| EXCROISSANCE, subst. fém. A.− BIOL., BOT. Développement parasite formant saillie, d'une cellule, d'un micro-organisme ou d'une substance minérale, à la surface d'un tissu organique. Les nombreuses excroissances que l'on trouve sur les branches [du rosier d'Autriche] proviennent de la piqûre d'un insecte (Baudrillart, Nouv. manuel forest.,t. 1, 1808, p. 325).Augustin regardait remuer, du côté gauche de son menton, une excroissance verruqueuse d'où sortaient des poils blancs (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 356).Leur origine est discutée : les uns y voient des excroissances cartilagineuses ossifiées, les autres des productions de l'os subchondral (Ravault, Vignon, Rhumatol.,1956, p. 18): Après s'être promené plusieurs années dans le voisinage de l'ancienne Troie, paresseusement occupé à découvrir des loupes : les excroissances des noyers de ce pays avec lesquels on fabrique des plaquages de meubles très appréciés en Angleterre...
E. de Goncourt, Zemganno,1879, p. 27. − P. ext. Saillie naturelle parfois considérée comme malvenue ou disgracieuse. Ces cornes sont portées par une excroissance osseuse, obtuse, irrégulière, peu saillante (E. Perrier, Zool.,t. 4, 1928-32, p. 3367).Nous foisonnons en têtes de poissons, à bouches molles, (...) en mâchoires de lévriers, en mentons qu'on croirait tombés, allongés en excroissances morbides (Frapié, Maternelle,1904, p. 142). − P. anal. [En parlant d'une chose] Élément ajouté à un corps principal, généralement considéré comme insolite ou artificiel. Une tourelle suspendue, à pan coupé, en saillie sur la façade comme la coquille d'un colimaçon! Ce serait une excroissance de l'hôtel (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 243).La ville vers le nord est bossue de faubourgs; Elle s'épanouit, elle gonfle, elle pousse; elle s'exalte en excroissances palpitantes (Romains, Vie unan.,1908, p. 176).Ces plaines deltaïques font l'effet d'une excroissance énorme qui s'est greffée sur le tronc principal (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 61). B.− Au fig., souvent péj. Boursouflure, ramification secondaire naissant d'un objet primordial. 1. Dans le domaine des sentiments.Elle lui avait lassé les membres, mis au cœur des excroissances de honteuses tendresses (Zola, Curée,1872, p. 573).C'était assez pour réveiller en lui l'ancienne angoisse, lamentable et contradictoire excroissance de son amour (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 525). 2. Dans le domaine de la pensée (artistique ou sc.).La phrase est une excroissance de l'idée (Gide, Réflex. litt. et mor.,1897, p. 424).La physiologie pourrait bien devenir « une excroissance de la génétique » (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét.,1936, p. 76).Il [le surréaliste] adopte la psychanalyse parce qu'elle présente la conscience comme envahie d'excroissances parasitaires dont l'origine est ailleurs (Sartre, Sit. II,1948, p. 215). Prononc. et Orth. : [εkskʀwasɑ
̃:s], [-wa-]. Cf. é-1. [ɑ] ds Passy 1914, et à titre de 1revar. ds Warn. 1960. Cf. croître. Le mot est admis ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1314 méd. oster aucunes excroissances (H. de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, 2203 ds T.-L.); 1770 « proéminence qui apparaît à la surface de quelque chose » (Bonnet, Palingén., XII, 6 ds Littré). Empr. au b. lat. excrescentia, devenu excroissance sous l'infl. de croissance; cf. la forme escressence, excressence (H. de Mondeville, op. cit., § 2205). Fréq. abs. littér. : 51. Bbg. Arveiller (R.). Méd. et matière méd. In : R. Ling. rom. 1970, t. 34, pp. 180-181. − Quem. DDL. t. 3. |