| * Dans l'article "ESCARMOUCHE,, subst. fém." ESCARMOUCHE, subst. fém. A.− ART. MILIT. Combat localisé et de courte durée entre éléments isolés ou détachements ennemis. Furieuse, légère, rude, vive escarmouche; escarmouche meurtrière; commencer, engager l'escarmouche. (Quasi-)synon. accrochage, échauffourée.On se borna d'abord à quelques escarmouches, à de légers combats de détachement à détachement (Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 55).Celles-ci [nos forces de l'intérieur], bien avant les débarquements, ne livrent plus seulement des escarmouches mais se risquent à des engagements en bonne et due forme (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 277): 1. ... les Anglais eux-mêmes ont souvent admiré le courage des Néo-Zélandais. Ceux-ci font une guerre de partisans, tentent des escarmouches, se ruent sur les petits détachements, pillent les domaines des colons.
Verne, Enf. cap. Grant,t. 3, 1868, p. 83. − P. métaph. Je repris ma polémique. J'avais chaque jour des escarmouches et des affaires d'avant-garde avec les soldats de la domesticité ministérielle; ils ne se servaient pas toujours d'une belle épée (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 283). B.− Au fig. Attaque écrite ou verbale, ouvrant un débat, une polémique plus importante. Escarmouches parlementaires, de plume. Ma polémique avec Renan, (...) l'escarmouche imminente entre Sardou et moi et (...) tout ce qui peut sortir de grave pour moi sur ce que j'ai dit de D'Aumale, à propos du procès Bazaine (Goncourt, Journal,1890, p. 1277).Une troisième forme de la résistance, autrement dangereuse pour l'ordre public que des escarmouches judiciaires ou des procès retentissants (E. Schneider, Charbon,1945, p. 129): 2. Avant Pascal, l'attaque contre leur morale était pourtant commencée. (...) Arnauld surtout, en 1643, lançant la première escarmouche contre la société en corps, avait publié sous ce titre : Théologie morale des Jésuites, extraite fidèlement de leurs livres, un recueil de plusieurs maximes et règles de conduite, de leur façon, plus ou moins révoltantes ou récréatives.
Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 45. − En partic. Bref échange de propos vifs et sans conséquence. (Quasi-)synon. altercation, chamaillerie (fam.), dispute, prise de bec, querelle.Comme assaisonnement, on rencontre quelquefois de petites piques, des escarmouches de société, et outre cela, des bons mots, des plaisanteries, des anecdotes, de petites histoires vives et gaies (Taine, Philos. art,t. 1, 1865, p. 135).Totote a un sale caractère, Micheline n'a pas l'ombre de cœur (...) Petites piques. Légères escarmouches (Courteline, Linottes,Amit. fém., 1894, IV, p. 207).Mais ce sont là, je le répète, des orages brefs, des escarmouches réservées aux samedis et aux dimanches (Colette, Vagab.,1910, p. 64). Prononc. et Orth. : [εskaʀmuʃ]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1360 (ms. du xves.) escharmuches « petit engagement entre des tirailleurs isolés ou des détachements de deux armées » (J. Le Bel, Chronique, éd. J. Viard et E. Déprez, t. 1, p. 118); 1369-77 escarmuche (G. de Machaut, Prise d'Alexandrie, éd. Mas-Latrie, 4706); ca 1393 escarmouche (Ménagier de Paris, I, 68 ds T.-L.). L'orig. du mot dépend en grande partie de la chronol. relative de ses attest. en fr. et en ital. Il est assuré qu'en fr. il se répand dans les années 1360-70; si l'ital. scaramuccia (début du xives. schermugio, scaramugi plur. [Giovanni Villani ds DEI; Tomm.-Bell.]; xives. scaramucce plur. [Matteo Villani, ibid.] d'orig. obsc., se rattachant peut-être au longobard *skirmjan « protéger », v. escrime, avec une finale mal expliquée [v. les hyp. ds DEI, Prati, Devoto, EWFS2]) est réellement antérieur, il se pourrait que le fr. l'ait empr. par voie écrite (cf. le maintien du -u-). Dans le cas contraire, le mot fr. serait dér. d'escremie, esquermie « lutte, combat » (FEW t. 17, p. 119), avec un suff. inexpliqué. Fréq. abs. littér. : 86. DÉR. Escarmoucher, verbe intrans.a) Art. milit. Engager une escarmouche, combattre par escarmouches. Un ramas d'hommes inhabiles aux travaux militaires, et capables seulement de venir, avec bravoure, escarmoucher sur des barques (Thierry, Récits mérov.,t. 1, 1840, p. 340).Les forces de l'intérieur de la région escarmouchaient sans relâche contre les détachements allemands et les éléments fascistes italiens qui opéraient sur le versant français (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 25).b) Au fig. Échanger des propos vifs mais sans conséquence. J'attaquais très bien Racine dans mes conversations avec M. Mazoïer (...) les deux autres, ce me semble, m'écoutaient quand j'escarmouchais avec M. Mazoïer (Stendhal, H. Brulard,t. 2, 1836, p. 443).Emploi pronom. réciproque. (Quasi-)synon. se quereller.Les plus grands s'escarmouchaient autour des perrons (Pourrat, Gaspard,1925, p. 184).Rem. La docum. attestec) escarmoucheur, subst. masc.,art milit., vx. Soldat qui escarmouche. Une compagnie destinée à faire des escarmouches (...) elle [la Pucelle] chevauchait avec les plus hardis (...) parmi ces escarmoucheurs ou coureurs (France, J. d'Arc,t. 2, 1908, p. 25).Une campagne (...) conquise par les militaires qui (...) y déploient leurs blocs de bataillons, leur écume d'escarmoucheurs (Arnoux, Roi,1956, p. 155).Emploi fig. Le spirituel escarmoucheur Henri Beyle (Stendhal), dans ses hardies brochures, allait redisant avec gaieté : « M. Auger l'a dit, je suis un sectaire » (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 12, 1863-69, p. 414). − [εskaʀmuʃe]. Ds Ac. dep. 1694. − 1reattest. ca 1360 escarmucher « combattre par escarmouches » (J. Le Bel, Chronique, éd. J. Viard et E. Déprez, t. 1, p. 67); fin du xives. escarmucer (J. Froissart, Chroniques, éd. S. Luce, t. 1, p. 66); soit dér. de escarmouche, dés. -er, soit empr. à l'ital. scaramucciare (xives. ds Tomm.-Bell.), de même sens. − Fréq. abs. littér. : 12.BBG. − Hope 1971, p. 38. |