| ESTROPIÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst. I.− Part. passé de estropier*. II.− Emploi adj. A.− [En parlant d'un animé, d'un inanimé concr.] 1. [En parlant d'une pers., d'un animal] Qui a perdu l'usage normal d'un ou plusieurs membres (de nos jours, généralement en parlant des membres inférieurs). Synon. impotent, infirme, éclopé.Dans quelque position que l'on soit, estropié, malade, agissant, on peut produire ces signes [les sons] (Destutt de Tr., Idéol. 1,1801, p. 395). − Vx. Estropié de + subst. désignant une partie du corps.Privé provisoirement ou définitivement de l'usage de. Je vous écris avec peine, estropié de la main depuis huit jours, excusez ma mauvaise écriture (Lamart., Corresp.,1834, p. 77). ♦ Loc. fig., fam. Estropié de la cervelle. Imbécile. Qu'est-ce qui vous prend? Tas d'andouilles! Viande à claques! Estropiés de la cervelle! (Aymé, Vogue,1944, p. 194). 2. [En parlant d'une partie du corps] Mutilé, blessé. Bras, main, jambe, pied estropié(e). − P. ext. Madeleine (...) boitait et traînait son pas estropié (Hugo, Rayons et ombres,1840, p. 1033). 3. P. anal., rare. [En parlant d'un élément de mobilier] Dont un des supports a été cassé. (Quasi-)synon. boiteux.Des chaises estropiées (Balzac, Goriot,1835, p. 12). B.− Au fig. [En parlant d'une œuvre d'art ou de l'esprit; d'un élément ling.] Altéré, déformé : 1. Ma petite Anglaise Kate parlait une langue invraisemblable. (...) Tous les termes estropiés, bizarres, ridicules, prenaient sur les lèvres un charme délicieux ...
Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Découv., 1884, p. 959. − Spéc., vx, B.-A. (dessin). Qui ne respecte pas les proportions du modèle. Deux malheureux dessins de demoiselle, bien peignés, bien secs, bien estropiés et bien bêtes (Goncourt, Journal,1863, p. 1210). III.− Subst. Personne qui a perdu l'usage normal d'un, de plusieurs de ses membres, généralement des membres inférieurs. Quantité d'estropiés, de manchots, d'aveugles-nés, de bossus, de dartreux, de rachitiques (Flaubert, Champs et grèves,1848, p. 286): 2. L'estropié allait lentement, déplaçant ses supports l'un après l'autre d'un effort pénible, en se calant sur la jambe tordue qui lui restait, terminée par un pied bot et chaussé d'une loque.
Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Gueux, 1884, p. 959. − Un estropié de + subst désignant une partie du corps.Un malheureux estropié des mains et des pieds (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 250). ♦ Vx. [Suivi d'un nom désignant un organe] Le rhumatisme (...) crée des estropiés du cœur (Barbier dsNouv. Traité Méd.,fasc. 2, 1928, p. 282). ♦ Au fig. Les estropiés du destin (L. Daudet, Morticoles,1894, p. 223). Prononc. et Orth. : [εstʀ
ɔpje]. Ds Ac. 1694-1835 (absent de Ac. dep. 1878 en vertu d'une décision gén. concernant les part. passés). Fréq. abs. littér. : 125. Bbg. Hope 1971, p. 193. |