| ESBROUF(F)E,(ESBROUFE, ESBROUFFE) subst. Fam. Déploiement de manières et de propos fanfarons et hâbleurs pour en imposer ou étourdir l'entourage. Faire de l'esbroufe; un coup d'esbroufe. (Quasi-)synon. bluff, épate.Enfin tout l'esbrouffe du commerce, on achète l'avis des hommes de science ou d'art (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 317).Et puis cette méchante peste de MmeDethieux peut faire dans le monde autant d'esbroufe qu'elle voudra (Martin du G., Devenir,1909, p. 162):Ce sera Duras qui mènera tout, et vous savez s'il aime à faire des embarras, dit le duc qui n'était jamais arrivé à connaître le sens précis de certains mots et qui croyait que faire des embarras voulait dire faire non pas de l'esbroufe, mais des complications.
Proust, Guermantes 1,1920, p. 239. − P. méton. Moyen tapageur, manifestation faisant sensation pour en imposer. Elle avalait comme parole d'Évangile toutes ses balivernes, ses esbroufes (Arnoux, Rhône,1944, p. 128). − Locutions ♦ Obtenir qqc. à l'esbroufe. Obtenir quelque chose par bluff, hâblerie, de façon plus ou moins honnête. Enlever un contrat à l'esbroufe; le faire à l'esbroufe. Afin de cacher, de son bicorne de général, grade acquis par l'escroquerie, à l'esbroufe (...) le trou de sa culotte (Arnoux, Roi,1956, p. 169). ♦ Vol à l'esbroufe. Vol pratiqué en bousculant violemment une personne et en profitant de son ébahissement pour la délester. L'Allemand est un excellent tireur à l'esbrouffe, genre de vol très ancien, consistant à bousculer violemment une personne, et profiter de son ahurissement pour lui enlever son portefeuille (Macé, Joli monde,1887, p. 155). Rem. Tous les dict. gén. consultés font de ce terme un subst. fém. sauf Littré et Guérin 1892 qui le donnent comme masc. Le genre est gén. peu apparent en raison de l'art. déf. l', et les auteurs eux-mêmes divergent quant au genre de ce subst. bien que le fém. soit plus fréquemment utilisé. Ça reçoit, ça fait, comme nous disons, un esbrouffe du diable (Balzac, Comédiens, 1846, p. 323). Tu as pris un mauvais moment pour faire une esbrouffe pareille (Halévy, Fam. Cardinal, 1883, p. 159). Prononc. et Orth. : [εsbʀuf]. Ds Ac. 1932 avec 1 f; cf. aussi ds Littré, DG, Nouv. Lar. ill., Rob. et Quillet 1965. Avec 2 f ds Besch. 1845 et Lar. 19e. On admet les 2 orth. ds Guérin 1892 et ds Lar. 20e-Lar. Lang. fr. Les auteurs, tant du xixeque du xxes., utilisent les 2 graph. avec, semble-t-il, une préférence pour l'orth. avec 2 f. Étymol. et Hist. 1. Ca 1815 esbrouf « coup de force » (Winter, Chanson ds Mém. de Vidocq, t. III, p. 296 d'apr. G. Esnault ds Fr. mod. t. 14, p. 58); 1821 grinchir à l'esbrouff « voler avec coup de force » (Ansiaume, Arg. bagne Brest, fo11 vo, § 282); 2. 1827 esbrouffe « air important » (Un Monsieur comme il faut, p. 17). Prob. empr. au prov. mod. esbroufe, niçois esbrouf, propr. « ébrouement », aussi « gestes brusques, tapage, embarras » (cf. faire sis esbroufe, faire d'esbroufe « se donner de grands airs »; v. Mistral), déverbal de esbroufa (esbrouffer*). Fréq. abs. littér. : 16. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 263, 272. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 90. − Quem. DDL t. 2. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 237. − Sain. Lang. par. 1920, p. 505, 511. |