| FIEL, subst. masc. A.− Liquide amer, verdâtre, contenu dans la vésicule biliaire. 1. Vieilli. Synon. de bile.La bile subit, dans la vésicule du fiel, des altérations manifestes (Cuvier, Anat. comp.,1805, p. 37). 2. Bile des animaux de boucherie, de la volaille, etc. Le fiel du poisson de Tobie; enlever la poche de fiel. Ça sent l'amer, ça sent l'aubépine. C'est le foie. Du fiel vert gicle sur son pouce (Giono, Regain,1930). − P. ext. Substance amère. Boire le vinaigre et le fiel. Et les clous, et la lance, et l'éponge de fiel (Ménard, Rêv. païen,1876, p. 80). − Spéc., PEINT. Fiel de bœuf. ,,Liquide vert qui (...) sert de fixatif pour les dessins au crayon que l'on veut enluminer`` (Adeline, Lex. termes art, 1884, p. 209). ♦ Expr., fam. Comment, pas vrai? attends, fiel de corbeau (Claudel, Violaine,1892, I, p. 501). B.− Au fig. 1. Sentiment d'amertume, de douleur. Le fiel des rancunes; boire à la coupe de fiel; goûter le fiel avant le miel. Vous m'abreuvez de fiel et d'absinthe, vous rouvrez toutes mes blessures (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 26): 1. Dès ce moment, il fallait commencer avec cette femme la guerre odieuse dont lui avait parlé Derville, entrer dans une vie de procès, se nourrir de fiel, boire chaque matin un calice d'amertume.
Balzac, Chabert,1832, p. 128. 2. Animosité plus ou moins sourde, haine contre quelqu'un ou quelque chose. Le fiel des envieux; une âme, une satire pleine de fiel; des regards chargés de fiel; avoir le fiel à, dans la bouche; épancher son fiel. Synon. poison, venin.Je n'ai jamais senti dans mon cœur de fiel pour l'émigré (Balzac, Lys,1836, p. 59).Donnant libre cours au fiel qui l'étranglait (Courteline, Train de 8 h 47,1888, 2epart., 3, p. 127): 2. ... les notes de la vie de Senèque par Diderot, écrits pleins de fiel et dictés par l'envie...
Marat, Pamphlets,Charlatans mod., 1791, p. 283. − Expr. Sans fiel. Sans aucune méchanceté. Bon et tendre avec ses familiers, aimable, léger, sans fiel (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 257).N'avoir pas plus de fiel qu'un pigeon (le foie du pigeon ne contient pas de fiel). Elle avait le cœur sur la main et pas plus de fiel qu'un pigeon (Sue, Myst. Paris,t. 5, 1843, p. 178). REM. Fieller, verbe trans.Écrire avec fiel. Il [le général] avait fiellé des articles nombreux contre les turpitudes et les hontes du règne (Céard, Soir. Médan,Saignée, 1880, p. 171). Prononc. et Orth. : [fjεl]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xes. fel « sécrétion du foie (spécialement en parlant d'animaux) » (Passion, éd. D'A. S. Avalle, 279); 2. 1160-74 fiel fig. « amertume qui s'accompagne de haine, d'animosité » (Wace, Le Roman de Rou, éd. A. J. Holden, I, 1104). Empr. au lat. class. fel de mêmes sens. Fréq. abs. littér. : 401. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 931, b) 754; xxes. : a) 424, b) 251. |