| EXTÉRIEUR, EURE, adj. et subst. masc. I.− Adjectif A.− [En parlant d'une chose ou d'un être considéré en lui-même et pour lui-même] Qui est au contact avec le dehors. 1. À la surface, sur le dehors. Sur les parois extérieures (Du Camp, Nil,1854, p. 130).La poche extérieure de la redingote (Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 27): 1. La lettre n'était pas reployée entièrement, mais négligemment froissée. (...) Mais j'éprouvai la plus délicieuse surprise lorsque, sur le côté extérieur, je lus ces mots tracés par la main de Louise : À Monsieur Charles.
Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 29. ♦ Porte extérieure. Porte qui se trouve sur la façade extérieure d'un bâtiment. Il entendit un coup violent à la porte extérieure de la maison (Maurois, Ariel,1923, p. 130). 2. Sur le bord, à la circonférence. La voiture, au lieu d'entrer dans Paris, suivit le boulevard extérieur et s'arrêta au château de Vincennes (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 141).J'accourus, les bras tendus, vers le mur extérieur (Lamart., Raphaël,1849, p. 307). 3. Au fig. Qui est visible, apparent. Aspect, signe extérieur; marque extérieure. a) [En parlant d'une chose] C'est une erreur funeste de mettre aux mots et à la partie extérieure des choses une importance si grande (Senancour, Obermann,t. 2, 1840, p. 28).Il est difficile de glisser l'œil dans l'intérieur des corsages. Mais les formes extérieures renseignent (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 46): 2. La personnalité du défunt n'avait plus d'autre signe extérieur que le cartouche de cuivre gravé, où l'on pouvait lire : Jérôme-Élie de Fontanin 11 mai 1857-23 juillet 1914.
Martin du Gard, Thib.,Été 14, 1936, p. 255. b) [En parlant d'une pers.] « Lors même que notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour »? (J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 265).La personnalité féminine, extérieure ou intérieure (Divin.1964, p. 215). − [En parlant d'une de ses manifestations] Une grande froideur extérieure (Mounier, Traité caract.,1946, p. 518).Il ne se laissait pas prendre à mon calme extérieur (Dumas fils, Dame cam.,1848, p. 242): 3. Vous me direz que ce soupçon ne tient pas debout du point de vue du romancier, puisqu'enfin cela revient à juger l'homme sur sa mine et son cœur sur ses signes extérieurs de vertu...
Nizan, Conspir.,1938, p. 176. − Souvent avec une valeur dépréciative : 4. Nous sommes une nation extérieure et superficielle, plus jalouse des formes que des réalités...
Renan, Avenir sc.,1890, p. 360. B.− [En parlant d'une chose ou d'un être, considéré p. rapp. à sa place dans l'espace, l'univers] Qui se trouve dans l'espace en dehors d'une chose ou d'une personne. 1. [En parlant d'une chose p. rapp. à une autre chose] Qqc. extérieur (à qqc.). a) Qui se trouve ou qui se produit en dehors d'une autre chose. L'école est un lieu admirable. J'aime que les bruits extérieurs n'y entrent point (Alain, Propos,1929, p. 877).Je voyais un type monter quatre à quatre l'escalier extérieur qui menait à l'étage (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 148): 5 ... lui [Siegfried], qui n'admettait jamais qu'il plût, consulta un thermomètre intérieur, un thermomètre extérieur, le baromètre, et tapota un instrument horizontal qui pouvait être un sismographe. Ainsi s'assurent les Allemands du temps qu'il fait.
Giraudoux, Siegfried et Lim.,1922, p. 98. − Spéc. [En parlant d'une activité professionnelle que l'on pratique hors de chez soi] Travail extérieur de la mère, conditions médiocres de logement, autant de justifications du maintien et du développement des études (Encyclop. éduc.,1960, p. 104). − MATH. Angle extérieur (d'un triangle, d'un polygone). On nomme angle extérieur d'un polygone convexe, l'angle formé par un côté et le prolongement du suivant (Hadamard, Géom. plane,1898, p. 18). b) P. ext. Qui se trouve le plus éloigné du milieu, du centre réel ou fictif. La formation sur une aile extérieure de l'ennemi d'une masse d'attaque (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 5).Le moteur extérieur est en feu, dit une voix (Malraux, Espoir,1937, p. 568). Rem. Malgré la valeur compar. que possède étymologiquement extérieur, on peut le trouver précédé d'un degré de compar. : Les plaisirs plus extérieurs (J. et J. Tharaud, Notre cher Péguy, I, p. 69 ds Grev. 1969, § 368). 2. [En parlant d'une chose, p. rapp. à une pers.] Qui appartient à la « réalité » sensible, objective (par opposition à la conscience, à la vie intérieure). Qqc. extérieur (à qqn); objet extérieur; monde, univers extérieur. Les objets extérieurs m'absorbaient (Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 197).Il n'est image qui ne soit empruntée à l'univers extérieur (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 247): 6. Sous le crucifix, un prie-Dieu. Une bibliothèque en bois noir. Tout cela sans recherche et sans aucun style : manifestement, indifférence totale aux choses extérieures.
Montherl., Ville dont prince,1951, I, p. 853. 3. ÉCON., POL. Qui concerne les relations d'un État avec un autre. Commerce extérieur; politique extérieure; affaires extérieures. Au ministère des relations extérieures (France, Île ping.,1908, p. 185).Assurer l'équilibre des balances extérieures (Univers écon. et soc.,1960, p. 3416): 7. La cause initiale du déséquilibre peut avoir été tout autre qu'une erreur dans la politique monétaire intérieure du pays : un fléchissement du rendement de ses investissements extérieurs...
Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 523. 4. Au fig. Qui ne concerne pas ou qui ne fait pas partie de. a) [En parlant d'une chose p. rapp. à une chose] Une cause extérieure accidentelle (Maine de Biran, Journal,1818, p. 124).Tout ce qui est extérieur au texte (Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 818): 8. Les sensations conscientes ne communiquent pas entre elles. Elles restent extérieures les unes aux autres, de la même façon qu'une pierre reste extérieure à une autre pierre.
Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 110. b) [En parlant d'une chose p. rapp. à une pers.] Qui est étranger, sans influence sur cette personne. Faiblir, périr, lui semblent extérieurs, − comme théoriques (Valéry, Tel quel II,1943, p. 240).Il est emmerdé, mais ça lui reste extérieur (Sartre, Âge de raison,1945, p. 102). c) [En parlant d'une pers. ou de l'un de ses attributs p. rapp. à une chose] Qui est détaché; qui n'est pas concerné par cette chose. Rester extérieur à l'œuvre (Cocteau, Par. terr.,1938, p. 180).Vous deviendrez extérieurs à l'ennui et vous vous moquerez de son triste visage (Cocteau, Lettre Amér.,1949, p. 49). − Objectif, désintéressé. Observation extérieure, jugement extérieur. Point de vue extérieur et désintéressé (Bourget, Nouv. Essais psychol.,1885, p. 281). d) [En parlant d'une pers. p. rapp. à une autre pers.] − Qui est étranger, sans communion ni adhésion profonde avec une autre personne. Il [Darwin] m'est indifférent et comme extérieur (Valéry, Lettres à qq.-uns,1945, p. 80).Le paganisme heureux ne considérait point d'ennemi qui ne fût extérieur à l'homme (Gide, Journal,1912, p. 375): 9. ... conservatisme qui (...) n'empêchait pas la France de se défaire, de se pulvériser en clans hostiles, en factions hargneuses, où tous les individus finissaient par être extérieurs les uns aux autres...
L'Œuvre,17 avr. 1941. − Qui s'extériorise, qui s'ouvre largement aux autres. Un homme aussi franc, aussi ouvert, aussi extérieur, pour ainsi dire (Sand, Hist. vie,t. 1, 1855, p. 261).Un Fauriel jeune, vif, extérieur, communicatif, chaleureux et intéressant (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 13, 1863-69, p. 187). II.− Substantif A.− Partie d'un corps qui se trouve en contact avec le dehors. 1. [À propos d'une chose] a) La surface. L'extérieur de son pavillon (Nodier, Trésor Fèves,1833, p. 52).On badigeonne actuellement l'extérieur de ma cabane (Flaubert, Corresp.,1867, p. 312). b) La circonférence, le pourtour. Sur une piste circulaire, le coureur qui est à la corde parcourt un chemin (...) moindre que celui qui est à l'extérieur (Baudry de Saunier, Cycl.,1892, p. 390). − Au fig. L'apparence. Cette variété infinie de livres et d'études t'a amusé, soutenu, échauffé (...). Tout cela cependant, c'est l'extérieur, le dehors, le négatif (Michelet, Journal,1851, p. 174).Il ne faut pas rire tant qu'on n'est qu'à l'extérieur des choses (Renard, Journal,1896, p. 329). 2. [À propos d'une pers.] Le physique, l'apparence. Elle tient moins à l'argent qu'à un extérieur aimable (Jouy, L'Hermite,t. 2, 1812, p. 79).Il était petit et d'extérieur chétif (Lacretelle, Silbermann,1922, p. 14): 10. − Ah! ma fille, s'écria l'hermite en tournant ses regards attendris vers la princesse, sous un extérieur si délicat, quel cœur intrépide portes-tu?
Cottin, Mathilde,t. 1, 1805, p. 315. − Souvent avec une valeur dépréciative. Il ne restait guère chez l'Italienne qu'un extérieur d'affection (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 82). B.− Partie de l'espace qui est en dehors de quelque chose ou de quelqu'un. 1. [En parlant d'une chose p. rapp. à une autre chose] Le dehors. Une vaste salle circulaire, sans communication avec l'extérieur (Verne, 500 millions,1879, p. 235): 11. Et (...) par l'action mystérieuse mais indéniable de l'extérieur sur l'interne, le bruit et les mouvements de la Grande Salle de l'Hôtel de Ville se calmaient aussi...
Arnoux, Roi,1956, p. 344. ♦ À l'extérieur (de). À l'extérieur d'un établissement atomique (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 114). ♦ De l'extérieur. De l'extérieur, c'est une jolie petite ville espagnole (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 34). − CIN. En extérieur. Hors du studio, en plein air, dans des décors naturels. Tourner, filmer en extérieur. Il sera infiniment plus facile de travailler en studio qu'en extérieur (Ciné-Amateur,nov. 1936).Au plur. Parties d'un film tournées à l'extérieur du studio. [Christian-Jaque] partira prochainement pour tourner, à Chamonix, les extérieurs de son film, L'Assassinat du Père Noël, de Pierre Véry (L'Œuvre,20 févr. 1941). 2. [En parlant d'une chose p. rapp. à une pers.] Le monde extérieur (par rapport à la conscience, à la vie intérieure de l'individu). La mort ne pouvait leur venir que de l'extérieur (Sartre, Nausée,1938, p. 170).Une part qui lui est imposée par l'extérieur, une part dont il n'est pas maître (Benda, Fr. byz.,1945, p. 140). 3. Communauté de personnes (entreprise, pays) qui se trouve en dehors d'une autre communauté. Faire à l'extérieur des échanges qui puissent amener un constant actif d'un pays dans sa balance commerciale (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 50): 12. ... elle [la firme dominante] produit en son sein une partie des biens et services que, non intégrée, elle aurait eu à acheter à l'extérieur.
Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 41. Prononc. et Orth. : [εksteʀjœ:ʀ]. Cf. é-1. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1447 adj. exterior « qui est en dehors (d'une personne) » (Intern. Consol., II, 7 ds Gdf. Compl.); 2. 1563 adj. extérieur « qui se trouve sur le pourtour; qui se voit du dehors » (B. Palissy, Recepte, Paris, 1930, p. 49); 1563 subst. « ce qui peut se voir du dehors » (Id., ibid., p. 48); 1662 à l'extérieur « au dehors, en apparence » (Pascal, Pensées, éd. L. Brunschvicg, section 12, § 789). Empr. au lat. class. exterior comparatif de exter « du dehors »; attesté comme subst. en lat. chrét. « ce qui est à l'extérieur ». Fréq. abs. littér. : 7 287. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 12 049, b) 7 486; xxes. : a) 7 937, b) 11 924. Bbg. Grandpré (J.-P. de). Qq. termes d'assurance sur la vie. Meta. 1972, t. 17, p. 169. − Uren (O.). Le Vocab. du cin. fr. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 209. |