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ESPACE1, subst. masc.
A.− PHILOS., SC. Milieu idéal indéfini, dans lequel se situe l'ensemble de nos perceptions et qui contient tous les objets existants ou concevables (concept philosophique dont l'origine et le contenu varient suivant les doctrines et les auteurs). La théorie de l'espace; espace axiologique; l'espace et le temps, l'espace et la durée. Il y a deux formes pures de l'intuition sensible, à savoir, l'espace et le temps (Cousin, Philos. Kant,1857, p. 70).En ce sens, la conception kantienne de l'espace diffère moins qu'on ne se l'imagine de la croyance populaire (Bergson, Essai donn. imm.,1889, p. 79).L'espace ne saurait être une forme (Sartre, Être et Néant,1943, p. 233):
1. L'espace est un corps imaginaire comme le temps un mouvement fictif. Dire : « dans l'espace », « l'espace est empli de », − c'est définir un corps. Valéry, Tel quel II,1943, p. 293.
[En tant qu'objet de la géom., des math.] Ensemble mathématique formel comprenant des objets satisfaisant à des lois spécifiques. Géométrie dans l'espace (Ac.1932).Dans un espace courbe, on ne peut pas tirer de ligne droite (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 489).C'est Riemann qui (...) le premier, chercha à dégager la notion d'espace topologique (Bourbaki, Hist. math.,1960, p. 146):
2. ... peut-on imaginer l'espace non-euclidien? Cela veut dire : pouvons-nous imaginer un monde où il y aurait des objets naturels remarquables affectant à peu près la forme des droites non-euclidiennes, (...) à cette question il faut répondre oui. Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 63.
SYNT. Les dimensions de l'espace; espace à trois, à n dimensions; espace physique; espace cubique, métrique, vectoriel; espaces homogènes, isotropes, normés; espace euclidien, riemannien.
[Dans le cadre de la théorie de la relativité] Le temps est la quatrième dimension de l'espace (Alain, Propos,1927, p. 736).La théorie de la relativité nous a appris que le temps était inséparable de l'espace (Cartan, Parallélisme abs.,1932, p. 14).
3. ... le déterminisme (...) implique simplement que les choses sont liées dans le temps aussi bien que dans l'espace, que le temps est indissolublement lié à l'espace. Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 285.
− Dans le domaine de la psychol.Espace tactile, visuel. Portion de l'étendue couverte par le toucher, par la vue. En général, il faut voir de haut en bas, embrasser un grand espace pour sentir le beau, le grand, l'infini (Maine de Biran, Journal,1816, p. 175):
4. J'ai cherché (...) à former avec nos sensations visuelles un continu physique équivalent à l'espace; (...) il est permis de dire que « l'espace visuel » a trois dimensions. (...) ce n'est pas sur l'espace visuel, mais sur l'espace moteur qu'il faut faire porter notre effort. Poincaré, Valeur sc.,1905p. 99.
Rem. On rencontre ds la docum. l'expr., au fig., perdu dans l'espace et dans le temps « complètement abandonné, complètement perdu ». Lorsque l'heure de la fermeture arrive, je me retrouve sur le trottoir, perdu dans l'espace et dans le temps (Morand, New-York, 1930, p. 256).
B.− Distance déterminée; surface.
1. [L'espace considéré princ. dans une seule dimension] (Quasi-)synon. écart, intervalle.
a) Distance comprise entre un point et un autre, entre un lieu, un objet et un autre.
α) Usuel. Au fond, à droite, dans l'espace compris entre la porte du vestibule et celle du salon, un petit bureau (Martin du G., Taciturne,1932, III, p. 1314).La plus grande beauté d'une ville n'est pas dans les édifices, elle est dans l'espace libre entre les édifices (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 77).Se retenant au mur, (...) elle parvint à franchir ce grand espace entre sa chambre et la cuisine (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 444):
5. ... il est facile de se diriger à New-York par latitude et longitude, comme en mer (...). L'espace, toujours identique, compris entre deux rues, se nomme un bloc. Morand, New-York,1930,p. 112.
Rem. On rencontre ds la docum. l'emploi un espace de suivi d'un compl. désignant la nature de l'étendue. Le jeune homme (...) jeta la boucle de diamants (...) au pêcheur (...) celui-ci (...) se hâta de mettre un large espace de mer entre le bienfaiteur et le bienfait (Hugo, Han d'Isl., 1823, p. 37).
Abs. La distance, l'éloignement :
6. Qu'un critique étranger nous juge, il y a beaucoup de chances pour qu'il tombe juste. Il nous connaît mieux que nos compatriotes qui s'écrasent le nez sur nous. L'espace joue là le rôle du temps. Cocteau, Diff. d'être,1947, p. 23.
Parcourir des espaces. Parcourir des distances. J'employais les heures d'après-midi à parcourir à pied de grands espaces (Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 172).L'accroissement infiniment petit de l'espace parcouru est proportionnel en chaque instant à la vitesse acquise (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 308).
Locutions
D'espace en espace. De distance en distance, de place en place. Le flanc de la montagne miroitait imperceptiblement. On apercevait d'espace en espace quelques cavités où l'eau avait séjourné (About, Roi mont.,1857, p. 213).Larges bandes qui, d'espace en espace, cerclaient le corps (Gautier, Rom. momie,1858, p. 185).
L'espace de. Sur la distance de. L'espace d'un kilomètre. Pierre racontait (...) qu'après avoir passé la première et la deuxième garde (...) l'ange l'accompagna encore l'espace d'une rue (Renan, Apôtres,1866, p. 249).
β) Spécialement
− Domaine du journ.Espace d'annonces. Emplacement réservé au passage des annonces. V. annonceur ex. 2.
IMPR., TYPOGR. Intervalle séparant des mots, discontinuité qui coupe une ligne. Les caractères [des Contes de Perrault] sont ceux du XVIIesiècle (...) il y a de l'espace et un espace égal entre les mots, l'air y circule à travers avec une sorte d'aisance (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 1, 1863-69, p. 297).
Rem. V. espace2.
− Domaine artistique
PEINTURE :
7. [Puvis de Chavannes crée] délibérément, sur un dessin exact, simplifié, uniquement soucieux des silhouettes et des espaces entre les figures, une coloration conventionnelle, calculée d'après le lieu auquel l'œuvre est destinée. Mauclair, De Watteau à Whistler,1905, p. 207.
MUS. Ces espaces insignifiants que le musicien est forcé de placer entre les parties intéressantes de son ouvrage, pour conduire d'un motif à l'autre ou les faire valoir! (Delacroix, Journal,1853, p. 17).Entre le ténor et le soprano, voix non-contiguës, on peut mettre, quelquefois, des espaces plus grands que l'octave; la dixième, par exemple (E. Durand, Traité harm.,s.d., p. 31).
b) P. anal. Laps de temps.
α) Absolument
Vx. À ce discours, la tourterelle En se moquant s'éloigna d'elle. Sans se revoir elles furent dix ans. Après ce long espace, un beau jour de printemps, Dans la même forêt elles se rencontrèrent (Florian, Fables,1792, p. 185).
Littér. Moments d'une vie :
8. ... une méticuleuse collection d'instants privilégiés que le romancier choisira au plus secret de son passé. D'immenses espaces morts sont ainsi rejetés de la vie parce qu'ils n'ont rien laissé dans le souvenir. Camus, Homme rév.,1951, p. 329.
β) (Dans, en l') espace de + compl.Un court, un long espace de temps. Car il ne pensait pas que ces demeures eussent été construites, en un si petit espace de temps, par des moyens naturels (France, Clio,1900, p. 78).
[Le compl. désigne une mesure de temps] L'espace d'une seconde, de quelques jours, d'un an, d'un demi-siècle; dans le court espace d'une nuit. Ils se regardèrent l'espace d'une minute, silencieux et immobiles tous deux (Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 53).Le combat pour le Matterhorn avait pourtant duré près de trois quarts de siècle, l'espace de trois générations (Peyré, Matterhorn,1939, p. 36):
9. ... on pourrait tirer une formule qui fonderait la réalité du « siècle » et qui s'exprimerait à peu près ainsi : le siècle, unité de durée vivante, se définit comme l'espace de temps couvert par la réalité sociale de l'homme normal. Thibaudet, Réflex. littér.,1936, p. 123.
P. anal. [Le compl. désigne un fait, une action envisagée dans sa durée] :
10. ... [Paul et Cécilie] traversèrent de grands espaces en l'espace d'un baiser... Paul appuya sa paume sur le visage de Cécilie dont la tête et les pensées reposaient sur son épaule. L. de Vilmorin, Lettre ds taxi,1958, p. 170.
L'espace d'un éclair. La durée d'un éclair, un très bref moment. J'eus, l'espace d'un éclair, le sentiment confus que je devais me tromper (Duhamel, Terre promise,1934, p. 61).
c) Au fig., littér. Écart, distance existant entre des notions, des sentiments, des personnes. L'espace mis entre elle et la bourgeoisie (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 53).Il y a beaucoup d'espace entre le désir, les plaisirs de vanité que donne la familiarité avec une femme, et l'amour (Nizan, Conspir.,1938, p. 129).
2. [L'espace considéré princ. dans deux dimensions]
a) Étendue, surface déterminée. Dans un espace de trois mètres carrés. (Quasi-)synon. endroit, place; superficie, surface.L'espace occupé par les ruines de la ville moderne est immense (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 192).Un espace libre a pu être aménagé au bas du perron (Martin du G., J. Barois,1913, p. 400):
11. Pour ce qui est de la petitesse des gènes, Muller a fait pertinemment remarquer que, si l'on pouvait rassembler tous les gènes appelés à déterminer les caractères héréditaires de la prochaine génération humaine, ils occuperaient l'espace d'un comprimé d'aspirine. J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 30.
b) En partic.
α) Surface déterminée, à l'intérieur d'une habitation, ou surface découverte, élément du paysage.
[À l'intérieur d'une habitation] Tout le long de l'un des côtés étroits de la salle, un espace libre, de trois mètres de large, était réservé (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 401).De hauts paravents de laque divisaient les deux salons d'attente en petits espaces où l'on isolait les clients (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 122).
[Élément du paysage] Espaces découverts, plantés. Nous sommes arrivés sur le premier grand plateau de la Brie. Ce sont d'immenses espaces de blés verts (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1908, p. 350).Il reste un espace marécageux que nous traversons à dos d'homme (Gide, Voy. Congo,1927, p. 839).
Espaces verts. Surfaces réservées aux arbres, à la verdure, dans l'urbanisme moderne. Les axes préférentiels (...) ont été tracés en fonction des larges espaces verts à maintenir (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 420).
β) [Avec l'idée dominante de place dont on dispose] Place. On commence à vouloir de petits tableaux, faute d'espace pour en placer de grands (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 119).Cette ville féodale (...) Bâtie dans une plaine, (...) disposait d'un grand espace (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 320).
Au fig. Je ne veux rien poursuivre sous le couvercle d'un cercueil; quand la mort a appliqué sa main sur le visage d'un homme, il ne reste plus d'espace à l'insulte (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist.,t. 1, 1831, p. XC).
Espace vital. Surface dont ont besoin en moyenne les individus d'une espèce pour leur développement. Six pièces (...) Y avait de l'espace vital (Le Breton, Rififi,1953, p. 71).L'urbanisme se propose de créer un compromis acceptable entre l'espace vital de l'individu et celui de la collectivité (Gds ensembles habit.,1963, p. 6).Étendue de territoire qu'un pays revendique pour des raisons démographiques ou économiques. Notre espace vital reste très vaste, puisque nous sommes, de tous nos voisins européens, le pays du plus faible coefficient d'occupation au kilomètre carré (Fonteneau, Conseil munic.,1965, p. 7).
P. ext. Ensemble constitué par la personne et par son environnement à un moment donné (d'apr. Piéron 1963).
c) Spéc., ANAT. [En parlant de certaines régions, de certains éléments du corps] Espaces intercostaux, interdigitaux, interosseux; espace intervertébral; espace lymphatique. L'espace membraneux est (...) très-large dans quelques espèces (Cuvier, Anat. comp.,t. 2, 1805, p. 83).
C.− [L'espace considéré dans ses trois dimensions] Volume déterminé.
1. L'atmosphère, l'air environnant.
a) [En tant que le lieu de phénomènes sonores] La nuit était silencieuse et l'on entendait les moindres bruits qui résonnaient dans l'espace (Ponson du Terr., Rocambole,t. 2, 1859, p. 130).Une voix d'homme retentit enfin, à travers l'épaisseur de l'espace nocturne (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 74):
12. Mais Antoine avait relevé la tête : un nouveau bruit venait de se faire entendre. Un bruit d'une tout autre espèce, un bruit cette fois très violent et tout à fait inattendu, un bruit qui venait du fond de l'espace. Ramuz, Derborence,1934, p. 18.
Emplir l'espace de. Maman, penchée sur le balcon, emplissait l'espace d'appels dramatiques (Duhamel, Le Notaire Havre,1933, p. 80).
[En tant que le lieu de phénomènes météorologiques] La tempête était déchaînée dans l'espace et battait l'air de son vol éclatant (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 255).
b) Milieu libre, naturel, où l'individu peut se développer, s'épanouir. Espace infini. Au dehors, par les fenêtres, l'air va, le ciel rit. Il y a des arbres, de la liberté, de l'espace (Goncourt, Journal,1862, p. 1148).On entendait derrière la porte cette impatience piétinante des écoliers qui vont sortir, avides d'espace et d'air (A. Daudet, Nabab,1877, p. 154).Ici, que d'espace, que d'air (Saint-Exup., Courr. Sud,1928, p. 65):
13. Le soleil, l'espace me donnaient le vertige. Je me laissais rouler sur la pente de la clairière en criant; je riais sans cause. Ces transports me libéraient d'un excès de bonheur. Green, Autre sommeil,1931, p. 37.
P. anal. Ensemble de relations déterminant un domaine donné en matière sociale, économique. Espace social, monétaire. Le même temps connut l'entrée retentissante, dans l'espace politique, de la finance et de la publicité combinées (Valéry, Variété II,1929, p. 111).La nation est un espace économique où les facteurs de la production sont mobiles (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 277).
Rem. On rencontre ds la docum. l'emploi de espace avec le sens d'« atmosphère favorable à l'exubérance, à la volubilité ». Cet excès même de parole (...) [de Duclos] qui détonnait dans la société et dans les salons, eût trouvé son milieu assez naturel et tout son espace dans la vie des Assemblées (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 9, 1851-62, p. 259).
Loc. Avoir de l'espace. De la place. Vous me rejoignez... disons place de l'Hôtel-de-Ville, sur le terre-plein central. (...) C'est beaucoup moins suspect que l'angle d'une rue. Et on a de l'espace (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 252).
Au fig. Champ ouvert à l'imagination. Échapper ainsi à l'écrasante pression de la matière pour se jouer dans les fluides espaces de la pensée (Proust, Prisonn.,1922, p. 56):
14. [Ma mère] m'entretenait souvent de mon avenir, m'expliquait diverses professions, leurs avantages, leurs « aléas », découvrant à mon esprit des espaces un peu obscurs, d'aspect un peu rude... Lacretelle, Silbermann,1922, p. 17.
Espaces imaginaires. Rêves, utopies. Sa raison, ballottée dans les espaces imaginaires, ne tenait plus qu'à ce fil (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 113).Bientôt son âme fut dans les espaces imaginaires (Stendhal, L. Leuwen, t. 1, 1836, p. 36).
2. Le ciel. L'immensité de l'espace. Le soleil passe dans l'espace, éclatant et froid... jetant sur la création gelée des rayons qui n'échauffent rien (Maupass., Bel-Ami,1885, p. 164).
Au plur., littér., poét. Levez-vous vîte, orages desirés, qui devez emporter René dans les espaces d'une autre vie! (Chateaubr., Génie,t. 1, 1803, p. 435).Dans les profondeurs des cieux où tu te voiles, Dans ces espaces bleus, dans ces sentiers d'étoiles (Lamart., Jocelyn,1836, p. 688).La foudre hurlant à travers les espaces (Verlaine, Prem. vers,1858-66, p. 8).
Spéc., AVIAT. Espace aérien. Partie de l'atmosphère dévolue à une nation qui en contrôle la circulation aérienne.
P. anal. L'étendue des mers. Pendant quelques minutes, le lord regarda l'immensité des flots, cherchant peut-être d'un dernier regard quelque navire perdu dans l'espace (Verne, Enf. cap. Grant,t. 3, 1868, p. 13).La mer nous manque, la mer, qui est en somme le grand espace ouvert, le grand champ libre sur lequel nous nous sommes accoutumés à courir (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 190).
Rem. On rencontre ds la docum. l'emploi d'espace avec le sens de a) Vague. Mêmes regards perdus dans l'espace (France, Vie fleur, 1922, p. 314); b) Vide. Et soudain Bastien poussa un cri terrible et se trouva lancé dans l'espace (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 656).
3. Univers extérieur à l'atmosphère terrestre. Espace cosmique, interstellaire; espaces interplanétaires; la conquête de l'espace; vaisseau de l'espace (v. amplification ex. 4.). Les expériences de Fresnel forçaient tous les savants à admettre que la lumière est due aux vibrations d'un fluide très subtil, remplissant les espaces interplanétaires (Poincaré, Théorie Maxwell,1899, p. 13).
Au fig. [En parlant de milieux abstr., évoqués par des œuvres littér.] Le poème faustien, celle des œuvres de Goethe qui évoque les plus profonds abîmes intérieurs et qui embrasse les plus vastes espaces cosmiques (Béguin, Âme romant.,1939, p. 160).
4. Spéc., au fig., LITT., PEINT., THÉÂTRE. Univers (abstrait) créé, représenté ou utilisé par une œuvre d'art. Espace pictural, théâtral. Sur le thème du Petit Poucet (...) nous venons d'assister à des transpositions de grandeur qui donnent une double vie aux espaces poétiques (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 157).Loin d'être un vacuum, l'espace lamartinien semble être occupé par une matière quintessenciée (Poulet, Métam. cercle,1961, p. 190):
15. L'espace scénique est alors restauré dans sa dignité première, rendu à sa liberté, à ses vraies dimensions, à sa fonction. Délivré de sa rigide enveloppe, l'espace n'est plus momie inerte, mais substance vivante, élastique. Serrière, T.N.P.,1959, p. 72.
Rem. On rencontre ds la docum. a) un emploi poét. de espace au fém. Et toi, douce espace, Où sont les steppes de tes seins, que j'y rêvasse? (Laforgue, Complaintes, 1885, p. 178). b) Espace-temps, subst. masc. Dans la théorie de la relativité, concept résultant de la fusion du concept d'espace géométrique à trois dimensions avec le concept de temps. Il n'en demeure pas moins que l'idée de l'entité binaire matière-énergie, espace-temps, masse-vitesse, etc. est, elle, parfaitement nette (Benda, Fr. byz., 1945, p. 19).
Prononc. et Orth. : [εspas] ou [εspa:s]. Cette dernière forme ds Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, Dub., Warn. 1968 (à titre de var.); v. aussi Rouss.-Lacl. 1927, Grammont Prononc. 1958, Fouché Prononc. 1959. Remonte à la prononc. scolaire du lat. médiéval (cf. G. Straka in La Classe de fr., 9, 1958, 361). Buben 1935 constate l'hésitation. Enq. : /espas, (D)/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1160-74 « laps de temps, durée » (Wace, Chron. ascendante des ducs de Normandie, éd. A. J. Holden, I, 1). B. 1. Ca 1200 « étendue, dimension (d'un lieu) » (Dialogue Grégoire, 39, 19 ds T.-L. : lo spaze del cortil); 2. 1314 « intervalle, distance entre deux points, largeur » (H. de Mondeville, Chirurgie, § 722, 734 et 1352); 3. a) mil. xvies. « étendue des airs » le grand espace du ciel (Du Bellay, Œuvres, éd. H. Chamard, III, 18 ds IGLF); b) 1662 au sing. ou au plur. « étendue infinie de l'univers, cosmos » (Pascal, Pensées, éd. L. Lafuma, § 113 et 201); 4. 1647 sc. « étendue, milieu dans lesquels ont lieu les phénomènes observés ou les abstractions faisant l'objet d'une étude » (Descartes, Principes de la Philosophie, II, 10 ds Rob.). Empr. au lat. class. spatium « champ de course, arène, étendue, durée ». Fréq. abs. littér. : 8 012. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 10 185, b) 7 081; xxes. : a) 11 365, b) 14 749. Bbg. Colomb. 1952/53, pp. 295-296. − Eggs (E.). Möglichkeiten und Grenzen einer wissenschaftlichen Semantik. Bern-Frankfurt, 1971. − Matoré (G.). L'Espace hum. L'expr. de l'espace ds la vie, la pensée et l'art contemp., Paris, 1962, passim.Matoré (G.). Le Vocab. contemp. et l'espace. R. des sc. hum. 1960, no97, pp. 105-124. − Schmidt (H.). Fr. vivant. Rech. lexicol. Praxis. 1970, t. 17, p. 188. − Valeton (D.). Lexicol. L'espace et le temps. Paris, 1973, 61 p.