| EXPATRIER, verbe trans. A.− Emploi trans. Expatrier qqn.L'obliger à quitter sa patrie, l'exiler. On l'a expatrié (Littré).Un vieux mari expatrié dans sa jeunesse pour duel (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1784). ♦ P. métaph. Il m'expatrie, il me dépossède, il me débarrasse de moi-même (Huysmans, Ste Lydwine,1901, p. 103). − P. anal. Expatrier des capitaux. Les placer dans un autre pays. L'épargne existante est souvent (...) thésaurisée ou expatriée (Univers écon. et soc.,1960, p. 803). B.− Emploi pronom. Quitter son pays pour vivre à l'étranger. S'expatrier pour échapper aux représailles, pour fuir la tyrannie. Son rêve était de s'expatrier, et d'aller s'établir à la Colombie, à Panama (Borel, Champavert,1833, p. 183).Mathurin résolut de s'expatrier. C'était le temps où beaucoup de jeunes Français s'embarquaient pour les Amériques (Duhamel, Notaire Havre,1933, p. 19): L'exil ne m'effraye pas; j'en connais le chemin. Je partirai, je m'expatrierai une dernière fois. Je perdrai mes biens, mais je garderai mon nom sans tache.
Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 147. ♦ Expr. S'expatrier à demeure. L'évêque ne réussissait pas à découvrir un prêtre qui osât s'expatrier à demeure dans les bourrasques et les tempêtes (Queffélec, Recteur,1944, p. 225). − Au fig. S'expatrier dans.Fuir, se réfugier. S'expatrier dans d'immenses causeries (Baudel., Curios. esthét.,1867, p. 318).S'expatrier hors de.Quitter. Être homme, voilà sa profession; il n'a d'autre métier, n'approfondissant rien de trop particulier, de peur de se perdre, de s'expatrier hors de cette profession humaine et générale (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 2, 1842, p. 408). Prononc. et Orth. : [εkspatʀije], (j')expatrie [εkspatʀi]. Cf. é-1. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1395 (Boutillier, Somme rurale, p. 62 ds La Curne). Compos. de ex-*, de patrie* et de la dés. -er. Fréq. abs. littér. : 58. Bbg. Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 420. |