| * Dans l'article "FER,, subst. masc." FER, subst. masc. A.− 1. Métal résistant, d'un blanc grisâtre, magnétique, ductile et malléable, très peu utilisé à l'état pur, de numéro atomique 26 et de symbole Fe. Exploitation des mines de fer, extraction du minerai de fer. L'aurore de la grande industrie s'est levée dans une contrée de la Grande-Bretagne, où se concentraient le fer et la houille (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 80).L'acier, à mi-chemin de la fonte et du fer, contient moins de carbone que la fonte (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1968, p. 202).V. amalgame ex. 2. − En emploi ell. (sels de) fer. Il lui faut [à la vigne] un sol sec qui s'égoutte, profond, substantiel, riche en fer s'il se peut (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 159).Les eaux riches en fer sont mauvaises pour la brasserie (Boullanger, Malt., brass.,1934, p. 27). − Âge du fer. Époque succédant à l'âge du bronze et caractérisée par une utilisation courante du fer pour la réalisation d'armes et d'outils. Les bracelets fermés se multiplient à partir du premier âge du fer (J. Déchelette, Manuel archéol. préhist. celt. et gallo-rom.,t. 2, 1914, p. 314): 1. Comme les anthropologues ont distingué, dans la phase primitive de l'humanité, l'âge de la pierre polie, l'âge du bronze, l'âge du fer, nous parlons aujourd'hui de l'âge de la vapeur, de l'âge de l'électricité, de l'âge de l'énergie atomique...
Univers écon. et soc.,1960, p. 6216. 2. [Fer + adj. ou subst. appos. indiquant les variétés du métal, ses composés, ses alliages et ses traitements] a) [Fer + adj. ou subst. appos. indiquant la nature, la forme physique, les variétés cristallines du métal] Ce fer natif est allié au carbone (Lapparent, Minér.,1899, p. 558).Le fer pur et l'acier ont une texture grenue (Champly, Nouv. encyclop. prat.,t. 2, 1927, p. 1).Le fer alpha est magnétique, les fers bêta et gamma ne le sont pas (Barnerias, Aciéries,1934, p. 12). b) [Subst. + de fer; fer + adj. Il s'agit d'un composé chimique ou d'un alliage]
α) [Il s'agit d'un métal composé] Le ruisseau promenait ses eaux vives et limpides entre de hautes berges de terre rouge, dont la couleur décelait la présence de l'oxyde de fer (Verne, Île myst.,1874, p. 107).Fonte dont tout le carbone est à l'état de carbure de fer (Guillet, Techn. métall.,1944, p. 15): 2. Puis on procédera à une fusion scorifiante qui, par action de la silice, permettra de faire passer dans la scorie le fer oxydé. Il restera alors un sulfure double de fer et de cuivre, appelé matte, facile à séparer de la scorie par différence de densité.
Guillet, Techn. métall.,1944p. 42. SYNT. Hydroxyde, perchlorure, phosphure, protoxyde, pyrite, sesquioxyde, sulfate, sulfure de fer; fer bi-sulfuré, carbonaté, chloruré, ferreux, ferrique, hydraté, hydroxydé, oxydulé, phosphoreux, titané. ♦ [Désignant des variétés rocheuses] Fer météorique. Un filon composé de bandes alternatives de fer spathique et de quartz (Élie de Beaumont, B. Sté géol. Fr.,t. 4, 1847, p. 37).Le fer micacé (...) est utilisé en grande quantité dans la fabrication des couleurs antirouille (Coffignier, Coul. et peint.,1924, p. 495).
β) [Il s'agit d'un mélange ou d'un alliage] Ferblanc*. Fer doux, fer qui contient très peu de carbone et dont l'aimantation rémanente est très faible (d'apr. Laitier 1969). La membrane est en tôle de fer doux vernie sur ses deux faces pour la protéger de la rouille (A. Leclerc, Télégr. et téléph.,1924, p. 175).Une matière magnétique, telle que le fer doux (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 203). c) [Fer + adj. indiquant qu'il s'agit d'un métal traité] Fer chromé, émaillé, nickelé. On rencontre dans les lavages de platine une grande quantité de fer chromé (Élie de Beaumont, B. Sté géol. Fr.,t. 4, 1847p. 17): 3. Vers 1875, les chaloupes employées jusque-là (difficiles à manier) furent remplacées par des embarcations plus légères, les « doris », en même temps que les hameçons français, en fer étamé, disparaissaient au profit d'hameçons en acier de fabrication anglaise.
Boyer, Pêches mar.,1967, p. 12. 3. P. méton. a) BIOCHIM. Substance ferrugineuse (contenue dans le corps humain, les aliments, des médicaments). Il faut boire du fer, se promener et dormir et aller dans le Midi, quoi qu'il en coûte, voilà! (Flaub., Corresp.,1867, p. 272).« Qu'est-ce que tu as donc? souffres-tu? − Non, un peu de fatigue. Ce n'est rien. − Que dit ton médecin?... − Il parle d'anémie et m'ordonne du fer et de la viande rouge » (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Sage, 1883, p. 918): 4. Le teint est jaune; dans l'émotion, ils [les bilieux] pâlissent au lieu de rougir. Le foie fonctionne bien : mais leur bile est trop riche en cholestérine, peut-être à la suite d'un excès en fer, car tout aliment riche en fer, comme les épinards, leur est nuisible...
Mounier, Traité caract.,1946, p. 181. b) Le fer. L'industrie, le grand commerce du fer : 5. Se trouvaient là, attirés par la campagne de publicité, tous ceux qui avaient un nom en Europe dans le commerce et l'industrie, les rois et les princes du fer, de l'acier, du caoutchouc, de l'automobile et du pétrole.
Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 41. B.− [Le fer, ou un métal en ayant l'apparence, en tant que matériau entrant notamment dans la fabrication d'objets d'usage industriel ou domestique] Les métiers du fer. L'odeur de carton du bureau, de fer et de fumée de la gare (Malraux, Espoir,1937, p. 437): 6. − Je ne peux pas boire dans une timbale, ça sent le vieux fer...
− Comment, le vieux fer! ... − dit grand'mère qui s'indigne − ta timbale est en vermeil ...
− C'est possible... mais elle sent tout de même le vieux fer et ça m'dégoûte...
Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 122. − En partic. [En parlant d'une armure] Bardé de fer. Recouvert d'une armure métallique. Au fig. Les vaincus ont subi le dur châtiment de leur faute. Mais les vainqueurs en portent aussi le poids; et leur civilisation bardée de fer est un fardeau pour eux comme pour l'Europe (Jaurès, Eur. incert.,1914, p. 200).V. bardé ex. 1, 2, 3. 1. [Le fer en tant que matériau travaillé] Dîner chez Gisette, dans la splendide demeure à escalier de marbre et de fer poli (Goncourt, Journal,1867, p. 313).La trace de l'outil dans la pierre, dans un bois dur, dans le fer, est déjà un ornement (Alain, Beaux-arts,1920, p. 32).J'ai encore dans les oreilles les bruits de la perceuse qui, dans le fer, perfore le trou du boulon (Morand, New-York,1930, p. 37). a) Spéc., dans le domaine de la forge, du laminoir, de la tréfilerie, de la chaudronnerie.Battre, forger le fer. Mon marteau remontait plus vite qu'il ne tombait sur l'enclume, le fer s'allongeait comme de la pâte (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 1, 1870, p. 163).J'entends encore (...) le bruit de ces métiers : tintement de l'enclume (...) sifflement du fer ardent plongé dans l'eau (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 165): 7. Chez lui, on avait toujours été trop pauvre pour moderniser la technique. Il ferrait les chevaux comme au xviesiècle. Le marteau sonnait sur l'enclume. Les étincelles jaillissaient du fer.
Aragon, Beaux quart.,1936, p. 61. ♦ Loc. proverbiale. Il faut battre* le fer pendant/quand il est chaud. Venez, ne perdons pas un instant (...). Battons le fer tandis qu'il est chaud (Sandeau, Sacs,1851, p. 49).Il faut battre le fer pendant qu'il est chaud (...). Ce sera une affaire faite, et demain soir vous n'y penserez plus (Sand, Hist. vie,t. 3, 1855, p. 318).V. battre ex. 6 : 8. Lorsque l'île, satisfaite, se fut tue, Thomas, en prière au bas de l'autel, hésita un instant. Il ne voulait pas empiéter sur le lendemain, un dimanche. D'un autre côté, quand le fer était chaud, ne devait-on pas le battre? ...
Queffélec, Recteur,1944, p. 129. Rem. On relève ds la docum. un emploi au fig. de à fer et à chaux. Solidement. Un auteur en pleine vogue doit être bâti à fer et à chaux (Blanche, Modèles, 1928, p. 94). ♦ Fer étiré, laminé; (fil de) fer galvanisé. Les rampes de ces petits escaliers [à Kœnigsberg] (...) sont en fer coulé de Berlin, je crois (Stendhal, Rom. et nouv.,t. 1, 1842, p. 22).On les exécute [les cales] en bois dur; il vaudrait beaucoup mieux employer du fer fondu (Nosban, Manuel menuisier,1857, p. 117).Fer forgé; porte, balcon en/de fer forgé. De grands valets blonds avaient ouvert une grille de fer forgé (Maurois, Climats,1928, p. 83). b) De fer, en fer. Le Pont-des-Arts est construit en fer (ce à quoi l'Académie n'a point pensé dans l'article de son dictionnaire où elle définit le mot Pont : « bâtiment de pierre ou de bois élevé au-dessus d'une rivière ») (Jouy, Hermite,t. 5, 1814, p. 129).Un petit lit de fer garni de rideaux blancs (Zola, Assommoir,1877, p. 775).V. alliage ex. 13, chaîne ex. 5 : 9. Plus de dollars, d'ascenseurs ni de gratte-ciel : (...) les maisons rouge-sang à deux ou trois étages, avec des courettes qu'il serait plus juste de nommer des puits d'aération et des escaliers de sûreté en fer qui servent surtout à étendre le linge.
Morand, New-York,1930, p. 75. − Emplois spéc.
α) Fil* de fer, fil de fer barbelé (v. ce mot A 2). ♦ Limaille de fer. Ces dessins que forme l'aiguille aimantée déposée parmi la limaille de fer (Claudel, Corresp.[avec Gide], 1910, p. 195).
β) Paille* de fer. Filaments, copeaux de métal réunis en paquets. Non! non! j'aime mieux laver la vaisselle! j'aime mieux gratter le plancher avec la paille de fer... (Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 173).La paille de fer mord le parquet du salon, dont les lattes s'effritent dangereusement (H. Bazin, Vipère,1948, p. 235).
γ) Rideau, volet de fer. Fermeture métallique de la devanture des magasins. Il prend une longue manivelle, l'enfonce dans le mur et commence à baisser le rideau de fer (Pagnol, Marius,1931, II, 4, p. 131): 10. Les boulevards offraient un aspect inaccoutumé : tous les boutiquiers avaient baissé leurs rideaux de fer; la plupart des cafés étaient fermés; sur l'ordre de la police, ceux qui restaient ouverts avaient dégarni leurs terrasses...
Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 406. ♦ P. anal. Ligne qui isole les pays communistes des pays non communistes en Europe. Les deux côtés du rideau de fer. Il restait, alors, quelques chances d'empêcher que le rideau de fer vînt à couper l'Europe en deux (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 203): 11. Scriassine avait arrangé une rencontre entre Robert et un fonctionnaire soviétique qui venait de franchir le rideau de fer tout exprès pour dénoncer à l'Occident les méfaits de Staline.
Beauvoir, Mandarins,1954, p. 333.
δ) Domaine des transp.Chemin* de fer. Par voie de fer. Par train. Rapatrier par voie de terre ou de fer les troupes des corps d'armée de l'intérieur (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 211).
ε) HIST. Couronne, croix (v. ce mot II C 1) de fer. Napoléon chausse la couronne de fer en 1804 (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 714).La fameuse couronne de fer que Charlemagne et Napoléon se sont mise sur la tête (Flaub., Corresp.,1845, p. 175): 12. C'étaient d'énormes poux gris, marqués sur le dos d'une tache blanche. Comme elle affectait très vaguement la forme d'une croix, on disait que l'Empereur les avait décorés aussi, leur avait donné la croix de fer...
Van der Meersch, Invas. 14,1935,p. 364. ♦ Le Masque* de fer. Le Masque de fer, frère jumeau de Louis XIV (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 294).Nomination de Picquart au poste de grand prisonnier d'État vacant depuis la mort du Masque de Fer (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 373).V. antériorité ex. 7. SYNT. Ceinture, lunettes (à branches), peigne (à dents) de fer; coupe-papier de fer; cuiller, table en fer; anneau de fer; armature de/en fer; barres, barreaux de fer; cage de/en fer; grille en fer; tenons, tige de fer; édifices de fer; porte, portière de fer. 2. P. méton. Pièce manufacturée, objet en fer ou en métal ayant l'apparence du fer. Le bruit du talon des bottes à fer que l'inconnu faisait un peu trop sonner au goût d'Oscar lui retentissait jusqu'au cœur (Balzac, Début vie,1842, p. 341). a) Partie d'un instrument, d'un outil, qui est en fer ou en un métal ayant l'apparence du fer. − Fer de lance. Et l'aïeul Semble, droit et glacé parmi les fers de lance, Avoir déjà pris place en l'éternel silence (Hugo, Légende,t. 2, 1859, p. 544).Tantôt le chapeau de Véronique figurait un fer de lance en satin vieil or déposé sur un plateau de velours noir, on ne sait pour percer quel cœur monumental (Jouhandeau, M. Godeau,1926, p. 62). ♦ Au fig. [En parlant de choses] Ce qui, dans un ensemble, est le plus dynamique, le plus important. Le modélisme était le fer de lance de l'exposition ferroviaire (La Vie du Rail,15/1/67ds Gilb. 1971).[En parlant de pers.] Celui (ceux) qui est (sont) le(s) plus actif(s), le(s) plus combatif(s). Les étudiants sont supposés être le fer de lance du progrès (Le Monde,16/1/68ds Gilb. 1971). ♦ Loc. En fer de lance. Dont la forme rappelle celle d'un fer de lance. Feuilles, grille en fer de lance; nez en fer de lance. C'était des bombes de dix kilos : un éclatement rouge en fer de lance, et de la fumée dans les champs (Malraux, Espoir,1937, p. 517).P. anal. En fer de hache. Dont la forme rappelle celle de la partie en fer d'une hache. Et quand ce dernier lui-même [Robespierre], soigneusement poudré, avec son profil en fer de hache (...) se mit en tête d'offrir un bouquet à l'Être Suprême (...) les vieux Jacobins secouèrent la tête (Nerval, Illuminés,1852, p. 402). b) Dans le lang. soutenu, p. méton. Toute arme tranchante, toute arme blanche. Le fer au poing, le fer de l'assassin, frapper avec le fer. On tourne la virole ainsi et puis on donne le coup comme cela; de bas en haut, le fer entre mieux (Gautier, Fracasse,1863, p. 275).Une poitrine où le fer s'enfonce (Faure, Espr. formes,1927, p. 162). ♦ Souvent littér. Lame. Il (...) visa un instant, le couteau levé (...) et enfonça le fer dans la nuque du fauve (Montherl., Bestiaires,1926, p. 545).V. aimé ex. 13. − Locutions
α) Engager, croiser le fer. Se battre (à l'épée). On ne croise pas le fer avec un traître (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 2, 1870, p. 425).Je vous administrerais d'abord une paire de claques, et soignées, puis nous irions croiser le fer dans la forêt de Chantepie (Proust, Sodome,1922, p. 979).Un homme du Moyen Âge croisait le fer pour une peccadille (Mounier, Traité caract.,1946, p. 136).
β) Vx et au fig. [Dans les loc. évoquant la guerre, les violences de la guerre, ou la cruauté et la violence en gén.] Par le fer et par le feu, pays de fer et de feu, monde de fer et de sang. Enfin il résolut (...) de prendre du service en Saxe, contre la Pologne, ne fût-ce que pour porter le fer et le feu dans le château de Marie (France, Génie lat.,1909, p. 219).Mais si l'Europe absurde que vous avez faite ne devait retrouver son ordre que par le fer et par le sang, vous seuls encore en seriez responsables (Guéhenno, Journal« Révol. », 1938, p. 266): 13. Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang.
Prévert, Paroles,1946, p. 238.
γ) Tourner le fer dans la plaie. Synon. remuer le couteau dans la plaie (Cf. couteau A 1 d).Le départ de Julien fut connu dans la ville, et les amis de M. Creton Du Coche vinrent l'en avertir en lui faisant compliment; c'était tourner le fer dans la plaie (Champfl., Bourgeois Molinch.,1855, p. 283). c) Objet (en particulier outil) composé entièrement ou partiellement de fer ou d'un métal ayant l'apparence du fer.
α) Fer à + verbe.Fer à glacer, fer à souder, fer à marquer le drap, fers à dorer (Ac.). − Fer à repasser. Vieille femme aux traits durcis, courbée sur son fer à repasser (Arland, Ordre,1929, p. 421).Si j'étais mariée, je tiendrais pas une heure entre le pot-au-feu et le fer à repasser. Faudrait que je cavale (Aymé, Cléramb.,1950, III, 2, p. 143). ♦ P. ell., fer. Regardez-moi ce devant de chemise, il est brûlé, le fer a marqué sur les plis (Zola, Assommoir,1877, p. 640).Il porte un veston qui lui moule la taille, un pantalon avec un pli au fer (Dabit, Hôtel Nord,1929, p. 215).Prends tes fers, Annie. On en a jusqu'à minuit à repasser (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 215). ♦ Un coup de fer. Un repassage rapide. Une jaquette de vingt-cinq francs (...) aussi fort que le drap, plus durable même. Quand il a plu, un coup de fer la remet à neuf (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 288). ♦ Au fig. ,,Mettre les fers au feu. Commencer à s'occuper sérieusement d'une affaire`` (Ac.). − Fer à friser, p. ell. fer. Il s'attristait de trouver des bigoudis sur sa table à écrire, et de voir ses manuscrits brûlés par des fers à friser (France, Orme,1897, p. 159).Une moustache retroussée au fer, agressive (Martin du G., Thib.,Consult., 1928, p. 1081).À bientôt le retour (...) des coiffures au petit fer, comme celle de feue la reine Alexandra (Morand, Londres,1933, p. 75).
β) Fer + compl. prép. − Fer + compl. prép. à.Fer à crêpes, à gaufres, à moustache. ♦ Fer à cheval. Bande de métal, généralement en forme de demi-cercle, dont on garnit le dessous des sabots de certains équidés. Une table couverte de registres crasseux et de vieux fers à cheval qui servaient de presse-papier (France, Mannequin,1897, p. 311).En fer à cheval. Qui a la forme, dont la disposition rappelle la forme d'un fer à cheval. Table en fer à cheval. Une épingle de cravate en fer à cheval (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 184).P. ell., fer. Mettre un fer à un mulet, à un âne (Ac.1835-1932).Les quatre fers en l'air. L'âne culbuta, les quatre fers en l'air puis se roula sur le dos (Zola, Terre,1887, p. 357).Fam. [En parlant d'un homme] Il a failli me flanquer les quatre fers en l'air! (Courteline, Train 8 h 47,1888, 1repart., 2, p. 21).Marie-Anne donna une secousse si brusque qu'il s'étala, les quatre fers en l'air (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 199).Loc. fig. Faire feu* des quatre fers. − Fer + compl. prép. de.Fers de relieur, p. ell. fers. Instrument servant à faire des empreintes sur la reliure. Un petit album magnifiquement relié avec les armes de la famille frappées avec des fers froids sur les deux côtés de la couverture (Stendhal, Rom. et nouv., t. 1, 1842, p. 108).Relieur appliquant des fers sur le cuir (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 94). − Fer + compl. prép. à/en.Fer à/en T, en I, en U; fer à double T. Poutre métallique profilée en forme de T, de I, de U. On fait des clôtures très économiques au moyen de cornières formant lisses qui sont fixées à des poteaux en vieux rails ou en fers à double T (Bricka, Cours ch. de fer,t. 1, 1894, p. 276).Les fers en I ou en T utilisés par l'homme dans ses constructions (Plantefol, Bot. et biol. végét.,t. 2, 1931, p. 284).V. équerre B 1 citat. Viollet-Le-Duc : 14. Les charpentiers américains n'ont pas de rivaux dans l'art de construire ces ponts (...). Ces constructions audacieuses ne sont renforcées ni par des croix de Saint-André ni par des fers en T.
Elles ne tiennent que par quelques poutrelles et quelques chevilles (...)
Et c'est un tout...
Cendrars, Du monde entier,Documentaires, 1924, p. 131.
γ) Fer (rouge). Pièce de fer chauffée au rouge. Marquer au fer; fer à marquer les moutons. Si les caustiques ne suffisent pas, si les accidents marchent, une fois la gangrène produite, le fer rouge deviendra votre unique ressource (Trousseau, Hôtel-Dieu,1895, p. 214): 15. Mes mignons, vous avez de la chance de tomber sur un homme du monde. Certains de mes collègues vous font appliquer un fer rouge sur les côtes afin de vous délier la langue. Moi, je n'en viendrai là qu'à la dernière extrémité.
Camus, Révolte Asturies,1936, IV, p. 431. − P. métaph. et/ou au fig. Ce qui blesse à vif; ce qui marque à la manière d'un fer rouge. Marquer, tracer au fer rouge. La création toute entière appartient au poète (...) sa plume est (...) un fer rouge (...)! honte et malheur à ceux qui méritent qu'il les marque! (Dumas père, Napoléon,1831, préf., p. 8).Par des considérations très vagues sur le grand écrivain qui marqua d'un fer rouge, disait-il, le front des tyrans (France, Chat maigre,1879, p. 210).La blette parole du prêtre Me fouaillait la mémoire, Elle traçait au fer rouge Toute la zone du remords (Jouve, Trag.,1922, p. 41). ♦ Loc. fig. Porter le fer rouge dans la plaie. V. affliger ex. 13.
δ) Au plur. − Synon. de forceps.Accoucher avec les fers (Ac.1932).Eh bien! moi, je m'accouche avec les fers, et l'enfant, quand même, me semble une horreur (Zola,
Œuvre,1886, p. 286).V. appliquer ex. 6. − Synon. de chaînes, menottes.Être aux fers; être dans les fers; on lui mit les fers aux pieds et aux mains (Ac.). Rien que la honte de passer chargés de fers, car on leur avait mis les menottes [à Tartarin et Pascalon], devant les matelots et les midships (A. Daudet, Port Tarascon,1890, p. 265). ♦ P. métaph. Aucun d'eux n'a eu la poigne nécessaire pour briser ses fers (Huysmans, Art mod.,1883, p. 100).Dès le premier regard que nous échangeâmes, je sentis que j'avais les fers aux pieds (...). Ce fut un amour noir, dévorant (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 200): 16. S'ils [les hommes] étaient nés médiocres et serviles, le génie même se faisait médiocre, en passant par leurs âmes, et le cri d'affranchissement du héros brisant ses fers devenait le contrat de servitude des générations à venir.
Rolland, J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 447. ♦ P. méton., vieilli. (Condamnation aux) travaux forcés, (à la) prison; en partic. peine de discipline dans la marine. Jeter quelqu'un dans les fers, le retenir dans les fers (Ac.). Mettre aux fers. Il y a beaucoup de meurtres de cette espèce, sans préméditation. La punition est de vingt ans de fers (Taine, Voy. Ital.,t. 1, 1866, p. 95).L'affaire se réglera par une simple punition disciplinaire. Huit jours de fers, et ce sera tout (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 159). Rem. On relève ds la docum. un emploi au sing. Cabanis condamné à huit années de fer pour avoir expédié des faux passeports (Staël, Lettres L. de Narbonne, 1793, p. 121). ♦ Au fig. État d'oppression, esclavage. L'Afrique entière tombée dans les fers (Chateaubr., Itinér. Paris Jérus.,t. 2, 1811, p. 239). Rem. On relève ds la docum. l'expr. river le fer, v. chaîne ex. 10. C.− Loc. adj. De fer. Qui rappelle le fer. 1. Qui rappelle le fer par sa couleur. a) Subst. + de fer.Ciel (couleur) de fer. Un ciel bas, couleur de fer, pesait sur les maisons muettes (Genevoix, Marcheloup,1934, p. 256).Il fait un signe de tête vers le ciel de fer (...) « C'est l'hiver, dit-il (...) » (Giono, Eau vive,1943, p. 109). b) Adj. ou n. de couleur + de fer ♦ Bleu de fer. Boules bleu de fer des hortensias (Arnoux, Écoute,1923, p. 169).La route, d'un bleu de fer sous l'aube et sous la pluie (Colette, Jumelle,1938, p. 152). ♦ Gris de fer. Son poil (...) passé du gris de fer au blanc d'argent (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 334).Des gris de fer violacés, des gris clairs sales et jaunâtres (Du Bos, Journal,1928, p. 133).Vaste muraille gris de fer qui barrait la cour (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 105). Rem. On relève ds la docum. des emplois en appos. à un adj. ou à un n. de couleur, gris(-)fer. Cheveux gris-fer. Une moustache courte et rude, gris fer, coupait la figure en deux (Martin du G., Thib., Consult., 1928, p. 1100). V. bariolure ex. 2. 2. Au fig. Qui a la dureté, la résistance du fer. a) [En parlant des qualités physiques et/ou morales de l'homme] − Homme de fer. Homme d'une solidité, d'une résistance à toute épreuve. Âpre au travail, ardent dans ses convictions, absolu dans ses jugements, un homme de fer au moral et au physique (Halévy, Carnets,t. 1, 1908, p. 172).Le duc est enfin mort. Cet homme de fer semblait éternel (Maurois, Disraëli,1927, p. 215). ♦ Verbe + de fer.Étre de fer. Pour être (...) un chef qui tient sa place, il faut être de fer. La valeur professionnelle et toutes les qualités morales seront inutiles, si on n'est pas de fer (Montherl., Olymp.,1924, p. 322). − [En parlant de l'état physique en gén.] Résistant, vigoureux. D'une santé de fer, elle survécut non seulement à son mari, mais aussi à son fils aîné (Gide, Si le grain,1924, p. 376).Les médecins s'écrièrent qu'il était sauvé (...) lui dirent qu'il fallait qu'il eût une constitution de fer (Nizan, Conspir.,1938, p. 248). − [En parlant du corps ou d'une de ses parties] ♦ Corps, estomac de fer. Corps, estomac résistant. C'est un corps de fer. Il avait un estomac de fer. Toute la force de l'homme est là... (Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 249). ♦ [P. allus. à un instrument en fer] Main de fer. Main ferme comme un instrument de fer. Picaud songeait à sortir des Tuileries quand une main de fer le saisissant au col le jeta lui-même par terre (Dumas père, Comte Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 792).Bras de fer, v. bras I B 2 a. b) [En parlant (du caractère) de l'homme, de ses qualités morales] − Homme de fer. Homme dur, homme intransigeant. Un Dubourg ne s'achète pas; il demeure de fer, inflexible dans ses opinions (Arnoux, Roi,1956, p. 289). − [En parlant d'une qualité] Inflexible, inébranlable. Volonté de fer. On devinait une ténacité de fer dans ce corps fragile (Martin du G., Thib.,Sorell., 1928, p. 1227). Rem. La docum. atteste en ce sens a) L'expr. âme de fer. Il y a une âme de fer dans ce pauvre petit corps si frêle et si délicat (Dumas père, op. cit., p. 701). b) La loc. croire dur comme fer. Croire fermement. Il suffit que quatre pelés et deux tondus vous disent une chose en l'air pour que vous la croyiez dur comme fer!... (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 275). V. croire III A 2 a. c) Dans le domaine du commandement, des relations d'autorité.
α) [En parlant d'éléments imposant l'obéissance, la soumission, etc.] ♦ Implacable, inflexible. Ils sont (...) soumis à une discipline de fer, sous le coup de punitions terribles (Verne, Île myst.,1874, p. 431).La loi de la puissance est une loi de fer (Alain, Propos,1925, p. 667).La règle de fer des États est de ne donner rien pour rien (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 4). ♦ (Avoir une) main*, (une) poigne* de fer. (Commander avec) autorité et intransigeance. Comment, sans une poigne de fer, conduire une armée de près de cent hommes (Huysmans, Oblat,t. 1, 1903, p. 12).Richelieu avait demandé beaucoup au pays et tout ce qui avait été contenu sous sa main de fer se libéra sous Mazarin (Bainville, Hist. Fr.,t. 1, 1924, p. 216). ♦ Loc. Une main de fer dans/sous un gant de velours. Une autorité rigoureuse sous une apparence douce. Il aperçut la main de fer sous le gant de velours; la personnalité, l'égoïsme, sous les manières; le bois, sous le vernis (Balzac, Goriot,1835, p. 137).Un homme charmant ce Dauvergne (...) une main de velours, la grâce, la fleur même de ce ministère acclamé, dont le terrible Monferrand était la poigne de fer (Zola, Paris,t. 2, 1897, p. 174).
β) Emplois spéc. − HIST., MYTH. Âge, siècle de fer. Époque de violence, de guerre succédant à l'âge, au siècle d'airain. C'était le temps où, en France, nous étions en plein âge de fer, en pleine barbarie, et où, après l'agonie des derniers Carolingiens, une monarchie rude s'ébauchait sous Hugues Capet et le roi Robert (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 1, 1850, p. 551).Jean-Jacques (...) ne pouvait marcher au pas de ces grands bourgeois pressés qui se démenaient dans ce siècle de fer. Il ne cesserait jamais pour lui de rêver du siècle d'or (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 92).V. airain ex. 9. − Dans les domaines milit., pol. ♦ Le 20ecorps est le corps d'armée de Nancy qui comprend la 11edivision de Nancy (la fameuse division de fer) et la 39ede Toul (Barrès, Cahiers,t. 11, 1916, p. 195).Renforcer le noyau communiste de l'armée de fer (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 280).La ligne de fer se rapprochait d'Herlem (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 387). ♦ P. métaph. Talon de fer. Le Talon de fer, c'est le terme énergique par lequel Jack London désigne la ploutocratie (F. Lacassin, Introduction auTalon de fer de Jack London, Paris, Hachette, 1973, p. 7). REM. Fer(-)chaud,(Fer chaud, Fer-chaud) subst. masc.,rare. Cautère; pyrosis. Brûlure, empreinte au fer chaud. Le peuple français (...) battu de verges et marqué d'un fer chaud pour un jurement (...) se mit en tête de demander des comptes à la monarchie (Hugo, Nap. le Pt,1852, p. 137).Instruments de grand patron, parfois bordés d'ivoire et marqués de ses initiales au fer chaud à l'intérieur (Grillet, Ancêtres violon,t. 2, 1901, p. 201). Prononc. et Orth. : [fε:ʀ]. Enq. : /feʀ/. Homon. faire, ferre. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Fin xes. « épée » (Passion de Clermont, éd. D'Arco Silvio Avalle, 158); 2. ca 1100 « partie métallique d'une arme, d'un instrument » (Roland, éd. J. Bédier, 3154); 3. a) 1174-87 plur. « menottes, chaînes » (Chr. de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 2516); b) 1552 fig. « esclavage » (Ronsard, Amours, LXV, 2 ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 66); 4. a) 1176-81 « fer à cheval » (Chr. de Troyes, Chevalier au lyon, éd. M. Roques, 753); b) 1760 zool. fer-à-cheval (Buffon, Hist. nat., Quadrupèdes, II, La Chauve-souris, 258 ds Quem. DDL t. 15); 5. a) 2emoitié xiiies. « outil, instrument en fer, en métal » (Oustillement au villain, 77 ds A. de Montaiglon et G. Raynaud, Recueil de fabliaux, t. 2, p. 150); b) 1660 spéc. « fer à repasser » (Nouv. archives de l'art fr., 1874, 19 : fer à unir le linge). B.1. Ca 1100 « métal » (Roland, éd. J. Bédier, 3663); 2. 1225-30 fig. de fer « très robuste, très fort » (G. de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 2579). C. 1279 dr. bêtes de fer, cheptel de fer (Laurent, Somme, ms. B. N. fr. 943, fo19 rods DG : bestes [...] de fert). Du lat. class. ferrum « fer; épée, objet en fer; chaînes ». C expr. jur. qui existe en hébr. mishnaïque (iies.) : ṣo'n-barzel (mot à mot « petit bétail [ṣo'n] de fer [barzel] ») pour désigner des biens que le preneur est tenu de restituer dans leur intégralité à l'expiration du bail (Traité Baba Meçia 8, 6 d'apr. A. Even-Shoshan, Millon ḥadash, Jérusalem 1966). Cette expr. existe également en m. b. all. : îser(e)nkô (îseren = all. mod. eisern « de fer » et kô = all. mod. Kuh « vache »; d'apr. Lasch-Borchl.). Fréq. abs. littér. : 8 879. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 11 984, b) 17 305; xxes. : a) 13 429, b) 10 184. Bbg. Cherpack (C.-C.). Gold and iron in Voltaire's Alzire. Mod. Lang. Notes. 1959, t. 74, pp. 629-633. − Leonard (C.-S.). Strong(R) and weak(r)in Gallo-Romance. Rom. Philol. 1965, t. 18, pp. 296-299. |