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EXTATIQUE, adj. et subst.
I.− Emploi adj.
A.− Qui a le caractère de l'extase; qui est hors de soi, extraverti, projeté à l'extérieur. Acte, état extatique. Anton. égocentrique.L'amour a sa source et sa cause dans le sujet aimant, sa raison d'être extatique dans l'objet aimé (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 79):
1. Le charme innocent a quelque chose d'extatique en ceci que, dépourvu lui-même de consistance, il est tout entier extroversé dans le non-moi et s'exhale, pour ainsi dire, comme un parfum... Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957p. 190.
1. Qui est privé de mouvement, en communication avec un objet de contemplation invisible. Engourdissement, sommeil extatique. Il eut le temps de revoir l'immobilité extatique, un apaisement incroyable des traits (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 356):
2. C'est une clarté, une lucidité étrange et sans mouvement, quelque chose de somnambulique et d'extatique (...). Ce regard (...) est une paix et une sérénité. Il a un ravissement mort et comme une pâmoison mystique. Goncourt, Journal,1860, p. 800.
2. Qui est hors de son moi habituel, manifesté d'une manière plus ou moins violente à l'extérieur. Un rire extatique; une transe extatique. Elle [une danseuse] s'agite et se crispe dans une danse extatique et saccadée (Levinson, Danse,1924, p. 56).
3. Qui perçoit dans l'extase des vérités essentielles. Contemplation extatique. Quand enfin le Saint-Graal lui-même apparaît (...), il s'abîme dans une adoration « extatique » (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 177):
3. Le poète est essentiellement voyant, la poésie est prophétie, vision extatique du passé, de l'avenir, de la totalité. Béguin, Âme romant.,1939, p. 75.
Rare. [En parlant d'une pers.] Et je me perdais dans cette contemplation, comme le dévot extatique pour qui le ciel des mystères vient de s'ouvrir (Nodier, Fée Miettes,1831, p. 103).
B.− Qui exprime l'extase, la béatitude. Admiration, art, bonheur, joie extatique; d'un air, d'une voix extatique. Synon. radieux.L'ange extatique et souriant, lumineux de tranquillité céleste (Vercors, Silence mer,1942, p. 77).
Rare. [Le suj. ne se rapporte pas à une pers.] C'est beau, ce bleu extatique, çà et là, ce vert (Claudel, Visages radieux,1947, p. 775).
II.− Emploi subst. Personne qui fait l'expérience de l'extase, qui est dépositaire d'une révélation mystique, qui a reçu l'illumination. Les extatiques chrétiens. (Quasi-) synon. initié.Le savant ou l'extatique, transporté dans la contemplation à laquelle se suspend sa vie entière (Blondel, Action,1893, p. 186):
4. Jacob Boehm, Swedenborg (...), la grande secte des Extatiques, celle des Illuminés, ont, à diverses époques, dignement conservé les doctrines de cette science [la théologie mystique]... Balzac, Proscrits,1831, p. 19.
Rare. Ce qui est caractérisé par l'extase. Cette pensée ne sortant généralement point de variations sur l'« ineffable », sur l'« absolu », sur l'« infini », sur l'« extatique » (Benda, Fr. byz.,1945, p. 235).
PATHOL. Personne qui présente les mêmes symptômes que celui ou celle qui fait l'expérience de l'extase. (Quasi-)synon. halluciné.Les extatiques sont des hystériques mal nourris, les maisons d'aliénés en regorgent (Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 185).
Rem. On rencontre ds la docum. l'adv. extatiquement. D'une manière extatique. Vivre l'un pour l'autre, l'un en l'autre, extatiquement (cf. Hugo, Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 152). Le vouloir pur est (...) absolument « désintéressé » de soi, c'est-à-dire extatiquement, exhaustivement, intégralement déversé dans son objet (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 239).
Prononc. et Orth. : [εkstatik]. Cf. é-1. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1546 ecstatic « qui est ravi en extase » (Rabelais, Tiers Livre, A l'esprit de la royne de Navarre, éd. M. A. Screech, p. 2); 2. 1588 « qui a le caractère de l'extase » (Montaigne, Essais, 1. 3, chap. 5, éd. A. Thibaudet, p. 982). Empr. au gr. ε ̓ ξ τ α τ ι κ ο ́ ς « qui égare l'esprit; qui a l'esprit égaré, qui est hors de soi » avec infl. sém. de extase*. Lat. médiév. ecstaticus, ca 870 ds Latham. Fréq. abs. littér. : 201. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 194, b) 254; xxes. : a) 424, b) 297.