| FILEUR, EUSE, subst. A.− TEXT. Personne qui file de la laine, du coton; ouvrier/-ière travaillant sur un métier à filer dans une filature. En 1836, dans un atelier de Manchester, neuf métiers, chacun de trois cent vingt-quatre broches, étaient conduits par quatre fileurs (Proudhon, Syst. contrad. écon.,t. 1, 1846, p. 151).La vieille Perrine, la dernière fileuse du bourg (R. Bazin, Blé,1907, p. 178).Il avait, dans un coup de tête, cherché un emploi comme fileur à la cotonnerie (Roy, Bonh. occas.,1945, p. 61). − P. anal., emploi adj. [À propos d'un animal] L'insecte fileur [l'araignée] n'y vit pas [sur le châtaignier] (La Varende, Normandie en fl.,1950, p. 151). − P. métaph. Il [le Mont Blanc] tisse, âpre fileur, des brouillards pluvieux (Hugo, Légende,t. 5, 1877, p. 1191). B.− PEINT. Peintre spécialisé dans le tracé de filets, de traits fins. Tous les travaux de filage comprennent le tracé préalable par le fileur (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât.,t. 6, 1928, p. 37).Peintre fileur décorateur sur faïence (Encyclop. éduc.,1960, p. 165). C.− Arg., vx − Fileur (de cartes). Celui qui triche en escamotant les cartes. Les Suédois (...) sont [pour tricher] d'excellents fileurs. Cela tient un peu à ce qu'ils ont des mains très grandes (Hogier-Grison.Monde où l'on triche,1886, p. 167). − Celui qui effectue une filature (d'apr. Esn. 1966). − Maître chanteur (d'apr. Vidocq, cf. étymol B b). D.− Rare, littér. Personne qui développe avec ampleur et habilement (un sujet, un thème). C'était le dernier fileur d'anecdotes; installé devant la cheminée, il avait l'éclat pétillant du feu qu'il masquait (Morand, Excurs. immob.,1944, p. 51). Prononc. et Orth. : [filœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1694-1932. Au fém. seulement ds Ac. 1694. Étymol. et Hist. A. a) 1260 subst. fém. fillaresse de soie (E. Boileau, Métiers, 80 ds T.-L.); 1376 subst. masc. fillour (Terrier de la poterie Matthieu, fo40 ro, A. Eure ds Gdf. Compl.); b) 1866 technol. fileur de verre (Amiel, Journal, p. 110). B. a) 1829 arg. « policier qui effectue une filature » (Mémoires d'un forban philosophe ds Esn.); b) 1836 « celui, celle qui rançonne un voleur pour prix de son silence » (Vidocq, Voleurs, t. 1, p. 161). Dér. du rad. de filer*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér. : 94. Bbg. Mots ds le vent. Vie Lang. 1969, p. 332. |