| ESQUIMAU, AUDE, adj. et subst. A.− (Celui, celle) qui appartient aux populations habitant certaines régions arctiques, en particulier le Groenland, le nord du Canada, les confins de la Sibérie orientale. J'ai vu l'Esquimau satisfait avec ses poissons gâtés et son huile de baleine (Senancour, Obermann,t. 2, 1840, p. 127).Landrecourt était (...) secrètement marié à une femme esquimau (L. de Vilmorin, Julietta,1951, pp. 203-204). − [P. anal. d'aspect] Une statuette en bois, Madeleine esquimaude; des cheveux énormes (...) lui couvrent tout le corps (...) comme un vêtement fait en poil d'animal (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 362). B.− [En parlant d'une chose] 1. Emploi adj. Propre à ces personnes : ... je fis cadeau à Bépino d'un magnifique fouet esquimau (...) dont le manche trapu était fait des barbes de baleine et la longue lanière tressée de cuirs de différentes couleurs.
Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 230. 2. Emploi subst. masc. a) LING. Ensemble des idiomes parlés par les Esquimaux. Le ü de fr. « mur » (...) absent en anglais, espagnol, esquimau (Langage,1968, p. 300). b) [Pour désigner des objets ayant certaines caractéristiques propres à ces populations] − Vêtement chaud pour enfant composé d'une pièce ou d'un ensemble − pantalon, chandail, bonnet − rappelant dans une certaine mesure le costume des Esquimaux. Le futur champion en esquimau rouge (La Croix,7 mars 1937, p. 5). − Glace enrobée de chocolat et fixée à un bâtonnet, faisant penser aux pays froids habités par les Esquimaux. Comme il y a une couche de chocolat sur les esquimaux qui sont si froids (H. Bazin, Huile sur feu,1954, p. 190). Rem. 1. Pour désigner une sorte de glace, la docum. atteste le mot composé eskimot-brique, subst. masc. On commence par avaler les actualités, (...) puis l'entr'acte avec ses eskimots-brique, et sa publicité (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 230). 2. Quelques dict. gén. (Lar. encyclop., Lar. Lang. fr., Quillet 1965, Rob. Suppl. 1970) enregistrent le subst. masc. esquimautage. Manœuvre d'un kayakiste qui, ayant chaviré ou pour faire une acrobatie nautique, se remet d'aplomb à l'aide d'un coup de pagaie qui lui fait faire un tour complet dans l'eau, à la manière des Esquimaux. Prononc. et Orth. : [εskimo], inv.; on trouve cependant un fém. [-o:d]. Formes graph. a) esquimau, fém. -aude (cf. Flaub., loc. cit.) ou sans changement (cf. L. de Vilmorin, loc. cit.), plur. -aux (cf. H. Bazin, loc. cit.); var. eskimau (cf. Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 116); b) eskimo, fém. sans changement, plur. y compris plur. fém. -aus (cf. Traité sociol., 1967, p. 50); var. esquimo. On trouve un sing. esquimaux (cf. Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 223; Natchez, 1826, p. 241; Mém., t. 1, 1848, p. 290; Chênedollé, Journal, 1808, p. 32). Forme plais. eskimot (cf. Queneau, loc. cit.). Étymol. et Hist. 1. a) 1691 subst. masc. plur. eskimaux « habitants des régions arctiques de l'Amérique » (Chrestien Le Clerc, Nouv. relation de la Gaspesie, 453 ds Quem. DDL t. 13); b) 1838 ling. (Ac. Compl. 1842); 2. 1922 esquimau « chocolat glacé » (Lar. d'apr. FEW t. 20, p. 54); 1952 (Vialar, Bête de chasse, p. 79); 3. ca 1930 « vêtement d'enfant » (d'apr. FEW, loc. cit.); 1937 subst. (La Croix, loc. cit.). Empr. à l'esquimau esquimau (FEW t. 20, p. 54). Fréq. abs. littér. : 83. Bbg. Benveniste (É.). The Eskimō
name. International journal of American linguistics. 1953, t. 19, pp. 242-245. |