autres, comme des écailles de poisson, de manière à ce que les grains seuls dépassent. Et quatre par quatre on abattait dessus les fléaux, les deux premiers frappant, tandis que les deux autres levaient l'outil. Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 145.
P. méton. Partie de cet instrument servant de battoir. Le manche et le fléau (Littré).
P. métaph. (cf. aussi infra II). Dans l'immense grange de l'univers, le fléau implacable [la peste] battra le blé humain jusqu'à ce que la paille soit séparée du grain (Camus, Peste,1947, p. 387).
B.− P. anal.
1. ARM., vx. Fléau d'armes. Arme contondante du moyen-âge, en forme de fléau, comprenant un manche court et une chaîne terminée par une masse métallique armée ou non de pointes. Votre parole rappelle le fléau d'armes que tiennent vos aïeux, aux bas-reliefs de Korsabad... (Péladan, Vice supr.,1884, p. 110).
2. TECHNOL. Barre mobile autour d'un axe. Des norias nous attirent − ou quel autre nom donner à ces appareils élévateurs, simple fléau, porteur à l'une de ses extrémités d'un récipient, à l'autre d'un contrepoids (Gide, Retour Tchad,1928, p. 871).
a) Levier d'une balance, fait d'une tige métallique horizontale oscillant autour d'un axe et aux extrémités de laquelle sont fixés les plateaux ou sur laquelle on fait avancer le contrepoids (comme dans la balance romaine). Et les deux plateaux restèrent de niveau. Le fléau ne penchait plus ni à droite ni à gauche et l'aiguille marquait l'égalité parfaite des deux poids (France, Puits ste Claire,1895, p. 86).
b) Bascule à contrepoids servant à fermer une écluse. (Dict. xixeet xxes.).
c) Barre de fer mobile servant à fermer les deux battants d'une porte cochère ou les deux volets d'une persienne. [Le] fléau [est un] objet ayant la forme d'une poignée d'espagnolette et se manœuvrant de la même façon; il sert surtout à la fermeture des persiennes (E. Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât.,t. 3, 1928, p. 71).
II.− Au fig.
A.− [Avec réminiscence du lat. flagellum « fouet » (instrument qui châtie)]
1. Fléau de Dieu, du ciel. Personne ou chose considérée comme l'instrument de la colère divine affligeant l'être humain ou l'humanité. Oublions les pins brûlés, les illusions perdues. Le fléau nettoie et purifie. Nous sommes délivrés de ce que Dieu a détruit (Mauriac, Journal 3,1940, p. 215):
2. ... mais l'on peut, et l'on doit assurer en général, que tout mal physique est un châtiment; et qu'ainsi ceux que nous appelons les fléaux du ciel, sont nécessairement la suite d'un grand crime national, ou de l'accumulation des crimes individuels... J. de Maistre, Soirées St-Pétersbourg,t. 1, 1821, p. 310.
Spéc. Le Fléau de Dieu. Attila. Une autre production de Werner, bien belle et bien originale, c'est Attila. L'auteur prend l'histoire de « ce fléau de Dieu » au moment de son arrivée devant Rome (Staël, Allemagne,t. 3, 1810, p. 141).
P. plaisant. Elle serait un fléau, un de ces beaux fléaux de Dieu, un de ces Attilas femelles qui ravagent le monde sans épée (Barb. d'Aurev., Memor.1, 1836, p. 17).
2. Loc. Sous le fléau de. Sous le fouet, sous les coups répétés de. Chez eux [les commerçants en gros], la torsion physique s'accomplit sous le fouet des intérêts, sous le fléau des ambitions (Balzac, Fille yeux d'or,1835, p. 328):
3. Qu'est-ce qu'une légère incommodité aux yeux de celui qui est tourmenté par d'horribles souffrances et qui est sous le fléau des derniers supplices? Saint-Martin, Homme désir,1790, p. 66.
B.− Dans la lang. cour.
1. Grand malheur d'origine naturelle ou humaine qui frappe et ravage une collectivité. Fléau cruel, terrible; le fléau de la guerre. La guerre est-elle moins fléau que l'émeute n'est calamité? (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 269).Les fléaux sociaux sont non seulement le résultat d'un agent pathogène, mais aussi de conditions de vie, de climat, d'habitation, de travail, de comportement, de possibilité ou d'habitude alimentaire... Ils se caractérisent par leur puissance d'extension et de multiplication (Deguiral, Hyg. soc.,1953, p. 12):
4. Le journal de Pepys fait revivre avec un réalisme simple et terrible, les deux fléaux qui ravagèrent Londres, à cette époque : la grande peste, le grand incendie. Morand, Londres,1933, p. 23.
SYNT. Grand, horrible fléau; fléau dangereux, destructeur, funeste; fléaux naturels; le fléau de la famine, de la peste, de la petite-vérole; fléaux de l'humanité, du peuple.
P. méton. Personne qui provoque une calamité publique. Philippe le Bel avoit marié sa fille Isabelle à Édouard II, roi d'Angleterre; elle fut mère d'Édouard III, autre fléau de la France (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist., t. 3, 1831, pp. 352-353).
2. P. ext. Ce qui détruit, ravage quelque chose (matériel ou moral) ou quelqu'un. Lélia était son fléau, son démon, son génie du mal, le plus dangereux ennemi qu'il eût dans le monde (Sand, Lélia,1833, p. 48).On sait dans quelles conditions ces vignes américaines véhiculèrent avec elles trois fléaux du vignoble, l'oïdium (1852), le phylloxéra (1868) et le mildiou (1878) (Levadoux, Vigne,1961, p. 32):
5. Ce qu'il faut défendre, c'est le dialogue et la communication universelle des hommes entre eux. La servitude, l'injustice, le mensonge sont des fléaux qui brisent cette communication et interdisent le dialogue. Camus, Actuelles I,1944-48, p. 177.
3. P. hyperb. Personne ou chose néfaste, pénible ou très désagréable. Fléau de la famille, de la maison; fléau de la littérature. Je n'avais jamais connu de coquette. Quel fléau! (Constant, Journaux,1814, p. 410).L'ennui était un fléau qui m'avait terrorisée dès l'enfance (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 180):
6. ... ses manières rondes [de Jansoulet] (...) le reposaient [le duc] (...) de ce fléau administratif et courtisanesque dont il avait horreur, − la phrase, − si grande horreur qu'il n'achevait jamais la période commencée. A. Daudet, Nabab,1877, p. 40.
Prononc. et Orth. : [fleo]. Ds Ac. dep. 1694. Ac. 1694 et 1718 : fleau. Prononc. hésitante tant que la graphie ne l'a pas fixée, v. Buben 1935, § 75. ,,Observez la prononciation emphatique des mots comme monstrueux, fléau, géant, créer, Baal : on entend à peu près [mɔ ̃stʀyhø], [fleho], [ʒehɑ ̃], [kʀehe], [bahal]`` (Nyrop Phonét. 1951, § 65). Étymol. et Hist. I. 1. 2emoitié xes. « peine » (St Léger, éd. J. Linskill, 179); 2. ca 1160 « arme du moyen âge » (Eneas, 5579 ds T.-L.); 3. 1178 « instrument qui sert à battre les céréales » flael (Roman de Renart, éd. M. Roques, I, 655). II. 1549 fleau « levier de la balance » (Est.). Du lat. flagellum « fouet », en lat. chrét. « punition » et spéc. « punition de Dieu » puis « peine »; a pris au ives. le sens d'« instrument pour battre les céréales ». Fréq. abs. littér. : 843. Fréq. rel. littér. : xixes. . a) 1 973, b) 849; xxes. : a) 812, b) 957.