| ÉQUINOXE, subst. masc. A.− Chacun des deux moments de l'année où, le soleil se trouvant, au cours de sa trajectoire apparente sur la sphère céleste, dans le plan de l'équateur, le jour a une durée égale à celle de la nuit sur toute la terre. Le temps était sombre, et la mer, qui sentait l'équinoxe venir, était remuante et troublée (Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 269).Nuit d'équinoxe presque, tant la Méditerranée était folle et violente (Lorrain, Heures Corse,1905, p. 70).Périodicité des orages. − Elle est très marquée : ils sont beaucoup plus nombreux aux équinoxes qu'aux autres époques de l'année (Rothé, Questions actuelles géophys.,1943, p. 400). ♦ Équinoxe de printemps. Moment où le soleil passe de l'hémisphère sud à l'hémisphère nord (le 21 ou le 22 mars) qui marque le début du printemps pour l'hémisphère nord. La Pâque des Chrétiens, comme celle des Juifs, est nécessairement fixée à la pleine lune de l'équinoxe du printemps, c'est-à-dire, au moment de l'année où (...) reparaît dans nos climats l'astre qui donne la lumière et la vie à toute la nature (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 332).Les œufs de Pâques (...) rappellent, au moment de l'équinoxe de printemps, l'éclosion mystérieuse de la vie (France, Opinions J. Coignard,1893, p. 100). ♦ Équinoxe d'automne. Moment où le soleil passe de l'hémisphère nord à l'hémisphère sud (le 22 ou le 23 septembre). Nous avons décrété que l'ère française daterait du 22 septembre 1792, jour où le soleil arrive à l'équinoxe vrai d'automne (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 2, 1870, p. 285). − [Comme compl. déterminatif d'un subst. désignant un phénomène phys.] ♦ Marées de l'équinoxe. Marées les plus hautes de l'année. C'était une de ces tempêtes de mars, lorsque les marées de l'équinoxe battent furieusement les côtes (Zola, Joie de vivre,1884, p. 809). ♦ Vent, tempête d' (de l')équinoxe, colères de l'équinoxe; temps d'équinoxe. Vent, tempête, particulièrement violent(e), qui marquent ces périodes de l'année. Le golfe du Lyon est toujours abominable, et probablement il sera pire par ce temps d'équinoxe... (Mérimée, Lettres à une inconnue,t. 2, 1859, p. 73).Les temps d'équinoxe sont capricieux, violents, tapageurs. Effet de ce soleil instable (Alain, Propos,1928, p. 763): 1. Une des furieuses tempêtes de l'équinoxe du printemps, s'étoit élevée pendant la nuit : les vents mugissoient; les vagues du fleuve s'enfloient comme celles de la mer; la pluie tomboit en torrents.
Chateaubr., Natchez,1826, p. 359. ♦ P. méton. Vent fort, mauvais temps qui sévit généralement à l'équinoxe. Cependant un peu d'équinoxe s'était déclaré; la pluie était venue; mais une pluie hostile (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 296).Respirer, une fois l'an, l'odeur des pins natals dans ce temps de l'année où l'équinoxe balance leurs cimes sombres (Mauriac, Génitrix,1923, p. 387): 2. Un violent coup d'équinoxe était survenu, qui avait défoncé à bâbord la poulaine et un sabord et endommagé le porte-haubans de misaine.
Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 448. − P. métaph. Cf. Équinoxe de P. Valéry ds Pièces diverses.Le XVIesiècle fut un équinoxe historique, où l'idéal bafoué par les giboulées du sensualisme s'abattit enfin, racines en l'air (Bloy, Désesp.,1886, p. 185). B.− Spéc., ASTRON. Le moment défini par l'intersection de l'écliptique et de l'équateur. Ligne des équinoxes. Cf. équateur ex. 4 : 3. On appelle écliptique le chemin apparemment parcouru par le Soleil sur la voûte céleste dans sa révolution annuelle. Ce chemin, qui est incliné (...) sur l'équateur, coupe celui-ci en deux points : l'un définit l'équinoxe de printemps et a été nommé point vernal...
Divin.1964, p. 185. ♦ Précession des équinoxes. Mouvement rétrograde des équinoxes sur l'écliptique, dû à l'action combinée du soleil et de la lune sur le renflement du globe terrestre à l'équateur. La précession des équinoxes suit une loi cyclique et rétablit une situation céleste identique tous les 26 000 ans environ (Divin.1964, p. 185) : 4. ... la fameuse Canicule [une étoile] : elle prédisait l'inondation du Nil, le solstice d'été, les grandes chaleurs et les fièvres; mais la précession des équinoxes a depuis trois mille ans reculé d'un mois et demi son époque d'apparition, et aujourd'hui cette belle étoile n'annonce plus rien...
Flammarion, Astron. pop.,1880, p. 724. Prononc. et Orth. : [ekinɔks]; cf. équi-. Ds Ac. 1694-1932. L'éd. de 1694 admet également la graph. lat. aequinoxe mais qu'elle considère comme plus rare. Noter que Ac. 1694-1740 écrit le dér. équinoxial, -noctial. La graphie -ct- est d'apr. le lat. noctis, la graphie -x- d'apr. le lat. nox. Étymol. et Hist. 1210 equinocte (Guill. Le Clerc, Bestiaire, éd. Reinsch, 1879). Francisation du lat. class. aequinoctium, composé de aequus « égal » et de nox « nuit », d'abord empr. sous la forme equinoction (xiie-xives. ds Gdf.). Fréq. abs. littér. : 183. |