| * Dans l'article "ESCOMPTER,, verbe trans." ESCOMPTER, verbe trans. A.− Acheter ou vendre un effet de commerce non échu, sous déduction d'une remise calculée selon le temps restant à courir jusqu'à l'échéance. J'ai avancé de l'argent dessus. Pour rendre service à Rosalie, je les lui ai escomptés [des billets] (Zola, Argent,1891, p. 157).Mon père avait à Courbevoie un marchand de vins (...) chez lequel il escomptait quelquefois des billets de complaisance, quand il avait besoin d'argent (Léautaud, Amours,1906, p. 241): 1. ... des intrigants empressés de profiter du malheur des temps, offrirent d'escompter les billets à 3, 4, 5, 6 % de perte...
Marat, Pamphlets,Nouv. dénonciation contre Necker, 1790, p. 190. − P. ext. ,,Escompter des valeurs se dit de l'Acheteur à terme qui se fait livrer, avant l'échéance, des titres achetés ferme ou à prime`` (Ac. 1932). B.− P. méton. Calculer et effectuer la remise lors de l'achat ou de la vente d'un effet de commerce non échu. Quand un banquier paie une lettre de change avant l'échéance, il escompte l'intérêt du temps (Ac.).Cf. aventurer ex. 2. C.− Au fig. 1. Vieilli a) Escompter sur son avenir. Compter sur un avenir hypothétique : 2. Votre Olivier (...) attendrait un jour un héritage; il l'escompterait d'avance sur la garantie de sa bonne étoile, et l'héritage arriverait à heure fixe.
Fromentin, Dominique,1863, p. 214. b) Calculer, prévoir. J'avais fondé quelques espérances sur l'opéra des « Martyrs », car nous nous escomptons toujours le succès, nous autres amants de la bleue déesse, l'Espérance! (Balzac, Gambara,1837, p. 63).Ils [ses fils] n'avaient pas dix ans, qu'elle escomptait déjà en rêve leur avenir (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 59). 2. Usuel. Espérer, en ayant de bonnes raisons de voir ses espoirs réalisés. a) [Le compl. d'obj. est un subst.] L'armée serbe était entièrement à reconstituer et nous ne pouvions en escompter avant plusieurs mois aucun service (Joffre, Mém.,t. 2, 1931, p. 164). b) [Le compl. d'obj. est un procès] − [Le procès est exprimé par un verbe à l'inf.] :
3. Un jour, Fox s'arrêta devant lui [un vieil adjudant] et lui dit (...) : « Il faut que vous ayez tué beaucoup d'Allemands pour avoir reçu tant de médailles? » S'il escomptait l'embarrasser, il dut être déçu, car l'autre lui répliqua tout bonnement : « Mais, (...) je pense bien! »
Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 105. − [Le procès est exprimé par une prop. complétive introduite par que + verbe au futur ou au cond. à valeur temporelle] Il était permis d'escompter que l'irruption allemande serait sans retard endiguée (Foch, Mém.,t. 2, 1929, p. 52): 4. ... les marraines de guerre, cette admirable invention de l'arrière pour maintenir chez le poilu une légère chaleur amoureuse, dont on escompte bien qu'il la transformera tout entière en ardeur patriotique.
Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 232. Rem. On rencontre ds la docum. qq. ex. du part. passé adj. escompté, ée. Espéré. Le peu qui nous restait de forces s'épuisait à conjurer cette épaisse et morne atmosphère de veulerie où nous sentions lentement s'enfoncer le kommando. Aussi le soir nous était-il à tous un havre escompté et chéri (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 72). Sa déclaration ne produisit pas l'effet escompté (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 202). Prononc. et Orth. : [εskɔ
̃te], (j')escompte [εskɔ
̃:t]. Ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1675 « payer à quelqu'un la somme qui lui est due avant l'échéance, moyennant une retenue » (J. Savary, Le Parfait négociant, Paris, t. 1, p. 9 ds DG); 2. 1732 « compter sur, prévoir » (Lesage, Gil Blas de Santillane, p. 925 : j'escomptai ses visites [du médecin]). Empr. à l'ital. scontare « décompter », attesté dep. xiiies. (Jacopone d'apr. DEI), dér. de contare (compter*). Fréq. abs. littér. : 264. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 302, b) 117; xxes. : a) 295, b) 624. DÉR. 1. Escomptable, adj.Qui peut être escompté. a) [En parlant d'un effet de commerce non échu] Qui peut être vendu avant terme, sous déduction d'une retenue. Un papier de commerce escomptable (Ac.1932).b) Au fig. Qui peut être prévu avec de bonnes raisons de voir ses prévisions réalisées. Les jeux d'entreprises, qui permettent, en remettant à des chefs d'entreprises, des dossiers fictifs, et en enregistrant leurs décisions, de calculer (...) les conséquences qui résulteraient de ces décisions, en tenant compte d'aléas normalement escomptables (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 120).− [εskɔ
̃tabl̥]. Ds Ac. 1932. − 1reattest. 1867 (De Waru, Enquête sur la banque, p. 173 ds Littré Suppl.); de escompter, suff. -able*. 2. Escompteur, euse, subst.a) Subst. masc. Celui qui achète des effets de commerce non échus. Le commerce de l'escompteur consiste à savoir si trois signatures donneront chacune trente pour cent en cas de faillite (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 482).Gobseck l'escompteur, le jésuite de l'or (Balzac, Paysans,1844-50, p. 243).En appos. Un banquier escompteur (Ac.1878-1932).b) Subst. masc. ou fém. Celui, celle qui fait des projets fondés sur de bonnes raisons d'espérer. Péj. Il n'y a pas de pire escompteuse de l'irréel que la république conservatrice. Il n'existe pas de chimère radicale ou socialiste, point (...) d'utopie qui suppose réalisées un aussi grand nombre de conditions irréelles et d'ailleurs irréalisables (Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. CXV).− [εskɔ
̃tœ:ʀ]. Ds Ac. dep. 1878. − 1resattest. 1548 (Rabelais, Quitt. autographe ds DG : Benvenute Olivier, escompteur de Rome), attest. isolée; 1783 (L.-S. Mercier, Tabl. Paris, t. 5, p. 269); de escompter, suff. -eur2*; l'ex. de 1548 représente prob. un calque de l'ital. scontatore (dep. 1remoitié xives., Sennuccio del Bene ds Tomm.-Bell.), dér. de scontare (escompter). − Fréq. abs. littér. : 39. BBG. − Hope 1971, p. 285. |