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EXCÈS, subst. masc.
A.− Usuel
1. [Suivi d'un compl. prép. de formé d'un subst. non précédé de l'article; gén. avec une idée de jugement défavorable] Fait, acte d'aller au-delà de ce qui est permis, convenable dans le cadre d'une réglementation ou au regard des normes de la morale, de l'esthétique ou des convenances sociales. Excès de vitesse, de travail, de zèle. Chacun s'affairait au delà même des bornes de ses attributions avec un excès débordant de zèle et de bonne volonté où entrait une part de jeu et l'enivrement de l'activité pure (Gracq, Syrtes,1951, p. 134):
1. J'admirais, en théorie du moins, les grands dérèglements, les vies dangereuses, les hommes perdus, les excès d'alcool, de drogue, de passion. Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 340.
2. Spécialement
a) Excès de langage (gén. au plur.). Propos discourtois ou injurieux. Poutillard se laisse aller à des excès de langage, peut-être même à des sévices (Duhamel, Cécile,1938, p. 99).
b) Excès de pouvoir. Acte ou décision d'une administration, d'un magistrat qui outrepasse ses pouvoirs légaux ou réglementaires. Recours pour excès de pouvoir; annulation d'un acte pour excès de pouvoir. Le ministre ne peut pas, sans commettre un excès de pouvoir, substituer son action à celle du préfet (Baradat, Organ. préfect.,1907, p. 86).
c) Faire un/des excès de table. Manger ou boire (un peu) trop.
d) [Le compl. désigne un sentiment] Manifestation violente d'un sentiment intense. (Quasi-)synon. accès, débordement.Il le bourrait de coups, comme emporté par un excès de tendresse (Zola, Nana,1880, p. 1199).Des excès de fureur voluptueuse qui ne pouvaient épuiser ni détruire leurs substances incorruptibles (Valéry, Variété V,1944, p. 188).Je me laissai aller à un excès de bonne humeur qui la déconcerta (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 287).
3. [P. ell. du compl. prép. introd. par de]
a) Vieilli. Acte de débauche, dérèglement de conduite. Vous serez coupable des excès où vous me porterez (Staël, Lettres de L. Narbonne,1794, p. 236).J'ai vu cette maladie survenir après des excès immodérés auprès des femmes (Geoffroy, Méd. pratique,1800, p. 364).On a souvent remarqué que les fêtes populaires entraînent aux excès, font perdre de vue la limite qui sépare le licite et l'illicite (Durkheim, Formes élém. vie relig.,1912, p. 547).
P. anal., dans le domaine artistique.Les excès des Picasso, des Matisse (...) ne sont pas imputables à Cézanne (Mauclair, Maîtres impressionn.,1904, p. 232).
b) Acte de violence, de cruauté. Se livrer, se porter à des excès. Les conséquences des excès révolutionnaires sont incalculables (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 59).Les marins génois se livrèrent au pillage et au massacre. Malgré ces excès, (...) ils reçurent de Bertrand des privilèges commerciaux étendus (Grousset, Croisades,1939, p. 86).
Rem. La docum. atteste la constr. excès de + subst. abstr. précédé de l'article défini désignant la cause de l'excès. [Le] même drame romantique (...) a (...) ouvert la voie aux excès de l'individualisme, en créant le héros anti-social (Arts et litt., 1936, p. 3002). Le gouvernement de Sa Majesté craignait les excès du totalitarisme (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 172).
4. [Au sing. et sans compl.]
a) Type de comportement caractérisé par le dépassement de la mesure. En tout l'excès nuit. (Quasi-)synon. démesure; anton. mesure.Ils [les Grecs] veulent contempler l'homme proportionné à ses organes et à sa condition (...) le reste leur eût semblé excès, difformité ou maladie (Taine, Philos. art,t. 2, 1865, p. 166).La plus grande épreuve pour l'homme, est d'être toujours ramené à sa mesure. L'excès lui est fatal (Chardonne, Dest. sent., III, 1936, p. 251):
2. L'excès caractérise et nos douleurs et nos joies; il produit et nos vertus et nos forfaits. Nous portons en tout une sorte d'enthousiasme, un certain besoin de nous livrer à toute la fougue du penchant, dans la colère comme dans la joie, dans la bienveillance, l'amour, les vengeances. Nos vertus sont extrêmes comme nos erreurs; car il n'est point de détermination sans passion, de passion sans excès, ni d'homme sans passion. Senancour, Rêveries,1799, p. 84.
Locutions
Homme d'excès. Homme excessif. Je n'ai jamais pu emboîter Vénus avec Apollon. C'est l'un ou l'autre, étant un homme d'excès, un monsieur tout entier à ce qu'il pratique (Flaub., Corresp.,1870, p. 116).
Loc. adv., par excès. En en faisant trop. Ah! ces convertis! Ils exagèrent, ils pèchent toujours par excès (Arnoux, Crimes innoc.,1952, p. 31).
Proverbe. L'excès en tout est un défaut (Proust, Sodome,1922, p. 641).
b) [Précédé de l'article indéf. ou déf. non générique] Comportement dépassant la mesure. Tomber, verser dans l'excès contraire, opposé. Il en est des révolutions dans les mœurs comme de celles des états : le mouvement se fait le plus souvent d'un excès à l'autre (Marmontel, Essais sur rom.,1799, p. 309).Aussitôt cette exagération de pureté le lança dans un excès opposé; en vertu de la loi des contrastes, il sauta d'un extrême à l'autre (Huysmans, À rebours,1884, p. 135).
B.− Littér. [Suivi d'un compl. prép. de formé d'un subst. gén. précédé de l'article déf.]
1. [Gén. avec une idée de jugement défavorable; le compl. désigne un phénomène de la nature, une situation sociale, politique, un sentiment] Fait que quelque chose est excessif; caractère excessif de (v. excessif A 1). Le faste des monuments et des fêtes, l'excès des impôts, l'injustice des guerres (Chateaubr., Natchez,1826, p. 226).Ils l'égalaient en effet par le courage, dans l'excès constant des souffrances, du dénuement et de la misère (France, Clio,1900, p. 90):
3. L'excès du désespoir ajoute encore aux causes du désespoir pour mener la révolte à cet état de haineuse atonie, qui suit la longue épreuve de l'injustice, et où disparaît définitivement la distinction du bien et du mal. Camus, Homme rév.,1951, p. 69.
Rem. Le syntagme l'excès de + subst. est gén. équivalent au syntagme subst. + excessif.
2. Vieilli, p. hyperb. [Sans idée de jugement défavorable]
a) Haut degré de. Enfin, monsieur, jugez de l'excès de mon avilissement : pour vivre, je suis espion de police (Chamfort, Caract. et anecd.,1794, p. 101).Puisse l'excès de mon repentir et de ma douleur émouvoir ta pitié (Genlis, Chev. Cygne,t. 1, 1795, p. 61).
b) Le dernier excès. Le plus haut degré de. La passion patriotique poussée au dernier excès (Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 4).La pauvreté est si infâme que c'est le dernier excès du cynisme ou le cri suprême d'une conscience au désespoir d'en faire l'aveu (Bloy, Lieux communs,1902, p. 19).
3. Locutions
a) verbale. Porter à l'excès. Rendre excessif. Condillac (...) enchérit sur la doctrine de son maître, porta à l'excès la manière aride et glacée qui caractérise l'école de métaphysique « matérialiste » (Bonald, Législ. primit.,t. 1, 1802, p. 63).Il était réservé à un architecte français, André Le Nôtre, de montrer dans tout leur éclat les beautés du style classique, mais en les portant à l'excès (Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p. 311).
b) prép. Par excès de. À cause d'un excès de, en faisant preuve d'un excès de. Ils attendirent sur des chaises, (...) reculant leurs sièges par excès de politesse, chaque fois qu'un garçon de bureau passait (Zola, Assommoir,1877, p. 435).Elle devenait romantique par excès d'infortune (France, Mannequin,1897, p. 347).
c) adverbiales
À cet excès, à quel excès (vieilli). Tellement, combien. Cela me confond de voir craindre à cet excès la fin de la vie (Staël, Lettres jeun.,1790, p. 414).Je lui cachois à quel excès elle me rendoit malheureux (Genlis, Chev. Cygne,t. 2, 1795, p. 89).
À l'excès
D'une manière exagérée, trop. Je consens que ce souci constant de tenue puisse à la longue devenir irritant. Il tient compte à l'excès de l'opinion d'autrui (Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1239).
Très, beaucoup. Je suis grossie à l'excès, mais je cours cependant tout le jour avec mon père (Staël, Lettres jeun.,1787, p. 172).Ignoble autant que possible et lugubre à l'excès, ce souillon à nul autre pareil (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 264).
Avec excès. D'une manière exagérée, outre-mesure. Tu sais qu'il avait l'habitude déplorable d'aimer le thé froid avec excès (Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 233).Il me fallait le dérégler un peu, le mettre en colère, faire l'imbécile avec excès (Abellio, Pacifiques,1946, p. 322).
Jusqu'à l'excès. Synon. un peu trop.Constants et invincibles dans l'adversité, nés pour tous les arts, civilisés jusqu'à l'excès durant le calme de l'état (Chateaubr., Essai Révol.,t. 1, 1797, p. 111).Esprit délicieux et délié jusqu'à l'excès, amant passionné de ce qui fut de plus beau (Valéry, Variété IV,1938, p. 47).
Sans excès. Point trop. Elle est rieuse, mais sans excès, point évaporée ni précoce (Taine, Notes Paris,1867, p. 152).Grande, bien en chair, sans excès (Duhamel, Cécile,1938, p. 25).
C.− [L'idée principale est celle d'une mise en rapport de deux données considérées sous l'angle quantitatif]
1. Excès de qqc. sur qqc.Fait qu'une quantité en dépasse une autre; différence en plus. Synon. excédent; anton. défaut, déficit.Les accidents de chaudières sont toujours dus à l'excès de pression interne sur la résistance des enveloppes (Champly, Nouv. encyclop. prat.,t. 1, 1927, p. 262).La devise prêtée ne devient produit utilisable que par un excès d'importations de l'emprunteur sur ses exportations (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 381).
[P. ell. du compl. prép. sur] Les statistiques indiquent un léger excès de garçons à la naissance (Cuénot, Rostand, Introd. génét.,1936, p. 37).
2. [Construit avec un compl. prép. introduit par dans, par rapport, pour, etc., ou sans compl. avec une idée de mise en rapport avec une quantité considérée comme optimale] Volume ou quantité de quelque chose se trouvant en surplus. Synon. excédent.
− Dans le domaine sc. et techn.L'action du gypse [sur le ciment] serait (...) nulle ou peu marquée sur un ciment mal dosé, c'est-à-dire renfermant un excès d'alumine par rapport à la silice (J. Cahen, Bruet, Carrières,1926, p. 190).L'accumulation d'un excès d'énergie sexuelle insatisfaite par suite d'une répression violente? (Mounier, Traité caract.,1946, p. 234).L'excès de neutrons disponibles dans une pile peut entraîner la formation de plus de matières fissiles qu'il n'en est consumé pour produire ces neutrons (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 206):
4. ... l'acier est une combinaison de fer et de charbon que l'on tire, soit de la fonte, en enlevant à celle-ci l'excès de charbon, soit du fer, en ajoutant à celui-ci le charbon qui lui manque. Verne, Île myst.,1874, p. 141.
Littér. [Avec une idée de mise en rapport avec une quantité considérée comme optimale en se référant à une norme morale, soc. ou esthétique] Quantité anormale ou excessive de quelque chose. Dîner chez M. de Noailles. Excès de paroles inutiles. Quelle perte de temps que ces dîners! (Dupanloup, Journal,1863, p. 236).Vos sociétés folles meurent presque toujours par un excès d'idoles chargeant l'esprit humain (Hugo, Légende,t. 4, 1877, p. 559).L'excès de poudre noiera (...) la courbe de son nez (Colette, Music-hall,1913, p. 79).
3. Locutions
a) adj. Subst. + en excès.L'excès de + subst.La chaux en excès peut se fixer, par adsorption, sur le silicate (Cléret de Langavant, Ciments et bétons,1953, p. 39).
b) Locutions adverbiales
α) En excès. En trop grande quantité, en trop grand nombre. Une tumeur (...) sécrétant en excès l'hormone de croissance (QuilletMéd.1965, p. 488).
β) Par excès (math.). En arrondissant l'expression d'une mesure à un nombre supérieur. Des valeurs approchées (...) par excès et par défaut (Lebesgue, Intégration et rech. fonctions primit.,1904, p. 37).
P. métaph. En faisant une approximation large. Même les plus heureuses de nos intuitions sont en quelque sorte des résultats inexacts par excès, à l'égard de notre clarté ordinaire (Valéry, Variété I,1924, p. 189).En deçà et au delà nous n'avons qu'une perception confuse par excès ou par défaut, nous tendons alors vers le maximum de visibilité (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 348).
D.− PHILOS., PSYCHANAL. Excès de qqc. sur qqc.Fait de dépasser, déborder par sa complexité, son intensité ou son dynamisme interne (v. excéder A 2). Excès du signifié sur le signifiant (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945p. 447).La parole est l'excès de notre existence sur l'être naturel (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945p. 229).
Prononc. et Orth. : [εksε]. [e] initial uniquement ds Passy 1914 et Dub., l'influence de la syll. finale ouverte étant très forte sur l'initiale. Cf. ex-. Enq. : /ekse, (D)/. Ds Ac. 1694-1932. Les éd. de 1694 et 1718 écrivent excés. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. « acte qui dépasse la mesure, dérèglement », le plus souvent au plur. (Nicole, Règle de S. Benoît, 466, Héron ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 145 : Por lor pechié, por lor excès Emporterent si grief colee Qu'andous furent ocis d'espée); 2. 1370 « ce qui dépasse une quantité, surplus » exces ou sourmont (N. Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, livre 8, 96c, p. 288). Empr. au lat. excessus, subst. formé sur le supin excessum de excedere (excéder*), en lat. class. « sortie »; en lat. chrét. surtout au plur. « écarts; fautes, péchés ». Fréq. abs. littér. : 3 050. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 705, b) 3 699; xxes. : a) 2 926, b) 4 360.