| EXERCICE, subst. masc. A.− [Gén. exercice + adj.] Action ou moyen d'exercer ou de s'exercer. 1. [L'exercice est un entraînement phys.] Exercices gymniques, équestres, rythmiques. Une salle spéciale pour les exercices physiques (Gide, Si le grain,1924, p. 369): 1. Moyennant salaire, ce Barrada professait à bord tous les genres d'exercices en usage parmi les matelots : boxe, canne, chausson, avec la gymnastique par-dessus le marché, et le chant, et la danse. Souple comme un clown...
Loti, Mon frère Yves,1883, p. 128. − En partic. ♦ Prendre, faire de l'exercice. Le fait de se donner du mouvement. Tu ne prends pas du tout d'exercice, ma chérie (...). C'est épuisant, cinq heures de classe, sans bouger (A. Daudet, Évangéliste,1883, p. 145): 2. Henriette n'avait pas engraissé depuis qu'ils étaient dans le pays, malgré la bonne nourriture et le peu d'exercice qu'elle prenait.
Triolet, Prem. accroc,1945, p. 227. ♦ Faire l'exercice. Entraînement des soldats au maniement des armes et à la manœuvre : 3. On convoquait le ban et l'arrière-ban des jeunes hommes, et la garde mobile à peine réunie, à moitié habillée et non encore armée, faisait l'exercice au camp de Châlons armée des bâtons.
Verlaine,
Œuvres compl.,t. 5, Confessions, p. 156. ♦ Faire des exercices. [En parlant de l'entraînement des artistes] Faire des exercices sur le piano, le violon; exercices de vocalise : 4. Je mène ici la plus tranquille et puritaine des existences. Pas d'alcools, pas même de vin, thé, café, etc. Lever à six heures, travail prolongé − gammes et exercices au piano; l'embêtant c'est que depuis que mon travail va bien, le dormir va mal.
Gide, Corresp.[avec Valéry], 1899, p. 349. 2. [L'exercice est un entraînement moral, intellectuel ou spirituel] Exercice de mémoire, de style. Les sens se cultivent par l'exercice (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 181): 5. Tout le temps de la soupe, elle resta là. Il aimait ces menus exercices de volonté, qui lui faisaient savoir si tout en lui fonctionnait bien.
Montherl., Songe,1922, p. 79. a) Exercices scolaires. Devoirs écrits ou oraux donnés aux élèves en vue de les préparer à satisfaire aux épreuves de contrôle d'un enseignement. Exercices pratiques, de traduction, de composition : 6. « Il ne s'agit pas aujourd'hui, dit-il, si j'ai bien lu l'emploi du temps, d'un exercice de vocabulaire, mais d'un exercice de composition française, ne mêlons pas les genres. »
Alain, Propos,1921, p. 238. − En partic., gén. au plur. Manuel où sont rassemblés ces exercices. Exercices de mathématiques. b) Exercice spirituel. Ascèse en vue d'une perfection spirituelle. Exercices de dévotion, de pénitence, de piété. B.− [Gén. exercice de + subst.] Action de pratiquer ou de mettre en pratique 1. un métier, une fonction, un service religieux. Pas le plus minime incident, je vous prie de le croire, en vingt années d'exercice (Romains, Knock,1923, II, 3, p. 10): 7. C'est à contrecœur, cependant, que je vous entends presque chaque semaine : vous n'ignorez pas que l'exercice du ministère m'est rendu difficile, que mon modeste travail d'historien absorbe le plus clair de mon temps.
Bernanos, Imposture,1927, p. 314. − En exercice, dans l'exercice de ses fonctions. Le lendemain, je pris un petit logement garni et j'entrai en exercice (Picard, Avent. E. de Senneville,1813, II, p. 15): 8. lorin. − (...) je rosse le citoyen Rocher, dit le Sapeur (...)
rocher furieux. − Ah! brigand! dans l'exercice de mes fonctions (...) (Il tire son sabre).
Dumas père, Chev. Maison-Rouge,1847, II, 5, p. 67. 2. un pouvoir, une autorité, un droit. On abolit la liberté de la presse, car elle est inconciliable avec l'exercice du pouvoir arbitraire (Staël, Consid. Révol. fr.,t. 1, 1817, p. 484).Il finissait par considérer l'exercice de la puissance comme un soulagement, comme une délivrance (Malraux, Conquér.,1928, p. 43): 9. Dans le choix que le gouvernement fait, quant aux dispositions à prendre pour rendre au pays l'exercice de sa souveraineté, je ne prétends pas que tout le monde trouve une satisfaction complète, pas plus que dans toutes les matières où il a fallu agir depuis le 18 juin 1940.
De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 587. − Domaine partic. ♦ DR. COMM. Période au terme de laquelle sont établis les comptes d'une entreprise (inventaire, bilan, comptes de profits et pertes) (Barr. 1974). Il restait une somme d'environ soixante-huit mille francs, qu'on avait portée à l'exercice suivant (Zola, Argent,1891, p. 176). ♦ DR. FISCAL. Période d'exécution du budget. Droit de contrôle de l'administration des Contributions indirectes (Barr. 1974). Art 175 − Les dépenses inscrites au budget de fonctionnement sont autorisées pour la durée d'un exercice budgétaire (Traité Euratom, 1957, p. 365). ♦ DR. PÉNAL. Exercice illégal. Délit commis par toute personne qui, non munie d'un diplôme d'État de docteur en médecine, prend part habituellement à l'établissement d'un diagnostic ou au traitement de malades : 10. ... si une législation se fait plus sévère que jusqu'ici et en vient à appeler exercice illégal de médecine l'art d'interroger les consciences, ne verrons-nous pas aussitôt certains Homais exiger que les directeurs de consciences soient médecins, ou leur interdire de confesser leurs fidèles.
Biot, Pol. santé publ.,1933, p. 24. Rem. On rencontre ds la docum. exerciseur, subst. masc. Appareil de gymnastique qui permet par un dispositif élastique le travail de la musculature des bras. Le Pneu Michelin, − celui qui boit l'obstacle et l'exerciseur de la même marque (La Publicité, no4, nov. 1903, p. 16). Attesté également ds la docum. sous la forme extenseur-exerciseur. Synon. de extenseur. Extenseur-exerciseur, appareil combiné pour la culture physique (Catal. jouets [Trois-Quartiers] Suppl. Madelios, 1936). Prononc. et Orth. : [εgzε
ʀsis]. Cf. é-1. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Début xiiies. Espiriteil exercice (Li Epistle saint Bernard a Mont Deu, ms. Verdun 72, fo15 vods Gdf. Compl.); 2. 1424 « pratique de quelque chose » ici, au fém. (Lett. du roi d'Angl., Félib., H. de Par., I, 552b, ibid.); 3. 1531 « action d'assumer une fonction, d'exercer un métier » (Compte de S. Ladre, p. 10, Hosp. de Clerm.-s.-Oise, ibid.). Du lat. class. exercitium « exercice, pratique », dér. de exercere (exercer*). Il est difficile de distinguer dans les mss exercice de exercite (cf. J. de Meung, trad. de l'Art de chevalerie de Végèce : l'éd. U. Robert, I, 28 donne exercice, alors que l'éd. L. Löfstedt donne exercite). Fréq. abs. littér. : 3 234. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 486, b) 3 810; xxes. : a) 3 350, b) 5 015. Bbg. Deux mots d'étymol. Vie Lang. 1956, p. 497. − Gohin 1903, p. 336. − Perrot (G.). Vocab. milit. Banque Mots. 1972, p. 207. |