| EXUTOIRE, subst. masc. A.− MÉD. (anc.) et ART VÉTÉR. Abcès local provoqué et entretenu pour favoriser une suppuration locale. Établir, mettre, poser un exutoire : 1. ... établir un exutoire, soit vésicatoire, soit cautère, pour détourner au dehors et évacuer une partie de l'humeur, qui engorge la poitrine.
Geoffroy, Méd. pratique,1800, p. 135. − P. métaph. Il [Rousseau] était lui-même l'exutoire par où s'échappait tout le pus d'un organisme pourri (Mauriac, Grds hommes,1949, p. 75). B.− P. anal. Orifice, conduit servant à évacuer un trop-plein d'eau usée ou polluée ou d'eau de pluie. On atteignit le riez. C'est un égout à ciel ouvert, qui sert d'exutoire aux boues de Roubaix-Tourcoing et qui s'en va par l'Espierre rejoindre les eaux de l'Escaut (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 340). − P. ext. Tout dispositif qui sert à écouler un excédent : 2. La circulation est devenue aujourd'hui une fonction primordiale de la vie urbaine. Elle demande un programme soigneusement étudié qui sache prévoir tout ce qui est nécessaire pour régulariser les débits, créer les exutoires indispensables et arriver ainsi à supprimer les embouteillages et le malaise constant dont ils sont la cause.
Le Corbusier, Charte Ath.,1957, p. 69. − [P. anal. de processus] Expansion coloniale, exutoire pour une prolificité trop à l'étroit dans ses frontières (Gide, Journal,1943, p. 207): 3. Machiavel considère certes que le grand nombre des hommes fait la force de l'État, mais admet la possibilité d'une surpopulation et la nécessité d'un exutoire colonial.
Hist. sc.,1957, p. 1603. C.− Au fig. Activité qui sert à détourner un excès d'une énergie, d'un tempérament, d'un sentiment. Trouver son exutoire dans qqc. Leur métier [des comédiens] est un exutoire par où s'épanche leur déraison, ce besoin d'extravagance que nous avons tous, plus ou moins (Flaub., Corresp.,1876, p. 378): 4. De place en place, comme les cratères laissent échapper le feu central, les « machines parlantes » des cafés servaient d'exutoire au faux sentiment, au faux pathétique et au faux sublime que cette foule avait dans le cœur.
Montherl., Célibataires,1934, p. 830. Prononc. et Orth. : [εgzytwa:ʀ]. Cf. é-1. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1767 (J. Agathange Le Roy, Essai sur l'usage et les effets de l'écorce de garou, ou traité des exutoires ds Dict. des sc. méd. par une société de méd. et de chir., s.v. exutoire, en note, pp. 363-364). Dér. sav. du lat. exutus, part. passé de exuere « débarrasser; dépouiller »; suff. -oire*. Fréq. abs. littér. : 42. Bbg. Pamart (P.). La Vie des mots. Vie Lang. 1968, p. 573. |