| FEMME, subst. fém. I.− Être humain de sexe féminin. − [En emploi générique ou attributif] :
1. Selon Adler, l'enfant se représente ce rapport d'infériorité à supériorité selon le double schéma : faiblesse, infériorité, petitesse, bas égal féminin, force, supériorité, grandeur, haut égal masculin. Tout garçon cherche à s'élever à la masculinité. Toute fillette et toute femme, sans qu'il faille parler pour autant d'hermaphrodisme, éprouve un sentiment d'infériorité du fait même qu'elle est femme. Cette aspiration générale au pôle viril conçu psychiquement (et non génitalement) comme le pôle de la supériorité, constitue la « protestation virile ». L'enfant aspire « vers le haut » à rejoindre les adultes, et plus précisément son père.
Mounier, Traité caract.,1946, p. 597. − BIOL. Seul représentant femelle de la famille des Hominiens* dans l'Ordre des Mammifères primates*, par opposition à son homologue mâle, l'homme*. − [En emploi spécifique ou référentiel − toujours avec le sème « adulte »] :
2. « Vous, souffleter Girardin? disait une femme à Bergeron. Vous êtes tous des lâches, les républicains! ... Mais vous ne donneriez pas seulement un lavement à un lapin! » Bergeron revient, lui dit que c'est fait : « Eh bien, qu'est-ce que ça me fait? » lui dit la femme... cette femme était la Femme!
Goncourt, Journal,1865, p. 160. Rem. Dans la lang. cour., femme signifie gén. « être humain du sexe féminin, adulte ». Sens zool. strict presque exclusivement dans la lang. sc. L'une des gloires de la Société, c'est d'avoir créé la femme là ou la Nature a fait une femelle (Balzac, Secrets Cadigan, 1839, p. 320). A.− [En tant qu'entité physique] 1. [La femme (adulte) du point de vue de ses caractères anatomiques, physiques] Première leçon d'anatomie. Remarqué combien le cervelet de la femme diffère du cervelet de l'homme (Michelet, Journal,1859, p. 464). SYNT. Anatomie, formes de la femme; épaule, gorge, poitrine, cuisse, fesses de femme; femme bien/mal faite, femme forte, ronde, grasse, plantureuse; femme maigre, sèche, osseuse; femme élancée; grande, petite, grosse femme. − [En position d'attribut; p. réf. à la faiblesse physique traditionnellement prêtée à la femme (cf. la notion de sexe faible* p. oppos. à celle de sexe fort*)] Être femme. Ne pas être douée d'une grande force physique (par opposition à l'homme). Vous êtes homme, et je suis femme; la force est de votre côté (Musset, Chandelier,1840, I, 1, p. 13): 3. ... ma vocation ne me commandait pas de m'attaquer aux vivants (...) parce que j'étais femme, et qu'un sexe ne combattant pas contre l'autre à armes égales, l'homme qui insulte une femme commet une lâcheté gratuite, tandis que la femme qui blesse un homme la première, ne pouvant lui en rendre raison, abuse de l'impunité.
Sand, Hist. vie,t. 4, 1855, p. 203. − [P. réf. à l'image physique idéale que l'homme a de la femme] Vu, en passant, les photographies de femmes, grassouillettes et impudiques; comparé, en esprit, aux formes virginales d'une vraie femme (Michelet, Journal,1857, p. 322). Rem. Femme-canon, subst. fém., ds le domaine du cirque. Femme douée de qualités athlétiques peu communes et dont le rôle consiste à supporter, sur ses épaules, un canon dont la charge est ensuite allumée. Une matrone blanche et blonde, énorme, engagée à tant le kilo pour jouer le rôle de la Femme-Canon, halète (Colette, Pays. et portr., 1954, p. 196). − [La femme du point de vue de la diversité de son aspect selon le type racial ou physique, l'apparence extérieure, l'allure] :
4. ... il y a des femmes dont les yeux sont comme des morceaux de sucre,
il y a des femmes graves comme les mouvements de l'amour qu'on ne surprend pas,
il y a des femmes au visage pâle,
d'autres comme le ciel à la veille du vent.
Petite table dorée des jours de fête,
il y a des femmes de bois vert et sombre
celles qui pleurent,
de bois sombre et vert :
celles qui rient.
Petite table trop basse ou trop haute.
Il y a des femmes grasses
avec des ombres légères...
Éluard, Capitale douleur,1926, pp. 58-59. ♦ Femme noire comme de l'ébène, femme blanche comme de l'ivoire, femme créole, femme métisse; femme du Nord, d'Arabie, d'Orient; femme de type nordique, méditerranéen, gitan. Ce qui fait défaut pourtant, ce sont les femmes chinoises aux cheveux laqués, trébuchant sur leurs moignons enveloppés de feutre (Morand, New-York,1930, p. 79).Des yeux de femme russe (vert clair, dilatés à la limite) (Montherl., Démon bien,1937, p. 1328): 5. ... un violoneux jouait un air que chantait une femme brune, de type gitan, avec une robe de foulard et un fichu rouge; de grandes boucles noires autour d'un visage plus étrange que beau.
Aragon, Beaux quart.,1936, p. 106. ♦ Beauté d'une femme (cf. le beau* sexe). Femme d'une grande beauté, d'une beauté éclatante, éblouissante; femme belle, superbe, admirable; jolie femme; vilaine femme. − Ne disons pas de mal des femmes laides, − dit Franchemont. − Quand une femme laide est jolie, elle est charmante! (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 196). ♦ Distinction, élégance, charme, coquetterie d'une femme; toilette, robe, linge, décolletage de femme; femme de grande classe; femme distinguée, élégante, charmante, coquette, gracieuse, ravissante, séduisante; femme majestueuse, effacée, ordinaire; femme bien/mal habillée; femme parée, décolletée. − Tant de femmes s'enlaidissent en suivant la mode! dit la Thévenin. On devrait s'habiller selon sa forme (France, Dieux ont soif,1912, p. 125). ♦ Femme aux cheveux blonds, châtains, bruns, noirs, roux, gris, blancs; femme aux cheveux dénoués, flottants; femme aux cheveux teints; femme aux cheveux longs, courts; femme blonde, châtaine, (très) brune, rousse; femme dépeignée; femme aux yeux noirs, verts. ♦ Femme maquillée; femme qui se farde. Femmes parées, fardées et pâles (Faure, Hist. art,1912, p. 221).Elle se met du rouge aux lèvres et parle avec la grimace des femmes qui se remaquillent (Cocteau, Par. terr.,1938, II, 12, p. 266). ♦ [P. réf. au charme physique et gestuel de la femme, à la grâce de sa parure et de ses manières, à sa volonté de plaire... considérés comme des caractères spécifiques] La tatan Mariou. (...) elle est maigre et assez gracieuse, elle est femme (Vallès, J. Vingtras,Enf., 1879, p. 12): 6. L'homme ici a son état, la belle forêt qu'il comprend, la camaraderie, les discussions d'esthétique. La femme n'a rien que son ménage et les fumiers. Elle ne peut être femme, je veux dire élégante et coquette.
Taine, Notes Paris,1867, p. 244. P. méton., en emploi adj. Elle s'assit pour coudre une petite dentelle (...) à sa blouse de travail, cette blouse noire qu'elle finissait par trouver trop garçonnière, pas assez femme (Zola, Dr Pascal,1893, p. 32).Rem. Femme-enfant, subst. fém. Femme ayant gardé la grâce fraîche et rayonnante de l'enfance. Un regard de jeune fille levé vers le sien lui rappela tout à coup sa rencontre du bois, cette grâce radieuse de femme-enfant, dont le souvenir l'avait poursuivi pendant des mois (A. Daudet, Sapho, 1884, p. 238). Cf. infra I B 2 k. ♦ Proverbe. La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a : 7. On dit communément : « la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a »; ce qui est très faux : elle donne précisément ce qu'on croit recevoir, puisqu'en ce genre c'est l'imagination qui fait le prix de ce qu'on reçoit.
Chamfort, Max. et pens.,1794, p. 63. − [La femme considérée sous le rapport de l'âge] ♦ Femme jeune, femme encore jeune. Jeune femme. Femme jeune (célibataire ou mariée). Une jeune femme de vingt ans, une fille du peuple, large et forte (...) son corps frais et gras blanchissait avec des douceurs de teinte d'une grande délicatesse (Zola, T. Raquin,1867, p. 84). ♦ Femme adulte*, mûre. Laure n'était plus alors une très jeune fille, mais une femme accomplie. Il y avait dans tout son être une plénitude, une harmonie singulières (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 136). ♦ Femme d'un certain âge, vieillissante, âgée. ♦ [P. oppos. à enfant, fille, jeune fille...] Femme adulte (célibataire ou mariée). L'enfant devient jeune fille, la jeune fille devient grande fille, la grande fille devient femme (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 488).[En parlant d'une jeune fille] Devenir une femme. Prendre, en se développant physiquement, le corps et les formes d'une femme adulte. Être (presque) une femme. « Viol et assassinat que nous allons constater tout à l'heure. Cette fillette est d'ailleurs presque une femme, voyez sa gorge ». Les deux seins, assez forts déjà, s'affaissaient sur sa poitrine, amollis par la mort (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Pte Roque, 1885, p. 1024). 2. [La femme sous le rapport de la physiologie; la femme en tant qu'être sexué] Organes sexuels de la femme; femme pubère. Après l'extirpation des ovaires les femmes deviennent apathiques, et perdent une partie de leur activité intellectuelle ou de leur sens moral (Carrel, L'Homme,1935, p. 168).La période d'activité génitale de la femme est caractérisée par la succession régulière de cycles menstruels qui apparaissent à la puberté, cessent à la ménopause et peuvent être interrompus par la grossesse ou la lactation (QuilletMéd.1965, p. 482). − Femme à barbe. Femme souffrant de virilisme pilaire. − [P. oppos. à enfant, fillette, fille, etc.] Être humain du sexe féminin qui est nubile. « Tu me feras tout ce qu'on peut faire à une femme sans lui faire d'enfant ». Voici − du moins, Robin le croit − tout le thème des pensées de la jeune fille devenue femme et qui ne voit pas d'homme (Goncourt, Journal,1882, p. 172). ♦ Être femme; ne pas encore être femme; être presque femme; être tout à fait femme. On me consulta lorsqu'elle avait douze ans. Je constatai qu'elle était femme déjà et harcelée sans repos par des désirs d'amour (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Enf., 1883, p. 396). − [P. réf. à la vie génitale perçue comme étant l'essence de la féminité, la ménopause en représentant le terme] Être encore une femme. Oh! je suis encore une femme, je saigne encore chaque mois, rien n'est changé (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 78). − [La femme au plan de l'instinct sexuel en tant qu'il cherche à se satisfaire dans l'accouplement] :
8. Lorsque Madeleine s'était oubliée dans les bras de Jacques, sa chair vierge avait pris l'empreinte ineffaçable du jeune homme. Il y eut alors mariage intime, indestructible. Elle se trouvait en pleine sève, à cet âge où l'organisme de la femme se mûrit et se féconde au contact de l'homme...
Zola, M. Férat,1868, p. 179. − [P. réf. à la sexualité considérée comme étant l'essence de la féminité] Être du sexe féminin sexuellement adulte; être du sexe féminin dont la sexualité est en éveil, qui a une propension à l'amour, du tempérament. Être, se sentir femme. ♦ En emploi adj. La femme très femme, et très (...) chatte (Nouveau, Valentines,1886, p. 166). − [En position d'attribut; p. oppos. à jeune fille] Être femme. Avoir eu des relations sexuelles, ne plus être vierge. Devenir femme. ♦ En emploi adj. Soi-disant jeune fille, et femme. Soi-disant bien élevée, et voyageant avec un amant. Soi-disant catholique, et acceptant de se passer de l'église pour son mariage. Soi-disant honnête, et prête à tuer (Montherl., Démon bien,1937, p. 1363). − Femme frigide; frigidité chez la femme. Si nous disions le centième des rêves que fait un honnête homme, ou des étranges ardeurs qui passent dans le corps d'une femme chaste, on crierait au scandale (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1299).Savez-vous que les femmes insensibles et froides sont plus dangereuses que les autres, parce que la neige et la flamme ont sur la chair le même effet? (Achard, Voulez-vous jouer,1924, I, 3, p. 98). − Femme sensuelle; femme qui a du tempérament, du sex-appeal; du chien* (fam.); femme qui a le feu au cul*/ au derrière (vulg.). Rem. V. également infra I C 3. − [La femme en tant qu'être humain du sexe féminin qui élabore les ovules, conçoit et enfante, p. oppos. à l'homme, être humain du sexe masculin qui féconde les ovules ou procrée] Tout est égal entre les époux, ce qu'ils ignorent, ils l'acceptent l'un de l'autre dans la foi. Voici la religion mutuelle, voici cette servitude par qui le sein de la femme se gonfle de lait! (Claudel, Annonce,1912, I, 3, p. 39).Est-ce qu'on ne sortait pas tous de la même souche, d'un homme et d'une femme qui s'étaient unis l'un à l'autre (Queffélec, Recteur,1944, p. 65). ♦ Femme féconde, stérile; fécondité de la femme; homme qui féconde une femme; homme qui rend une femme mère d'un (ou plusieurs) enfant(s). Des avortons, semblables à ces femmes infécondes, qui font tous leurs efforts pour avoir un héritier, et qui n'ont plus ensuite que des fausses couches (Marat, Pamphlets,Charlatans mod., 1791, p. 284). ♦ Instinct maternel de la femme; maternité, grossesse de la femme; femme enceinte, grosse; ventre de femme grosse; femme sur le point d'être mère. Envie, fantaisie, appétit de femme enceinte, grosse*. Qu'est-ce que la grossesse? On désigne sous ce nom l'état d'une femme qui a conçu, et qui porte en elle le produit de la conception (Baudelocque, Art accouc.,1812, p. 89).Un prétendu vol de 6.000 francs de dentelles dans un magasin par MmeFeydeau, sauvée par Baroche (...) qui aurait fait rendre les dentelles, en mettant le vol sur le compte d'une envie de femme grosse (Goncourt, Journal,1868, p. 419).Une torpeur vague et puissante, l'obscure joie de la grappe pleine, de l'épi gonflé, de la femme enceinte qui couve son fruit mûr (Rolland, J.-Chr.,Nouv. journée, 1912, p. 1565). ♦ Femme en mal d'enfant; accouchement d'une femme; femme qui accouche (d'une fille/d'un garçon); femme qui a/fait un (ou des) enfant(s); femme qui enfante, qui donne le jour à un (ou plusieurs) enfant(s); femme qui fait une fausse couche; femme qui allaite/nourrit, berce son enfant : 9. Ah! mon cher, songe donc! Onze ans de grossesses pour une femme comme ça! Quel enfer! C'est toute la jeunesse, toute la beauté, toute l'espérance de succès, tout l'idéal poétique de vie brillante, qu'un sacrifice à cette abominable loi de la reproduction qui fait de la femme normale une simple machine à pondre des êtres.
Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Inutile beauté, 1890, p. 1156. ♦ Femme qui ne veut pas d'enfants; femme sans mari et sans fils; femme sans enfant. La jeune Mme Mercy et Mme Mailly de Nesle avaient très carrément déclaré à leurs maris qu'elles ne voulaient pas d'enfants, parce que la grossesse déforme un corps de femme (Goncourt, Journal,1884, p. 365). ♦ Vieilli ou littér. Le sein de la femme. La partie de l'organisme féminin (utérus, ventre, entrailles, flancs) dans laquelle la femme porte l'enfant qu'elle conçoit. Lorsqu'on nous envoie à la vie terrestre, n'est-ce pas dans le sein de la femme que nous faisons notre premier séjour? (Saint-Martin, Homme désir,1790, p. 193). B.− [La femme en tant qu'entité psychique : la femme en tant qu'être humain que caractérise, dans le règne animal, au même titre que l'homme et par opposition aux autres animaux, son aptitude à la pensée, son esprit entendu comme le « principe de la vie psychique »] Un seul poète, selon moi, a compris ces charmants animaux, à savoir (...) Shakespeare. Les femmes sont pires ou meilleures que les hommes. Il en a fait des êtres extra-exaltés, mais jamais raisonnables (Flaub., Corresp.,1859, p. 304). 1. [Au plan intellectuel] Intelligence, finesse, sottise des femmes; intuition, flair, habilité des femmes; femme (vraiment) intelligente, supérieure, remarquable, brillante, spirituelle; femme d'un esprit supérieur, femme d'esprit*, femme bel esprit*, femme éclairée, avisée, sensée; femme de (clair) bon sens, de bon conseil; femme (très) sotte; femme qui a de l'esprit en toute chose; femme qui a plus de jugement, d'intuition qu'un homme; femme qui possède un sens divinatoire; femme instruite, savante. L'ignorance d'une femme ferait frémir, si on pouvait la concevoir... on n'ose pas soulever le voile (Chardonne, Épithal.,1921, p. 265).Albertine s'était étonnamment développée. Ce qui m'était entièrement égal, les supériorités d'esprit d'une femme m'ayant toujours fort peu intéressé (Proust, Prisonn.,1922, p. 17): 10. On constate qu'il y a plus de grands hommes que de femmes exceptionnelles. À l'inverse, les asiles comptent aussi plus d'idiots que d'idiotes. Certains en concluent que l'intelligence de la femme serait en moyenne équivalente à celle de l'homme, mais qu'elle tendrait moins que lui aux extrêmes, en bon et en mauvais. C'est ce que sembleraient confirmer les courbes d'intelligence générale de Terman...
Mounier, Traité caract.,1946, p. 605. − Femme de tête. Femme que caractérise une intelligence servie par une volonté ferme, à quoi s'ajoute souvent un réalisme aigu et un sens développé de ses intérêts (p. oppos. à femme de cœur, infra 3). Il y a beaucoup de finesse dans le nez et dans la bouche et au total ce buste me donne bien l'idée d'une femme de tête et qui a de la pénétration et de l'adresse jointes à beaucoup de fermeté (Delécluze, Journal,1824, p. 26).Lucie était une femme de tête, elle voyait loin; si elle avait pris en main les intérêts d'Henri (...) c'était pour s'attacher un allié utile (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 472). − [P. réf. à l'intuition considérée comme une qualité spécifiquement féminine] ♦ [En position d'attribut] :
11. On n'est pas membre de l'Institut sans fréquenter la société. Voyez, jugez, comparez. Une femme sensée ne vous refusera pas sa main. Je suis femme, monsieur : mon instinct ne me trompe pas; il y a quelque chose là qui me dit que vous trouverez le bonheur dans le mariage.
France, Bonnard,1881, p. 452. ♦ En emploi. adj. Mais il y a des indices qui ne trompent pas une femme aussi femme que moi, même si elle est restée vieille fille. Il y a un fantôme de femme, un fantôme de très jeune femme qui circule dans la maison (Cocteau, Par. terr.,1938, I, 2, p. 196). − [P. réf. à des qualités ou des défauts d'esprit gén. prêtés aux femmes] En emploi adj. Je suis excessivement femme pour l'ignorance, l'inconséquence des idées, le défaut absolu de logique (Sand, Corresp.,t. 1, 1833, p. 250).Renaud, soucieux du détail, et d'esprit plus femme que moi, s'est ingénié, fureteur, à compléter un ensemble sans trou ni tare (Colette, Cl. en ménage,1902, p. 77). 2. [Au plan du caractère] M. Henriot, à toute occasion, se gaussait de ce qu'il nommait les lubies des femmes, « ces êtres tombés de la lune, où cloche toujours quelque chose » (Arland, Ordre,1929, p. 78): 12. ... le mensonge est souvent un trait de caractère; d'autre part, chez des femmes qui ne seraient pas sans cela menteuses, il est une défense naturelle, improvisée, puis de mieux en mieux organisée, contre ce danger subit et qui serait capable de détruire toute vie : l'amour.
Proust, Fugit.,1922, p. 615. a) Caractère d'une femme; femme de caractère, à grand caractère, d'un caractère décidé, violent; femme à l'esprit ferme, d'une volonté ferme; femme résolue, bien trempée moralement; femme sûre d'elle-même, maîtresse d'elle-même. − Maîtresse femme. Femme d'un caractère énergique, d'une volonté ferme, voire autoritaire, qui sait s'imposer et se faire obéir : 13. C'est « une maîtresse femme », elle garde le gouvernement des affaires, elle refuse de les communiquer à son père, elle lui tient tête; elle le conduit, le retient comme un enfant prodigue; elle a l'accent vibrant de la volonté tendue...
Taine, Notes Paris,1867, p. 209. b) Femme extraordinaire. Ma mère est une femme admirable, la seule personne au monde qui me donne parfois envie de me jeter à genoux (Duhamel, Confess. min.,1920, p. 21).Une femme exceptionnelle − moralement − oui : les qualités morales les plus hautes, une femme supérieure (Bernanos, Mauv. rêve,1948, p. 909). c) Femme effacée, soumise/despotique; femme distante, hautaine; femme loyale; femme digne, respectable; noble femme. Continuez d'être la femme fière, grande, calme, indignée, courageuse. Votre attitude, au milieu de ces hontes, est l'honneur de votre sexe et suffit pour consoler les âmes honnêtes (Hugo, Corresp.,1853, p. 143): 14. Les femmes peuvent là se faire, à volonté, méprisantes jusqu'à l'insulte, humbles jusqu'à l'esclavage de l'Orient. Valérie fut plus qu'une femme, elle fut le serpent fait femme...
Balzac, Cous. Bette,1846, pp. 217-218. d) Femme bavarde (comme une pie). Ne dit-on point que les femmes sont curieuses? (Claudel, Violaine,1901, I, p. 579).C'est un endroit à potins d'hommes, car les hommes sont aussi concierges que les femmes (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 63). − [En position d'attribut] Elle devenait curieuse et bavarde, femme en un mot (Zola, T. Raquin,1867, p. 97): 15. Ne jamais parler! elle y tâchait. Mais elle était femme, un être dont les sentiments, les sensations, l'impressionnabilité d'enfant, bon gré, mal gré, jaillissent au dehors en une loquacité gazouillante, un verbe diffus, des paroles, beaucoup de paroles.
E. de Goncourt, Élisa,1877, p. 181. e) Femme acariâtre. Elle me met en garde contre la mercière, qui est une méchante femme et dit du mal de tout le monde... une vraie peste, quoi! (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 61).Il m'a dit que j'étais une femme insupportable, odieuse, qu'il ne comprenait pas comment tu avais pu vivre si longtemps avec moi (Flers, Caillavet, M. Brotonneau,1923, II, 4, p. 16). f) Femme faible (moralement); faiblesse de la femme; la femme est un être/une créature faible. Cf. le sexe faible*.Car je suis une faible femme, Je n'ai su qu'aimer et souffrir (Desb.-Valm., Élégies,1833, p. 264): 16. électre. − Je sais qu'on a beaucoup de droits dans la confrérie des femmes. Si vous payez le droit d'entrée, qui est lourd, qui est d'admettre que les femmes sont faibles, menteuses, basses, vous avez le droit général de faiblesse, de mensonge, de bassesse. Le malheur est que les femmes sont fortes, loyales, nobles. Alors tu te trompes. Tu n'avais le droit d'aimer que mon père.
Giraudoux, Électre,1937, II, 5, p. 152. − [P. réf. à la faiblesse traditionnellement prêtée à la femme] ♦ [Le suj. désigne une femme] N'être qu'une femme. N'être qu'une créature faible et impuissante devant la vie, les réalités, ses propres sentiments, etc. Mais elle n'était qu'une femme. Cette folie, cette méchanceté des hommes, contre quoi l'on ne peut rien, pas plus que contre la grêle, les orages (Pourrat, Gaspard,1925, p. 261). ♦ [Le suj. désigne un homme] Péj. [À la forme affirmative] Être une femme : 17. Guillaume sentit alors combien il était possédé par Madeleine. Dès les premiers jours de leur liaison, elle l'avait fatalement dominé, par son tempérament plus fort, plus riche de sang. Comme il le disait autrefois avec un sourire, il était la femme dans le ménage, l'être faible qui obéit, qui subit les influences de chair et d'esprit.
Zola, M. Férat,1868, p. 267. Mélioratif. [À la forme négative et par antiphrase] Ne pas être une femme. Ne pas avoir la faiblesse d'esprit et de caractère généralement prêtée à la femme. Ça n'était pas une femme, Tournefier, mais un gaillard de bon jugement, un homme solide et bien résous. De l'avoir vu ainsi troublé, Raboliot demeurait perclus (Genevoix, Raboliot,1925, p. 164).g) Femme forte; force, (toute-)puissance de la femme, femme sans faiblesse; femme courageuse. Tout indiquait en elle la femme raisonnable, sans charme, mais aussi sans faiblesse (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 334).Ces femmes virilisées qui n'ont d'autre but que leur réalisation intérieure et leur ambition (Brasillach, Corneille,1938, p. 246). Rem. La femme forte des Écritures. Infra II. h) Femme de calcul; femme économe. − Dites que je vous aime pour votre argent! (...) Je suis une femme d'argent, n'est-ce pas? Eh bien! Oui, je suis une femme d'argent, parce que je suis une femme raisonnable (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 283).Je l'interrogeai sur sa fortune. Elle en parla aussitôt en femme pratique, sûre d'elle, sûre des chiffres, des titres, des revenus, des intérêts et des placements (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Divorce, 1888, p. 1100).Les grands mystiques (...) ont généralement été des hommes ou des femmes d'action, d'un bon sens supérieur (Bergson, Deux sources,1932, p. 259). i) Femme de devoir. À défaut des joies de la bonté qui vous sont peut-être provisoirement refusées, répondait le père, vous aurez celles d'être une femme de devoir (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 214). j) [P. réf. à différents aspects de l'image psychol. stéréotypée de la femme] − [En position d'attribut] Être femme ♦ [Le suj. désigne une femme] :
18. Mais Colette était trop fine pour ne pas sentir qu'avec lui toutes ses grâces étaient perdues, et trop souple pour ne pas s'adapter instantanément aux façons de Christophe. Elle n'avait même pas besoin de s'appliquer pour cela. C'était un instinct de sa nature. Elle était femme. Elle était une onde sans forme. Toutes les âmes qu'elle rencontrait lui étaient comme des vases, dont, par curiosité, par besoin, sur-le-champ, elle épousait les formes.
Rolland, J.-Chr.,Foire, 1908, p. 733. En emploi adj. : 19. ... ce ne sont pas du tout les filles en maison des autres pays. Elles sont plus libres, plus considérées, du fait qu'on sort avec elles et qu'on les présente à ses amis. Elles sont aussi plus femmes, charmantes, pleines d'attention, obéissantes. On ne s'ennuie pas trop avec elles.
T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 150. ♦ [Le suj. désigne un homme] :
20. La cruauté est partout dans Racine. (...) Et ses femmes sont naturellement plus cruelles que ses hommes, ce qui n'est pas peu dire. Ou pour aller plus profondément peut-être, ses hommes sont femmes, ils ont tous souffert de la contamination féminine, de quelque contamination féminine. Ils sont tous dévirilisés, et c'est la cruauté féminine même que l'on retrouve en eux.
Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 777. − Péj. [Le suj. désigne un homme] Être une vraie femme. Être efféminé dans son caractère, son comportement, sa façon de vivre : 21. ... ce qu'il reprochait surtout aux jeunes gens d'aujourd'hui, c'était d'être trop efféminés. « Ce sont de vraies femmes », disait-il avec mépris. Mais quelle vie n'eût semblé efféminée auprès de celle qu'il voulait que menât un homme, et qu'il ne trouvait jamais assez énergique et virile?
Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 762. k) Loc. verb. − [À la forme négative] Ne pas être femme à + inf. Ne pas avoir pour trait de caractère de..., ne pas avoir pour comportement habituel de... Elle me dit : « Je ne suis pas femme à me disputer étape par étape. Si tu l'exiges, je me suis promise, mais ce serait plus joli d'en rester là ... » (Barrès, Cahiers,t. 3, 1903-04, p. 89). − [À la forme affirmative] Être femme à + inf. Être tout à fait capable de... Trois crimes étaient un salaire assurément inusité; mais elle était digne de le recevoir puisqu'elle était femme à l'exiger, et il se promit de continuer l'aventure (Louÿs, Aphrodite,1896, p. 78). Rem. Femme-enfant, subst. fém. Femme qui a ou semble avoir conservé un ou plusieurs trait(s) du caractère des enfants. Avec cela le charme insigne D'un frais sourire triomphant Eclos dans des candeurs de cygne Et des rougeurs de femme-enfant (Verlaine,
Œuvres compl., t. 1, Bonne chans., 1870, p. 107). Cf. supra I A 1. l) Proverbe, allus. littér. Ce que femme veut, Dieu* le veut. Où sommes-nous? Dans le salon de Dennery. Ce que femme veut... Quelle intrigue, quelle volonté entêtée d'un caprice a forcé Dennery à nous inviter de façon que nous ne pouvions refuser! (Goncourt, Journal,1860, p. 716).Souvent femme varie, Bien fol est qui s'y fie (Hugo, Roi s'amuse,1832, IV, 2). 3. [Au plan de l'affectivité, de l'émotivité] Il y a dans la femme une réserve plus grande d'émotion et d'effervescence disponible (Gracq, Syrtes,1951, p. 312): 22. La femme, du fait de sa nature physio-psychologique et de sa condition sociale, est plus tentée que l'homme par les comportements de soumission. Encore ne faut-il pas confondre cette infirmité de sa nature avec un besoin inépuisable et dévorant de se donner, qui en est souvent la magnifique contrepartie.
Mounier, Traité caract.,1946, p. 507. − Cœur de femme; camaraderie, douceur, tendresse, amour de femme; bonté, dévouement de la femme; femme sensible, sensitive; femme distante, insensible; femme aimable, charmante, douce, tendre, aimante; femme bonne, dévouée; femme sentimentale, pleurnicheuse; gentille, excellente femme; pleurer comme une femme. ♦ Bonne, brave femme. MmeD., une bien brave femme, et son mari un bien brave homme, pas fiers, pas riches, mais généreux (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Rouerie, 1882, p. 859).Bonne femme, maternelle, qui ne se moquait pas : tel était, peut-être, le secret de sa puissance (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 45). Rem. Bonne femme (infra I C 1 d et II), brave femme (infra I C 1 d rem.). − Femme de cœur. Femme dotée de grandes qualités de cœur (p. oppos. à femme de tête, supra) : 23. ... l'amour ne tracasse pas beaucoup les femmes de tête. Nous n'en vivons pas.
jessica. − Tandis que moi, j'en vis?
olga. − Comme toutes les femmes de cœur.
Sartre, Mains sales,1948, 5etabl., 1, p. 178. − Femme heureuse, malheureuse : 24. La femme rêve au bonheur, et y réfléchit, parce qu'elle ne l'a pas. Si l'homme souffre par la femme, il a tout le reste pour se consoler. Mais elle, quoi? Une femme ne peut jamais se réaliser complètement : elle dépend trop de l'homme. Aussi rêve-t-elle sans cesse à ce qui lui est impossible (...). Une femme attend toujours, avec espoir jusqu'à un certain âge, sans espoir au delà.
Montherl., J. filles,1936, p. 1008. − [P. réf. à l'émotivité, à la sensibilité gén. prêtées à la femme; en position d'attribut] Être, (re)devenir femme. Dans les émotions de cette journée, la religieuse était redevenue femme. Elle avait pleuré, et elle tremblait (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 359). ♦ [Le suj. désigne un homme (ou un élément de la personnalité masculine)] Sera-ce vous déplaire que de vous faire remarquer combien vos réponses (...) sont pénibles (...) pour un poëte dont l'âme est femme, est nerveuse (Balzac, Modeste Mignon,1844, p. 256). − [P. réf. aux qualités de cœur et à l'altérocentrisme gén. prêtés à la femme] Être une femme, une vraie femme, v. la citat. sous altérocentrisme : 25. ... − C'est des femmes [les sœurs] qu'ça ne pense qu'à faire le bien. Et elles vous causent pas du bon Dieu, c'est pas vrai... elles vous donnent à boire à vot' soif. C'est des femmes... de vraies femmes... c' que doivent être des femmes.
Benjamin, Gaspard,1915, p. 104. ♦ La vraie femme. La femme par excellence, le type idéal de la femme, rassemblant en elle toutes les qualités que l'on attend d'une femme : 26. ... « Tout est sauvé, une femme est avec nous ». − Et quelle femme! La vraie. Vous. Oui, vous êtes la vraie femme, parce que vous avez la beauté éclatante et le cœur attendri, parce que vous comprenez, parce que vous souriez, parce que vous aimez. Vous êtes la vraie femme, parce que vous êtes prophétesse et sœur de charité, parce que vous enseignez le devoir aux deux sexes, parce que vous savez dire aux hommes où ils doivent diriger leur âme et aux femmes où elles doivent mettre leur cœur.
Hugo, Corresp.,1853, p. 180. ♦ [En position d'attribut] Être femme. Elle fit ce qu'elle savait qu'il fallait faire, parce qu'elle était femme, et bonne, et maternelle. Elle prit l'enfant sur ses genoux (Mille, Barnavaux,1908, p. 209).[Le suj. désigne un homme] Tout penseur complet doit être femme par les côtés délicats du cœur (Hugo, Ruy Blas,1838, p. 330). ♦ En emploi adj. [En parlant d'une femme ou d'un élément de sa personnalité] Les femmes sentent plus vivement que nous (...) celles qui sont le plus femmes sont tout sentiment (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 166).[En parlant d'un homme ou d'un élément de sa personnalité] J'aimerais croire aux choses par quelqu'un et en quelqu'un; voyez-vous, j'avais la nature un peu femme; les choses en elles-mêmes j'ai peine à m'y fixer directement bien que j'y fasse des poussées (Sainte-Beuve, Corresp., t. 6, 1818-69, p. 96). C.− [En tant qu'être social] 1. [La femme sous le rapport de son appartenance à la société et de son image soc.] a) [La femme du point de vue du dogme et de la tradition judéo-chrét.] En condamnant la femme à enfanter avec douleur, Dieu lui a donné une force invincible contre la peine; mais en même temps, et en punition de sa faute, il l'a laissée foible contre le plaisir (Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 286).La femme ne sera point l'esclave de l'homme; elle en sera la sœur, l'os de ses os, la chair de sa chair; partout où on la dégradera de ce rang, l'homme sera dégradé lui-même (Lacord., Conf. N.-D.,1848, p. 213). ♦ La première femme d'Adam. Lilith. La (première) femme. Ève. État de l'homme et de la femme avant le premier péché; séduction, tentation de la première femme par le serpent, le diable; faute, péché de la première femme. Le Moyen Âge est misogyne. (...) cette misogynie était d'origine chrétienne. (...) à tous les hommes de religion la femme est apparue comme l'incarnation continuée de l'Ève tentatrice et corruptrice (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 130). Rem. La femme forte des Écritures. Infra II. La femme de Loth. Infra II. La femme adultère. Infra II. − La femme céleste, divinisée. La Vierge Marie. À droite, la femme céleste (robe bleue), la Vierge, mais toute effacée par la douleur (Michelet, Journal,1837, p. 227). − Les saintes femmes. ,,Groupe de pieuses femmes qui accompagnaient Jésus depuis son départ de la Galilée et « l'assistaient de leurs biens » (...) Elles assistèrent à la mort et à l'ensevelissement du Christ, vinrent visiter son tombeau le matin de Pâques et portèrent aux apôtres la nouvelle de sa résurrection`` (Marcel 1938). b) Femme de la (grande) société, femme du monde, femme (de la société) bourgeoise. Les femmes du peuple (...) ne sont nullement grossières, comme les hommes, et (...) éprouvent le besoin de délicatesse et de distinction (Michelet, Peuple,1846, p. 291).La femme prolétarienne condense les traits anciens et nouveaux du psychisme de classe. (...) elle doit choisir entre la satisfaction de besoins également vitaux (Traité sociol.,1968, p. 381). − Emploi adj. Être très femme du monde. Très élégante, habillée avec goût, aimable, très femme du monde, elle recevait beaucoup et très bien (Gyp, Souv. pte fille,1927, p. 173). − Réputation d'une femme. La réputation d'une femme tient à si peu de chose; la malignité est si habile à pénétrer, si prompte à publier ses découvertes, si disposée à les exagérer! (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1797). − Femme d'honneur, de bien; femme comme il faut. Femme digne dont la conduite est irréprochable et qui jouit d'une excellente réputation. Lorsqu'on annonce un scandale, qui peut empêcher les femmes de bien d'y courir en grande toilette (Veuillot, Odeurs de Paris,1866, p. 169). − Femme déclassée. Femme qui, du fait d'une conduite jugée inappropriée par la société, est considérée comme n'appartenant plus à sa classe sociale d'origine. Des femmes qui n'étaient que déclassées ont achevé de se perdre en flirtant, vers les cinq heures du soir, comme dans le monde, sur les dos-à-dos de cet honnête salon... (Bourget, Nouv. Essais psychol.,1885, p. 34). c) Femme à la page, (toute) moderne, à la mode. La princesse est le type d'une femme toute moderne, la femme artiste (Goncourt, Journal,1862, p. 1187). d) Fam. Bonne femme. Femme simple (souvent d'un certain âge). C'est une bonne femme que l'on connaît, une vieille bonne femme, une bonne vieille paroissienne, une bonne femme de la paroisse, une vieille grandmère, une bonne paroissienne. Elle nous raconte les histoires de l'ancien temps, qui sont arrivées dans l'ancien temps (Péguy, Porche Myst.,1911, p. 175). − En emploi adj. Une vieille dame de lettres, au demeurant assez bonne femme (Montesquiou, Mém.,t. 1, 1921, p. 12). − Avec une connotation dépréc. fréq. ♦ [La dépréciation concerne le physique, la présentation, l'allure de la femme] C'était une grosse bonne femme aux seins sur la bedaine, aux joues molles, comme en suif rouge (Pourrat, Gaspard,1931, p. 9): 27. ... il distinguait entre les « femmes », les « bonnes femmes », et les « vieilles bonnes femmes ». Mais dans la différence entre les « femmes » et les « bonnes femmes », la question d'âge n'intervenait presque pas. Telle personne de cinquante ans, pourvu qu'elle fût coquette, bien mise, qu'elle eût une certaine peau, un certain regard, un certain parfum, lui apparaissait sans hésitation comme une « femme »; et telle concierge de vingt-cinq ans de la rue de la Goutte-d'Or, qui balayait son vestibule, dépeignée, dépoitraillée, la robe poussiéreuse, l'œil habité par des pensées de ménage ou de hargne conjugale, était promue d'emblée au rang de « bonne femme ».
Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 268. ♦ [La dépréciation est d'ordre intellectuel, mor.] Je tiens beaucoup, je le confesse, à ce que Madame de Matefelon s'en aille; parce qu'à la fin elle m'ennuie, cette bonne femme (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 152).La religion populaire, de bonne femme, si l'on peut dire, qui était celle de Péguy, le [Barrès] désorientait complètement (Tharaud, Pour fid. de Péguy,1928, p. 88).Je demeure étonné du manque des notions les plus simples et des pratiques les plus élémentaires chez un homme [Degas] si intelligent, et d'ailleurs nourri aux lettres classiques. Il avait sur bien des points des idées de bonne femme (Valéry, Degas,1936, p. 38).Conte de bonne femme. Récit peu crédible. La religion était à ses yeux un conte de bonne femme, prolongé pendant des siècles, et la théologie un attrape-nigauds (L. Daudet, Qd vivait mon père,1940, p. 37).Remède de bonne femme. Remède qui a son origine dans la tradition populaire. On essaye alors des remèdes de bonnes femmes : des mères Michel furent convoquées et on suivit leurs prescriptions (Loti, Livre de la pitié,1891, p. 135). ♦ [La dépréciation est d'ordre soc.] Bonne femme du peuple, de la campagne. Il (...) tira deux cigares de sa poche, en alluma un à la lanterne d'une bonne femme qui vendait de l'eau-de-vie et du café aux ouvriers (Balzac, Fille yeux d'or,1835, p. 387).Vieilli. [Empl. comme terme de condescendance à l'adresse d'une femme de condition modeste] Ma bonne femme. Le baron : − Mais, ma bonne femme (...) − Je ne suis pas une bonne femme, monsieur, je suis concierge (Balzac, Ferragus,1833, p. 47). ♦ [Dans la bouche d'un homme, la dépréciation traduisant un sentiment misogyne] Quand j'ai à choisir entre un type et une bonne femme, c'est le type que je choisis (Sartre, Mains sales,1948, tabl. 4, 3, p. 137): 28. Je crois que vous avez raison. Les femmes ne sont bonnes à rien.
− C'est déjà quelque chose de le dire (...)
− Ne soyez pas si dur!
− Je ne dis pas de mal des bonnes femmes, répliqua gaiement Christophe. Une bonne femme, c'est le paradis sur terre. Seulement, le paradis sur terre...
− Oui, personne ne l'a jamais vu.
Rolland, J.-Chr.,Foire, 1908, p. 737. Rem. On rencontre, dans le même emploi, l'expr. ma brave femme. − Mais, ma brave femme, je vous ai déjà dit que votre homme et cette borne, c'est la même chose... Je ne peux pas faire grouiller les pierres, que diable! ... Vous savez comment il finira, n'est-ce pas? (Zola, Terre, 1887, p. 411). − [Empl. comme terme de sympathie ou d'affection (à l'adresse d'une fillette)] (Ma) petite bonne femme. e) [Statut social de la femme] Statut (de vie) de la femme, problème des rapports de l'homme et de la femme; domination de la femme par l'homme, exploitation de la femme par l'homme; esclavage, asservissement, assujettissement des femmes; idée conventionnelle que les hommes se font de la femme; droits de la femme, amélioration du sort des femmes; libération, promotion de la femme; émancipation (juridique) de la femme (mariée); égalité (des droits) des hommes et des femmes, égalité des femmes et des hommes dans le mariage; accès des hommes et des femmes à toutes les fonctions dans des conditions égales; suffrage, vote des femmes; femme d'une autre génération, femme d'à-présent, femme nouvelle, femme libre; libérer la femme des tâches matérielles, considérer la femme comme responsable au même titre que l'homme, femme qui est la compagne et l'égale de l'homme. L'esclavage des noirs est aboli en Amérique; l'esclavage des blanches continue en Europe. Les lois sont faites par les hommes contre les femmes. Rien de plus odieux (Hugo, Corresp.,1870, p. 245).Il y a la soumission d'un sexe à l'autre; on devine des générations de femmes battues par les mâles et gourmandes de la force (Frapié, Maternelle,1904, p. 102).Joussier n'osait lui interdire d'aimer qui lui plaisait. Ne professait-il pas, pour la femme, comme pour l'homme, le droit d'être libre? (Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p. 1283): 29. Je ne regrettais certes pas d'être une femme; j'en tirais au contraire de grandes satisfactions. Mon éducation m'avait convaincue de l'infériorité intellectuelle de mon sexe, qu'admettaient beaucoup de mes congénères (...). Ce handicap donnait à mes réussites un éclat plus rare qu'à celles des étudiants mâles : il me suffisait de les égaler pour me sentir exceptionnelle; en fait, je n'en avais rencontré aucun qui m'eût étonnée; l'avenir m'était ouvert aussi largement qu'à eux...
Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 295. 2. [La femme sous le rapport socio-professionnel] − Femme qui travaille, qui est embauchée; femme qui a un salaire trop réduit, qui a des intérêts professionnels à défendre; femmes qui sont mêlées aux changements techniques et économiques; femme qui manœuvre une taraudeuse, qui fait huit heures de bureau par jour, qui est correspondant de guerre, qui est homme d'État. « ... Il est admis partout que la femme soit, à fatigue égale, moins payée que l'homme... » − « Pourquoi? » demanda-t-elle. − « Parce qu'on suppose qu'elle a un père, ou un mari, pour l'aider à vivre... » (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 370): 30. Je pousse si loin le respect de l'individualité que je voudrais voir les femmes introduites pour une part dans le travail critique et scientifique, persuadé qu'elles y ouvriraient des aperçus nouveaux, que nous ne soupçonnons pas. Si nous sommes meilleurs critiques que les savants du xviiesiècle, ce n'est pas que nous sachions davantage, mais c'est que nous voyons de plus fines choses. Eh bien, je suis persuadé que les femmes porteraient là leur individualité, et réfracteraient l'objet en couleurs nouvelles.
Renan, Avenir sc.,1890, p. 524. − Aptitudes (professionnelles) des femmes; irruption des femmes et des enfants dans les métiers d'hommes; participation des femmes au syndicalisme, présence des femmes dans les organisations syndicales. Division du travail selon le sexe. Cette division n'a souvent rien à voir avec les aptitudes innées des hommes et des femmes, mais est affaire de convention (Lowie, Anthropol. cult.,1936, p. 126). − Métier qui est dévolu aux femmes, réservé aux femmes, exercé par des femmes : 31. − Présentement s'ouvrent aux femmes un certain nombre de carrières dans lesquelles je pourrais espérer réussir (...) mais ce sont des professions où le mieux que la femme puisse, c'est de faire oublier qu'elle n'est pas un homme. Ce que je voudrais c'est... enfin je cherche une situation qui ne puisse être occupée que par une femme (...). Je voudrais (...) inventer une carrière qui me permît d'aider les femmes en leur apprenant à se connaître, à prendre conscience de leur valeur.
Gide, Geneviève,1936, p. 1398. − Femme qui veut faire sa propre vie par son travail; femme qui gagne sa vie (par son travail) et ne dépend de personne : 32. ... je tiens avant tout à être une femme qui gagne sa vie. Je veux que Jean-Paul ait pour mère une femme indépendante, une femme qui se soit assuré, par son travail, le droit de penser ce qui lui plaît, et d'agir selon ce qu'elle croit être bien...
Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 882. − Femme maçon, terrassier, cantonnier. Aujourd'hui que je vous retrouve sous le vêtement d'une femme de travail, vous m'apparaissez plus admirable encore (Renan, Drames philos.,Append. Abbesse Jouarre, 1888, p. 668). − Femme ingénieur, femme cosmonaute, femme-détective. Je connais des femmes médecins, apôtres, artistes, dit-il (Chardonne, Épithal.,1921, p. 335). − Femme-patron. Elle se montrait d'habitude très exacte, en femme d'affaires qui sait le prix du temps (Zola, Argent,1891, p. 224). − Professeur femme; femme philosophe, chercheur. La secrétaire-dactylo, la vendeuse de grand magasin, pensait Marat, dépendent de l'arbitraire du patron ou du chef de rayon. La femme fonctionnaire, par contre, est protégée par son statut... (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 135). − Femme(-)auteur, femme écrivain, femme poète. Jamais femme, je crois, ne laissa voir un si naturel mépris du succès et fut si peu femme de lettres (France, Vie littér.,1892, p. 144). − Femme artiste, cinéaste, metteur en scène. Ne conclus pas, Adèle, que selon moi une femme peintre est une femme dépravée, mais seulement qu'elle perd sa réputation et s'attire la déconsidération du monde, eût-elle même une conduite irréprochable (Hugo, Lettres fiancée,1822, p. 123, 124). Rem. 1. Selon le cas, on rencontre le terme femme en premier ou second élément d'appos. ou de nom composé pour indiquer le genre fém. de professions pour lesquelles la lang. ne possède qu'un signifiant du genre masc. : femme maçon, femme-détective. Parmi ces appos. ou ces noms composés, certains sont réversibles (femme professeur, professeur femme), d'autres ne le sont pas (femme médecin); certains ont été créés pour éviter une ambiguïté (femme-patron/patronne). 2. ,,L'évolution sociale qui tend à la promotion de la femme dans la vie politique et professionnelle a introduit des formes de féminin pour de nombreuses fonctions : artisane, attachée, auditrice, aviatrice, championne, avocate, etc. Mais comme c'est aussi un fait social concomitant qu'une distinction demeure malgré l'égalité formellement acquise par les femmes, celles-ci tendent à revendiquer l'emploi du titre au masculin pour manifester l'égalité absolue : D'où le professeur MmeX, le docteur MmeY, etc.`` (Dupré 1972). − [Dans certaines expr. du monde du travail, souvent avec une idée de subordination, voire de péjoration soc.] ♦ Femme de chambre. Domestique attachée au service personnel de la (ou des) femme(s) d'une famille, ainsi qu'au service intérieur de la maison. V. valet de chambre*.Là, nous trouvons ma femme de chambre qui vient de faire ma chambre. J'entre dans la chambre jaune pour donner quelques ordres sans importance à cette domestique (G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 38).[Dans l'hôtellerie] Femme chargée du service intérieur de l'hôtel (service des chambres, du linge, etc.). Elle est lingère et femme de chambre aussi. Maria sursauta : femme de chambre? − Oui. Elle fait le troisième étage (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 151).En emploi adj., péj. En toutes circonstances, ce qu'il y avait là d'un peu femme de chambre m'eût choqué (Barrès, Jardin Bérén.,1891, p. 162). ♦ Femme de ménage. Employée chargée des travaux de nettoyage d'une maison, d'une collectivité, et le plus souvent payée à l'heure. Si on fait venir une femme de ménage, c'est pour vous gagner du temps; autrement, il n'y a qu'à faire son ménage soi-même (Montherl., Celles qu'on prend,1950, p. 819).En dehors du personnel de service titulaire (...) les lycées peuvent employer (...) du personnel rétribué à l'heure, notamment des femmes de ménage (Encyclop. éduc.,1960, p. 330).Péj. À chaque instant, il nous vient à l'esprit des idées de concierges et de femmes de ménage (Valéry, Mauv. pens.,1942, p. 218). ♦ [Dans la lang. admin.] Femme de journée. Professionnelle chargée de travaux de nettoyage chez des particuliers et travaillant le plus souvent à la journée (cf. Mét. 1955). ♦ Femme de service. Employée assurant les travaux de nettoyage des locaux dans une école, une administration, une entreprise. Les vendeuses de magasin ont le droit de s'asseoir pendant les accalmies, les bonnes ont la chance d'avoir des légumes à éplucher; le métier de femme de service est plus actif (Frapié, Maternelle,1904, p. 170). ♦ Femme de compagnie. Synon. rare de dame* de compagnie. ♦ Vieilli Femme de charge. Femme de confiance chargée, dans un intérieur, de travaux manuels, en particulier de l'entretien des vêtements et des objets précieux : 33. La cousine Bette occupait dans la maison Marneffe la position d'une parente qui aurait cumulé les fonctions de dame de compagnie et de femme de charge; mais elle ignorait les doubles humiliations qui, la plupart du temps, affligent les créatures assez malheureuses pour accepter ces positions ambiguës.
Balzac, Cous. Bette,1846, p. 148. Femme d'ouvrage. Employée chargée des travaux domestiques ordinaires d'une maison. Il fallait s'occuper de découvrir une aide permanente, femme d'ouvrage ou bonne, avec une garde pour la nuit (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 285).♦ Au plur. Domestiques, en particulier femmes de chambre attachées au service d'une femme de la noblesse, de la haute société. Le reste du temps il baguenauda, riant avec les femmes de madame, et surtout avec mademoiselle Cochet, la femme de chambre (Balzac, Paysans,1844, p. 46). 3. [En tant qu'être sexuellement et socialement complémentaire de l'homme] a) [Indépendamment de toutes considérations matrimoniales] :
34. Vous ne connaissez pas les hommes! il n'y en a pas un (...) qui ne cache dans le repli le plus profond de son cœur, son fétiche, son idole, sa sainte! c'est une femme, ou plutôt l'image d'une femme, une mère, une sœur, une amie, une inconnue même; un être idéal et charmant, fait d'un souvenir ou d'un rêve, impossible si vous voulez, mais le seul auquel il croit, le seul qui ait toutes les vénérations, toutes les ardeurs...
Pailleron, Étincelle,1879, 9, p. 53. 35. Les voilà donc face à face, cet homme et cette femme, dans la nudité de leur personne physique et de leur personne morale, qui s'affrontent et s'étreignent, comme s'il n'y avait ni science, ni arts, ni progrès des lumières, ni adoucissement des mœurs. Conflit mystérieux parce qu'il n'est point régi par des lois, conflit farouche parce que la nature s'y montre avec son sérieux tragique!
Bourget, Nouv. Essais psychol.,1885, p. 30. − Vertu de la femme, coquetterie des femmes; odeur de femme passionnée. Femme normale, raisonnable, vertueuse, sage, sérieuse; femme libre, affranchie; femme frivole, légère, complaisante, facile, galante, libertine, dévergondée; femme désirable, séduisante, appétissante, aguicheuse, fatale; femme désirée, aimée, amoureuse, caressante, ardente; femme passive, soumise, asservie; femme séduite, possédée, trahie (par un homme); femme seule, restée fille, célibataire; femme réservée dans l'amour, femme au sein palpitant, femme mangeuse d'homme; femme de passade. Ce qu'elle a de particulier, c'est de n'avoir jamais voulu être une femme entretenue : c'était une brave petite prostituée, et elle n'a jamais essayé de monter en grade (Martin du G., Thib.,Belle sais., 1923, p. 839). − Femme qui reste sage; femme qui aime un homme, se donne tout entière à un homme; rend un homme heureux, souffre par un homme; femme qui aime les hommes, fait des avances, s'offre, prend un amant, est la maîtresse d'un homme, baise, jouit, satisfait un homme, donne du plaisir aux hommes; femme qui entretient un homme. Touchante prescience des femmes qui aiment tant l'homme qu'elles devinent du premier coup ce qui fera le plus de plaisir à ce corps pourtant si différent du leur (Proust, Guermantes 1,1920, p. 167). − Homme qui a du succès auprès des femmes, qui courtise, aime, désire, séduit, conquiert une femme, triomphe d'une femme; homme qui caresse une femme, fait l'amour/ couche avec une femme; homme qui déshonore une femme, devient l'amant de (telle) femme, collectionne les femmes; homme qui a une femme dans sa vie/dans la peau, qui entretient une femme, vit (en concubinage) avec une femme, fait un enfant à une femme; homme qui ne peut se passer/ manque de femmes, fuit les femmes; homme qui viole une femme; homme qui connaît, estime, respecte, méprise les femmes; homme et femme qui forment un couple, vivent ensemble (sans être mariés), se lassent l'un de l'autre, se renient : 36. Je ne suis pas une femme qu'on a, un corps imbécile auprès duquel vous trouvez votre plaisir en mentant comme aux enfants et aux malades. Vous savez beaucoup de choses, cher, mais peut-être mourrez-vous sans vous être aperçu qu'une femme est aussi un être humain.
Malraux, Cond. hum.,1933, p. 340. − [La femme telle qu'elle est présentée ou telle qu'elle est perçue dans le cadre des phénomènes sociaux de la débauche et de la prostitution] Trafic, traite des femmes; hommes qui prostituent les femmes et les enfants; femme qui a mauvais genre, qui est une prostituée, qui est en maison, qui se vend (sur les trottoirs), qui fait métier de son corps. On a parlé à satiété de la prostitution des femmes, on n'a pas dit un mot sur celle des hommes. J'ai connu le supplice des filles de joie, et tout homme qui a aimé longtemps et qui voulait ne plus aimer l'a connu, etc. (Flaub., Corresp.,1859, p. 352): 37. − J'ai un petit; je ne sais pas qui c'est son père; j'ai été la femme de tout le monde, je me fais honte dans mon corps. Quand ma mère vient porter mon manger, je n'ose pas lui dire : « Je veux t'embrasser ». Je ne peux pas embrasser ma mère en me souvenant de ce que j'ai fait avec ma bouche. Je suis la dernière de toutes, je suis salie en dedans, je me suis servie de ma chair pour gagner des sous...
Giono, Baumugnes,1929, p. 180. ♦ Femme débauchée, dépravée; femme de mauvaise vie, de vie, de noce. Femme du dernier étage. Femme qui vit dans la débauche ou se livre à la prostitution. Des hommes (...) manœuvrés comme de pitoyables pantins par des femmes du dernier étage, des vases d'ignominie, laides, viles, avariées, mais chichiteuses (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1121). ♦ Femme de plaisir (cf. fille* de joie); femme publique, vénale, pas chère; femme classée, en carte; femme de bordel, de maison close; femme à soldats. Prostituée. Attrait frelaté de ces femmes en carte, dont le défilé ininterrompu sur la voie publique semblait ordonné par les lois (Martin du G., Devenir,1909, p. 45).P. euphém. Femme de petite vertu. C'était un coureur qui avait mangé sa fortune avec de vilaines femmes (Zola, Nana,1880, p. 1350).Les alcôves des filles (...) et les loges des petites femmes! Les petites femmes (...) autre loque de langage, la sale usure de ce terme avachi! (Lorrain, Phocas,1901, p. 101).Au plur. Les femmes. Râfle de femmes. Et, en effet, c'est bien « les femmes » qui m'attirent et non « les dames » (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 179). − [P. allus. littér. : Hugo, Les Chants du crépuscule, 14epièce (début)] Oh! n'insultez jamais une femme qui tombe! − Loc. Cherchez la femme. Si vous voulez connaître la motivation profonde des actes d'un homme, cherchez dans sa vie sentimentale, cherchez la femme dont il est épris. [Dans le même esprit] Fam. Il y a une femme là-dessous. Dis-moi ce qui se passe. Il y a une femme là-dessous, hein? Marius. − Eh bien... oui... (Pagnol, Marius,1931, II, 4, p. 128). Rem. Gilb. 1971 et Giraud-Pamart Nouv. 1974 enregistrent le composé fém. femme-objet que Gilb. 1971 définit ainsi : ,,La femme en tant qu' « objet », ce mot étant pris soit au sens de la psychanalyse (cf. « objet » pulsionnel, sexuel, etc. ...) soit dans son sens courant : la femme réduite (par et pour elle-même, par et pour autrui, notamment un homme) à n'être qu'un objet, un bibelot, un jouet d'agrément, de luxe, de plaisir``. Cette peinture fait régner la femme-objet, courtisane ou poétesse, devenue spectacle (Monde, 2 janv. 1969 ds Gilb. 1971). Ce qu'on appelle la femme-objet, miroir tantôt de l'érotisme, tantôt de la revendication féminine, tantôt de la détresse d'un sexe opprimé, et qui, de l'objet, possède les contours clos et la fonction utilitaire (L'Express, 12 oct. 1970, ibid.). − En partic. [Les relations de la femme avec d'autres femmes dans le cadre de l'homosexualité] Union de deux (jeunes) femmes; femme qui est une homosexuelle qui s'ignore; femme que ses goûts portent vers les femmes, qui a des relations avec les autres femmes. Déjà un grand nombre de femmes n'ont de plaisir parfait qu'avec leur propre sexe (Louÿs, Aphrodite,1896, p. 106). b) [Dans le cadre du mariage] Homme qui demande la main d'une femme, qui demande une femme. Homme qui demande une femme en mariage. Homme qui obtient la main d'une femme, qui obtient une femme; homme qui épouse une femme; femme qui se marie. Une femme se marie pour entrer dans le monde, un homme pour en sortir (Taine, Notes Paris,1867, p. 52): 38. Le seul destin acceptable pour une femme est le mariage heureux. Donc elle dépend de l'homme, et dès son jeune âge elle le sait. Si vrai soit-il qu'un adolescent souffre de son impuissance, jeune garçon il vit dans le présent, jeune homme il imagine l'avenir comme une matière qu'il sera seul à façonner. De cet avenir la jeune fille a peur. Le garçon sait que son avenir sera ce qu'il voudra; la jeune fille sait que son avenir sera ce qu'un homme voudra.
Montherl., J. filles,1936, p. 1006. II.− Spéc. Personne de sexe féminin qui est mariée. Synon. épouse. − [Le mot femme est en relation syntagm. avec un subst. ou un nom propre désignant le conjoint; en partic., le rapport d'appartenance créé par les liens du mariage entre les conjoints s'exprime par le recours à l'adj. poss. ou au compl. de nom] ♦ Poss. + femme.Homme qui aime, adore sa femme, prend sa femme dans ses bras, caresse sa femme, fait l'amour/couche avec sa femme, a un enfant de sa femme; homme qui trompe, insulte, brutalise, prive d'argent sa femme; homme qui quitte sa femme et ses enfants. Tu porteras mon nom, tu seras ma femme à moi, rien qu'à moi, je suis ton époux, ton seul époux! (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 165).Cette vieille affection invétérée que les maris portent à leurs femmes quand elles se sont résignées au rôle de douces et vertueuses compagnes (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 24): 39. L'idée que tu étais ma femme et que cependant c'était d'autres que moi qui avaient le droit de t'approcher, me désolait. Oh! Il faut que ces contraintes soient bientôt brisées, il faut que ma femme soit ma femme et que notre mariage devienne enfin notre union. On dit que la solitude rend fou, et quelle solitude pire que le célibat?
Hugo, Lettres fiancée,1822, p. 115. Loc. interr. Voulez-vous être ma femme? Voulez-vous m'épouser? Pop. Sa bonne femme. Sa femme. − Tiens! c'est vous! cria Mahoudeau, assis devant sa bonne femme, en train de fumer une pipe (Zola,
Œuvre,1886, p. 68).♦ Poss. + mari (ou époux).Femme qui aime son mari; femme que son mari néglige, trompe; femme qui trompe son mari. Ces cachettes mystérieuses ont été ménagées au temps jadis pour y murer des femmes qui trompaient leurs maris (Colette, Cl. à l'école,1900, p. 80). ♦ La femme + de + subst. masc. (ou nom propre). Femme qui veut être la femme de (qqn), qui accepte d'être la femme de (qqn), qui consent à être la femme de (qqn), qui devient/est/reste la femme de (qqn); femme qui est la femme d'un triste mari; la femme d'un commandant; homme qui séduit la femme de (qqn). Vous êtes la femme, la sujette et la servante d'Alphonse, duc de Ferrare (Hugo, L. Borgia,1833, II, 1repart., 4, p. 103).Tu n'es plus l'homme que j'ai voulu pour mari, et je ne sais vraiment pas si j'aurai le courage de rester la femme de l'homme que je découvre (Curel, Nouv. idole,1899, I, 6, p. 188).J'aime, vois-tu... Je veux être la femme de Joë... son épouse, sa chose, la mère de ses enfants (Martin du G., Taciturne,1932, III, 2, p. 1322).[P. allus. biblique : Gen., 19, 26] La femme de Loth. Femme de Loth (neveu d'Abraham) qui fut changée en statue de sel − alors qu'elle venait d'échapper à la destruction de la ville de Sodome par le soufre et le feu − pour s'être retournée (c'est-à-dire pour avoir regardé en arrière) malgré l'interdiction divine. En punition de sa curiosité, la femme de Loth fut changée en statue de sel (Stocker, Sel,1949, p. 6).Pop. La bonne femme de... L'épouse de... Christine (...) entendit pendant trois heures son mari et les témoins s'enfiévrer au sujet de la bonne femme de Mahoudeau (Zola,
Œuvre,1886, p. 246). ♦ [Dans le style judiciaire ou policier, ou avec une valeur de dénigrement] La femme X. L'épouse x, la dame x, Madame x. Et le poison, c'est la femme Tishe qui l'a été chercher! et c'est elle qui a forcé madame de le boire! (Hugo, Angelo,1835, p. 119). − [Dans certaines loc.] ♦ Loc. verb. [Le mot femme est en position de compl. et le plus souvent privé d'art.] Homme qui veut une femme, cherche femme/une seconde femme, qui trouve femme; homme qui prend (qqn) pour femme « homme qui épouse quelqu'un »; homme qui prend femme « homme qui se marie »; homme qui épouse (qqn) pour première femme; homme qui a une femme, qui a (qqn) pour femme; homme qui est sans femme ni enfants, qui n'a ni femme ni enfant, qui a femme et enfant, qui quitte femme et enfant. [En position de suj. : un parent de la conjointe] Donner (à qqn) sa fille pour femme; donner (qqn) pour femme (à qqn) : 40. Quelques-uns avaient une femme, une poupée, couverte de bijoux, de robes de prix, qu'ils montraient comme une enseigne, une garantie. « Voici ma femme ».
Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 168. [Avec le synt. mari et femme (plus rarement femme et mari) sans art.] (Ne pas) être mari et femme; se prendre pour mari et femme; vivre (ensemble) comme mari et femme; femme et mari ne font qu'un. La simple déclaration faite devant un prêtre qu'on entend se prendre pour mari et femme comportait autrefois le mariage. Et cette volonté, voilà le sacrement même (Pourrat, Gaspard,1930, p. 299).♦ Loc. adj. Femme morganatique*. Femme mariée, légitime. − Comment, pourquoi? Un mari payer pour coucher avec sa femme!... (...) − Il est bien plus bête, quand on a une femme légitime, d'aller payer des cocottes (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Bord du lit, 1883, p. 901).[Le plus souvent employé à propos d'une épouse] Femme honnête; honnête femme. Femme fidèle à son mari. Une femme honnête fidèle à son mari légitime sans l'aimer. Il y en a grand nombre (Vigny, Mém. inéd.,1863, p. 65).Femme adultère. Je me demandai si ce n'était pas le mari ou la femme adultères (qui l'étaient seulement parce que le bonheur légitime leur avait été refusé) (...) qui avaient raison (Proust, Guermantes 2,1921, p. 372).[P. allus. biblique : Saint Jean, 7, 53-8, 11] . La femme adultère. ,,Femme surprise en adultère, par les scribes et les Pharisiens, et déférée par eux au jugement de Notre-Seigneur qui refuse de la condamner`` (Bible 1912). Le jugement sur la femme adultère : 41. ... « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ». Cette parole du Christ suffit pour que les Juifs s'éloignent l'un après l'autre, et ils serraient dans leur main crispée la pierre qu'ils n'avaient pas osé jeter contre la femme adultère.
Mauriac, Bâillon dén.,1945, p. 472. [P. allus. biblique : Livre des Proverbes, 31, 10-31] La femme forte (de l'Écriture). ,,Femme vertueuse, active, prévoyante, économe, dévouée, charitable, religieuse, qui remplit avec intelligence et courage ses devoirs de maîtresse de maison, d'épouse et de mère`` (Marcel 1938). Elle, c'est la bonne chrétienne, la mère par excellence, l'épouse aimante et la femme forte (Verlaine,
Œuvres compl.,t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 125).− Femme au foyer, femme de foyer (vieilli). Vieilli et région. (Alsace). Femme de ménage. − Voilà ce qu'on peut appeler une jolie petite fille, et qui fera bientôt une bonne petite femme de ménage, je l'espère (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 32): 42. La grand'mère représentait la femme annihilée par le mari (...) et n'accomplissant dans la maison que le rôle et les devoirs d'une servante maîtresse. La mère était l'épouse vivant dans la communauté de l'honneur, dans le partage de la belle et pure conscience du mari. Elle était cette femme sainte : la mère de famille, − la femme d'intérieur et de ménage, qui vit en ses enfants et avec eux, leur donnant son âme à toutes les heures...
Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 99, 100. − [Le mot femme est en oppos. paradigm. avec mari (ou époux)] On disait au ministère, sans y mettre ombre de malice, que, dans le ménage, c'était le mari qui portait les jupes et la femme les culottes (Proust, Sodome,1922, p. 645). ♦ [Le mot femme s'oppose, dans un cont. immédiat, à un ou plusieurs mots appartenant au champ sém. du mariage] La femme faisait la cuisine et montrait à lire à l'enfant (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 62).C'était la femme qu'il lui fallait. Elle travaillerait pour deux, et il ferait la loi au logis (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 122): 43. Quand un ami se marie, c'est fini, bien fini. L'affection jalouse d'une femme (...) ne tolère point l'attachement vigoureux et franc (...) qui existe entre deux hommes.
Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Bûche, 1882, p. 780. − [En dehors d'oppos. paradigm. significatives] Voici deux bourgeois, l'homme et la femme, ayant passé ensemble un demi-siècle (Bloy, Journal,1902, p. 126): 44. Courteline dit : − Il faut battre une femme quand il n'y a pas d'autre moyen de la faire taire. C'est très joli, de dire : « Moi, je prendrais mon chapeau, ma canne, et je m'en irais! » (...) mais, le soir, où aller?
Renard, Journal,1896, p. 321. − [Dans la lang. pop., à l'adresse de l'épouse] (La) femme. Femme, dis à mon fils De venir me trouver (Moréas, Syrtes,1884, p. 156).Bongard. − ... De mon temps, nous ne lisions pas le journal, et nous n'en étions pas plus malheureux. N'est-ce pas? la femme. − Pour sûr! appuya énergiquement la Bongard (Zola, Vérité,1902, p. 48). − En partic. Personne du sexe féminin qui a été mariée. Femme séparée de corps (et de biens), divorcée, veuve, seule, libre. Épouser une femme divorcée, quelle déchéance. Pire que d'épouser une vieille maîtresse, ancienne blanchisseuse, comme il arrive aux vieux célibataires (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 140).Il le trouva en conversation avec une femme en deuil, c'était une veuve du quartier; elle avait perdu son mari récemment (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 105). − Proverbes ♦ La femme de César* ne doit pas même être soupçonnée. ♦ [Pour signifier que la femme est source de conflit dans le couple] Qui femme a, noise a ou qui femme a, guerre a. ♦ C'est la bonne femme qui fait le bon mari : 45. On dit en proverbe : c'est la bonne femme qui fait le bon mari; et cela est vrai en général. Il y a cela de remarquable dans le caractère de la femme, qu'il s'amalgame bien plus aisément que celui de l'homme à des caractères difficiles.
Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 335. ♦ Le diable* bat sa femme et marie sa fille. − P. anal. [Chez les animaux qui vivent en couple] Femelle. Il [le canard] est donc tout seul? demandai-je à un jardinier (...) − Tiens! il est seul aujourd'hui (...) l'oiseau lui aura mangé sa femme ce matin (Sand, Nouv. lettres voy.,1876, p. 8).L'hymen accompli, le mâle rentre chez lui, sain et sauf; ce qui est rare dans les noces aranéennes où, d'habitude, la femme dévore son conjoint (Maeterl., Araignée de verre,1932, p. 52). Prononc. et Orth. : [fam]. Enq. : /fam, (D)/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xes. « être humain du sexe féminin » (Passion de Clermont Ferrand, éd. D'Arco Silvio Avalle, 260); 2. ca 1100 « compagne de l'homme unie par les liens du mariage » (Roland, éd. J. Bédier, 1402 : ne reverrunt lor mere ne lor femme). Du lat. class. femina « femelle », puis « femme, épouse » qui a concurrencé les lat. mulier « femme » qui ne survit plus en fr. (en face de l'ital. moglie et de l'esp. mujer) que comme arch. sous la forme moillier « épouse, femme » (qui disparaît des textes au xives.; 2 attest. aux xveet xvies.) et uxor « épouse » qui a donné le très rare oissour « épouse » (qui disparaît des textes dans la 1remoitié du xiiies.; qq. attest. aux xiiieet xives. dans les remaniements épiques). Fréq. abs. littér. : 78 380. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 108 966, b) 143 544; xxes. : a) 128 772, b) 85 992. Bbg. Adams (G. C. S.). Words and descriptive terms for woman and girl in French and Provençal and border dialects. Chapel Hill, 1949. − Ducháček (O.). Les Microstructures lex. In : Congrès Intern. de Ling. et Philol. rom. 13. 1971. Québec. Québec, 1976, t. 1, pp. 586-589. − Duch. Beauté 1960, p. 34, 42, 46. − Grisay (A.), Lavis (G.), Dubois-Stasse (M.). Les Dénominations de la femme ds les anc. textes litt. fr. Gembloux, 1969. − Klein (J.-R.). Le Vocab. des mœurs de la « Vie parisienne » sous le Second Empire. Louvain, 1976, pp. 63-64. − Quem. DDL t. 1, 5, 11. − Saint-Jacques (B.) Sex, dependency and language. Linguistique. Paris. 1973, t. 9, pp. 89-96. − Tabachowitz (A.). Homme-femme. Vox rom. 1960, t. 19, pp. 341-385. |