| FERRAILLE, subst. fém. A.− Débris, déchets de fer, de fonte ou d'acier; vieux morceaux ou instruments de fer, de métal, inutilisables tels quels. D'antiques machines jetées aux ferrailles (Zola, Terre,1887, p. 138).Un vieux cuirassé voué à la ferraille (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 71). − Au fig. (Jeter, mettre qqc.) à la ferraille. (Jeter, mettre quelque chose) au rebut. Les œuvres montées de toutes pièces qui, en dépit de leur brillant, sont destinées à la ferraille (Mauriac, Journal,1937, p. 160). 1. Au sing. Ensemble d'éléments métalliques (entassés). De la ferraille en tas. Elle va au coin des outils; elle fouille dans la ferraille et prend la bêche neuve (Giono, Colline,1929, p. 192).Une zone occupée seulement par des remises, des dépôts de ferraille et des garages (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1598). − [Comm. ou manifestation comm.] Foire à la ferraille. Vendeur de vieille ferraille (Ac.). Un robuste Auvergnat, marchand de ferraille et de bric-à-brac (Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 126): 1. Je suis allé au marché à la ferraille
Et j'ai acheté des chaînes De lourdes chaînes
Pour toi
Mon amour...
Prévert, Paroles,1946, p. 50. − En partic., fam. Menue monnaie. Je puisais déjà la ferraille dans mes poches, remplissais une main de la marchande (H. Bazin, Huile sur feu,1954, p. 41). 2. Au sing. ou au plur. Objet en fer, débris métalliques (entassés). J'aurai imité les enfants qui attachent une ferraille à la queue d'un chat (Balzac, Splend. et mis.,1847, p. 497).Tout ce métal prodigué assombrissait la salle de leur gris dur de vieilles ferrailles (Zola, Germinal,1885, p. 1185): 2. L'avion... à trente mètres, un monceau informe de débris fume au soleil comme un bûcher éteint : amas de ferrailles, où pendent quelques loques charbonneuses.
Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 733. − P. métaph., péj. Il [Flaubert] ne cherche jamais à savoir si, parmi le butin rapporté de ses lectures, cachée sous des ferrailles sans valeur, ne luit pas la perle d'un prix inestimable (Mauriac, Gds hommes,1947, p. 149). − [Comm. ou manifestation comm.] La foire aux ferrailles. En approchant du Petit-Pont, ils trouvèrent à leur droite des échoppes de ferrailles, éclairées par des lampes fumeuses (France, Lys rouge,1894, p. 30): 3. ... ce n'était qu'une rue abandonnée et poussiéreuse, avec quelques garages morts, des magasins où l'on voyait beaucoup de ferrailles et de vieux pneus.
Triolet, Prem. accroc,1945, p. 213. B.− (Bruit) de ferraille. (Bruit) produit par le choc ou la chute d'objets métalliques. Fracas de ferraille. On entendait (...) le son de ferraille des armes (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Souvenir, 1882, p. 170).Le fusil tombait avec un bruit de ferraille (Zola, Germinal,1885, p. 1492).Un petit train apparut, précédé d'un antique bruit de vapeur et de ferraille (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 436). REM. Ferrailleux, euse, adj.,rare, attesté seulement ds Lar. Lang. fr.a) Qui fait un bruit de ferraille. Le son ferrailleux et ébréché d'un couteau qu'on repasse pour l'aiguiser (Proust, Sodome,1922, p. 654).b) En ferraille. Une haute bâtisse de pierre se dressait inopinément parmi les constructions basses, les appentis ferrailleux (Arnoux, Gentilsh. ceinture,1928, p. 89). Prononc. et Orth. : [fε
ʀ
ɑ:j], [fe-]. Cf. -aille. La majorité des dict. notent [ɑ] pour -aille* dans la famille de fer sauf DG et Barbeau-Rodhe 1930 qui transcrivent [a]. Enq. : /feʀaj, (D)/. Étymol. et Hist. 1. Ca 1349 « vieux fers, vieux outils de fer hors d'usage » (Le Livre des Mestiers, éd. J. Gessler, p. 46a : de feraille [...] van ouden ysere); 2. 1878 arg. « menue monnaie » (Rigaud, Dict. jargon paris., p. 149). Dér. de fer*; suff. -aille*. Fréq. abs. littér. : 287. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 164, b) 539; xxes. : a) 501, b) 484. Bbg. Lew. 1960, p. 199. |