Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
FÉRIR, verbe trans.
A.− Vx ou littér. Frapper. Je suis le guerrier qui taille À grands coups d'épée dans la bataille; Son œil est clair et son bras prompt à férir (Moréas, Pèlerin pass.,1891, p. 49):
1. ... il recevait du soleil, par la voix d'un corbeau, l'ordre de le tuer. Il en souffrait, car il l'aimait, ce fauve. Combien Alban comprenait (...) l'expression du jeune dieu − dans le bas-relief de Neueheim, par exemple, − qui détourne la tête à l'instant de férir avec un admirable geste de désespoir! Montherl., Bestiaires,1926, p. 432.
Emploi pronom. réfl. :
2. Bien que l'avaleuse en eût, la veille, pinté joliment il en avait encore dans les veines, avant de se férir, le chéri, car son poignard (...) enfoncé, d'une main sûre au cœur, avait, à peine échappé d'entre ses doigts défaillants, été repoussé violemment, hors, presque, de la gaîne de chair... Cladel, Ompdrailles,1879, p. 374.
Au fig. César fut si vigoureusement féru par la beauté de Constance qu'il entra furieusement au Petit-Matelot pour y acheter six chemises de toile (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 39):
3. Les deux adversaires se regardèrent une seconde. Ils souriaient froidement. Je fis dévier l'entretien en me jetant à la traverse. L'idée que Schleiter pouvait férir Joseph et l'atteindre aux points sensibles m'indisposait assez vite. Duhamel, Terre promise,1934, p. 124.
Loc. adv. Sans coup férir. Sans avoir à frapper, à combattre; sans rencontrer de résistance. Partout il était entré sans coup férir. La garde bourgeoise s'était rangée devant lui. L'armée, à cette vue, avait rendu ses armes (Vigny, Mém. inéd.,1863, p. 149):
4. ... les Anglais attaquaient l'armée germano-turque qui se retirait en désordre. Ils entraient à Jérusalem, délivraient sans coup férir toute la Palestine. Tharaud, An prochain,1924, p. 272.
Au fig. Sans résistance, sans difficulté. Mais ton cœur, qui dément tes formes intrépides, cède sans coup férir aux rudesses du sort (Vigny, Destinées,1863, p. 51).Ces dispositions légales ont permis aux résistants authentiques (...) de s'emparer sans coup férir de la totalité des journaux (Coston, A.B.C. journ.,1952, p. 69).
B.− Emploi pronom. réfl., rare. [Correspond à féru II B p. ext.] Se férir de qqn ou de qqc.Se prendre d'un grand intérêt pour quelqu'un ou quelque chose. Et tu m'assures qu'il [cet homme] est médecin? − Quand je vous dis que la châtelaine s'est férue d'un potard! (Estaunié, Vie secrète,1908, p. 216):
5. Le jeune homme lui plaisait, personnellement. Enfin il le voulait pour gendre, parce que, depuis longtemps, il s'était féru de cette idée, qui ne faisait que s'accroître. Flaub., Éduc. sent.,t. 2, 1869, p. 54.
Rem. Férir ne s'emploie guère que dans la loc. fig. sans coup férir à l'inf. ou sous la forme du part. passé féru*.
Prononc. et Orth. : [feʀi:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 2emoitié xes. « frapper » (Vie de Saint Léger, éd. J. Linskill, 232 : lai s'aprosmat que lui firid); b) 1erquart du xiiies. sans cop ferir (Lancelot, éd. H. O. Sommer, II, p. 356); [ms. du xives. (Benoit de Sainte-Maure, Troie, V, 157 ds La Curne)]; c) 1597 art vétér. nerf féru (Ch. Estienne, J. Liébault, L'Agric. et maison rustique, p. 173 ds FEW t. 7, p. 101b, s.v. nervus); 2. a) fin xiies. fig. « frapper au cœur, rendre amoureux » (Chastelain de Couci, Chansons, éd. A. Lerond, VII, 28 : ferir u cuer); apr. 1433 féru part. passé « épris » (J. Régnier, Fortunes et adversités, éd. E. Droz, p. 91, 2523); b) 1651 « passionné pour quelque chose » (Scarron, Roman comique, 1repart., chap. 13, Paris, Bastien, 1786, p. 71). Du lat. class. ferire « frapper ». Bbg. Bastin (J.). Rem. sur l'emploi de qq. verbes. R. Philol. fr. 1915/16, t. 29, p. 244.