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FANATIQUE, adj. et subst.
I.− Emploi adj.
A.− Vx. Qui se croit inspiré par la Divinité. Les illuminés, les trembleurs étaient fanatiques (Ac.1878-1932).
B.− P. ext., dans la lang. mod., souvent péj.
1. [En parlant d'une pers.] Qui est porté au fanatisme, qui adhère à une cause ou à une doctrine religieuse, politique ou philosophique avec une conviction absolue et irraisonnée et un zèle outré poussant à l'intolérance et pouvant entraîner des excès. Sectateur, zélateur fanatique; apôtre, prêtre fanatique; royaliste fanatique; nations, peuples fanatiques. Ils sont des dreyfusards forcenés, des dreyfusards fanatiques (Péguy, Argent,1913, p. 1225).Fanatique et prosélyte, il [le paranoïaque] ne joue pas généralement les génies repliés et sauvages (Mounier, Traité caract.,1946, p. 553):
1. Qu'un sectaire d'une secte d'autant plus sectaire qu'elle est plus impuissante, qu'un partisan fanatique et aveuglé par la discipline de son parti, qu'un mauvais écrivain à qui on refusa sa copie, qu'un imbécile enfin juge que Vendredi n'est pas libre, et qu'il appelle servitude tout ce qui justement dans ce journal libre n'est pas à son propre service, nous le comprenons... Guéhenno, Journal« Révol. », 1938, p. 220.
P. hyperb. [souvent suivi d'un compl. non déterminé introd. par de] Qui éprouve pour quelque chose ou quelqu'un un intérêt, un amour ou une admiration passionnée, parfois excessive. Fanatique de justice, de liberté; fanatique de musique; un amateur fanatique. Dans ce même pays tout fier, tout fanatique de démocratie, de liberté, d'égalité (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 439).[Un homme] enragé de musique et fanatique de peinture (Sardou, Rabagas,1872, I, 10, p. 26).Ces gamins, très vite, devinrent fanatiques d'Antoinette (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 397):
2. M. Lasserre appelle cet art un art de chapelle. Il entend par chapelle le cercle fanatique et la louange, sans critique ni discernement, dont certains écrivains seraient entourés... Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 134.
Fam. Fana. Qui est passionné à l'extrême (pour une chose telle qu'un sport, une activité professionnelle, une forme ou une mode artistique, etc.). [Les polytechniciens] deviennent tous fanas du métier militaire à l'École d'application [de Fontainebleau] (Smet, Nouv. arg. de l'X,1936, p. 60).
2. [En parlant d'une chose] Qui est marqué ou suscité par le fanatisme. Culte, zèle fanatique. Son admiration fanatique pour un nom qui donnait de l'humeur au marquis (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 273).Ce plaisir fanatique qu'éprouve l'animal humain à triompher par la violence (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 828):
3. ... c'était une race singulière (...) Tous, de père en fils, avaient des passions violentes, de grands élans de tout leur être qui les poussaient aux choses les plus exaltées, aux dévouements fanatiques, même aux crimes. Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Veuve, 1882, p. 342.
SYNT. Dévotion, religion fanatique; nationalisme, patriotisme fanatique; fureur, haine, intolérance fanatique; amour, attachement fanatique.
II.− Emploi subst.
A.− Vx. Personne qui se croit inspirée par la Divinité; visionnaire, illuminé :
4. − Mon général, il [le derviche] dit que c'est l'ange Gabriel qui cause les éclipses... − C'est donc un fanatique!... France, Pierre bl.,1905, p. 151.
B.− P. ext., souvent péj. Celui, celle qui adhère à une cause, à une doctrine religieuse, politique ou philosophique avec une conviction absolue et manifeste à leur égard un zèle aveugle pouvant entraîner des excès. Un fanatique républicain, royaliste. Songeons à la certitude des fanatiques et des fous. Celle-là n'admet jamais le doute, quand l'aliénation est complète (Renouvier, Essais crit. gén.,3eessai, 1864, p. xlvi).Un Claudel qui ne serait plus un zélote et un fanatique ne serait plus Claudel (Claudel, Corresp.[avec Gide], 1905, p. 55):
5. ... l'incroyance déclarée gardait la violence et le débraillé de la passion; un athée, c'était un original, un furieux qu'on n'invitait pas à dîner de peur qu'il ne « fît une sortie », un fanatique encombré de tabous qui se refusait le droit de s'agenouiller dans les églises... Sartre, Mots,1964, p. 79.
P. hyperb. Personne qui éprouve à l'égard de quelqu'un ou de quelque chose un goût, un intérêt ou une admiration passionnée, parfois excessive. Elle [Mlle Sylva] était debout, et recevait avec des grâces et des sourires de reine les hommages d'un cercle de fanatiques en cravate blanche (Feuillet, Mar. monde,1875, p. 161):
6. Il n'était pas un maniaque de la politique ni un fanatique de l'écriture, ni un grand passionné; il se sentait plutôt quelconque... Beauvoir, Mandarins,1954, p. 51.
Fam. Fana. Amateur passionné. Il [Zucar] n'avait d'autre passion (...) que le sport (...). Un mordu, un fana; mais théorique et dans l'abstraction (Arnoux, Solde,1958, p. 42).
Prononc. et Orth. : [fanatik]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1564 « qui se croit inspiré de l'esprit divin, pris de fureur poétique » (Rabelais, Le Cinquième Livre, éd. Marty-Laveaux, XLVI, p. 175 : il [Bacchus] est de cerveau phanatique); 2. 1580 « animé d'un zèle aveugle envers une religion, une doctrine » (Montaigne, Essais, éd. Thibaudet, II, XII, p. 600). Empr. au lat. class. fanaticus « inspiré, rempli d'enthousiasme; exalté ». Fréq. abs. littér. : 605. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 827, b) 841; xxes. : a) 883, b) 884.
DÉR.
Fanatiquement, adv.D'une manière fanatique; avec fanatisme. Ces hommes m'ont paru simples, et sincèrement mais fanatiquement crédules (Lamart., Voy. Orient,t. 1, 1835, p. 346).Las de dépendre d'une chimère que notre imagination seule persiste à admirer fanatiquement (J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 218). [fanatikmɑ ̃]. 1reattest. 1793-94 (Desmoulins, Vx Cord., p. 259); de fanatique, suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 18.
BBG. − Richthofen (E. von), Kuhn (A.). Z. rom. Philol. 1954, t. 70, p. 399. − Schalk (F.). Über fanatique und fanatisme. Rom. Forsch. 1947, t. 60, pp. 206-214.