| ENVELOPPE, subst. fém. A.− Ce qui enveloppe (ou sert à envelopper), qui couvre en entourant. 1. [L'enveloppe est non constitutive de l'obj.] a) Matière ou objet souple s'adaptant à la forme de l'objet. Enveloppe de papier, enveloppe d'un colis. Synon. emballage.Quand, sous les planches de bois blanc, on eut dégagé d'une enveloppe de plomb un immense cercueil de chêne (J. Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 185): 1. ... serrer un peu de poudre dans une première enveloppe de parchemin ficelée avec soin, puis (...) entourer de papiers cette première enveloppe, (...) la reficeler, et (...) recommencer jusqu'à ce qu'il eût obtenu une bombe épaisse...
Champfleury, Les Souffrances du professeur Delteil,1855, p. 246. − En partic. Revêtement protecteur. Enveloppe protectrice, isolante, étanche, calorifuge. Câbles isolés par une couche de caoutchouc simple, une seconde gaine de caoutchouc vulcanisé, et une enveloppe de rubans caoutchoutés (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 667).On avait même dû le revêtir [le plafond] d'une enveloppe de zinc pour protéger les hommes contre les douches continuelles (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 256): 2. « Je veux qu'ils soient bien reliés (...) ». Aussi bien, il était de mode alors en Angleterre et en France de revêtir les livres d'une enveloppe magnifique.
France, La Vie littér.,t. 4, 1892, p. 20. − P. ext., littér. Ce qui entoure, environne, en recouvrant complètement. Une statue d'argent qui brille sous son enveloppe de gaze (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 161).Çà et là apparaissaient parmi les arbres de basses chaumières, revêtues d'une enveloppe de lichens et de mousse (Feuillet, Bellah,1850, p. 100). b) Spéc. Enveloppe (de papier à lettres). Pochette en papier, rectangulaire ou carrée, contenant ou destinée à contenir une lettre, une carte ou un objet plat et léger, et qui porte le nom, ou le plus souvent l'adresse du destinataire. Enveloppe doublée, fermée, timbrée; papier à lettres et enveloppes; rédiger, coller, décacheter une enveloppe; mettre (une lettre) sous enveloppe. Ayez la complaisance de les remettre [les billets] sous enveloppe au porteur, ou envoyez-les moi par la poste (Balzac, Corresp.,1845, p. 781).Maître Gazan glissa son canif sous l'enveloppe, en tira une grande feuille, la déploya soigneusement (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 205): 3. ... je pris une enveloppe et rédigeai l'adresse. Au moment où je me préparais à reprendre ma lettre, l'obscurité se fit, je ne pus que griffonner à l'aveuglette le mot « amitiés » et signer. Je tins à fermer l'enveloppe avant de me coucher; ...
Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 178. − Loc. Écrire sous l'enveloppe de qqn (vx, Littré), mettre (une lettre) sous double enveloppe. Adresser une lettre à quelqu'un par l'intermédiaire d'un autre. Synon. écrire sous le couvert de qqn.Sa lettre fut mise sous double enveloppe. Sur l'une, elle écrivit : « M. Henri Dermal », et sur celle qui la recouvrait : « M. ou MmeMarnille, pâtissier-confiseur, rue de la Montagne, 18 » (Reider, MlleVallantin,1862, p. 152). − P. méton. Correspondance ou somme d'argent remise dans une enveloppe au destinataire. Recevoir une enveloppe. (Lar. Lang. fr.) ♦ Spéc., POL. Enveloppe budgétaire. Montant global des crédits alloués au budget d'un ministère, d'un organisme public. Enveloppe financière, enveloppe-recherche. On peut espérer non seulement la décontraction d'enveloppes budgétaires, mais peut-être aussi dans l'avenir la décontraction d'enveloppes de possibilités de prêts (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 309): 4. ... car il y aurait alors un risque que le gouvernement soit tenté de diminuer les crédits destinés aux tâches de recherche et de développement civils afin de maintenir les dépenses du CEA dans l'enveloppe financière accordée.
Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 242. SYNT. Enveloppe commerciale, bulle, jaune, opaque, cachetée, scellée, ouverte, bordée de noir, à fenêtre, de carte de visite, de faire-part; paquet d'enveloppes; prendre, coller, défaire, déchirer, ouvrir, tendre, jeter une enveloppe; envoyer, expédier (qqc.) sous enveloppe, glisser une lettre dans une enveloppe, coller un timbre, écrire le nom, l'adresse sur l'enveloppe. 2. [L'enveloppe est constitutive de l'obj.] Ce qui couvre naturellement quelque chose, partie externe, protectrice de quelque chose. a) [En parlant d'un produit fabriqué] Ils n'étaient (...) plus maîtres de l'aérostat. (...) L'enveloppe du ballon se dégonflait de plus en plus (Verne, Île myst.,1874, p. 5).Une vieille enveloppe de bandage pneumatique pour auto (Rousset, Trav. pts matér.,1928, p. 58). b) Dans le domaine des sc. nat. − BIOGÉOGR. Enveloppe thermodynamique. Une des couches géochimiques de la sphère terrestre, où se manifeste la vie organique. Synon. biosphère.Dans la biosphère, dans l'enveloppe thermodynamique superficielle, des millions de tonnes d'atomes du manganèse sont dans un mouvement biochimique incessant, sortent et entrent dans la matière vivante (Vernadsky, Géochim.,1924, p. 95). − BOT. Membrane protectrice recouvrant certains organes ou organismes. Les oursins qui semblent des châtaignes entourées de leur enveloppe piquante (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 48).Cette pêche n'est pourtant qu'une enveloppe du noyau producteur (Michelet, Journal,1859, p. 484): 5. Les semailles faites, nous ramasserons les maïs qui achèvent de sécher, dont les enveloppes, en craquant, prennent une forme de conque allongée, signe de la maturité complète de la plante, ...
Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. 71. ♦ En partic. Enveloppe (florale). Le calice et la corolle, qui entourent et protègent les étamines et le pistil. Le tout est renfermé dans une enveloppe florale demi-sphérique (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog.,t. 1, 1821, p. 140). − ANAT. Membrane, tissu, partie externe recouvrant certains organes ou organismes. Enveloppe fœtale, du cœur, du cerveau, des poumons. L'enveloppe vasculaire de l'urètre (Cuvier, Anat. comp.,t. 5, 1805, p. 83). − ZOOL. Enveloppe de la chrysalide; enveloppe pierreuse des coquillages. Presque toutes les chenilles se filent une enveloppe, ou au moins quelque lien avant de se métamorphoser (Cuvier, Anat. comp.,t. 5, 1805p. 265).Oui, certes, comme un insecte dépouille sa dernière enveloppe larvaire pour se montrer dans sa forme parfaite, le vrai Joseph apparut, celui que l'on voit maintenant et que tout Paris connaît (Duhamel, Terre promise,1934, p. 203). B.− Au fig. Ce qui constitue l'apparence extérieure de. 1. Littér. [En parlant du corps, envisagé comme le support matériel, la résidence de l'âme] Enveloppe de l'âme; enveloppe fragile. Les réapparitions d'une âme dans son enveloppe supérieure se succédaient à intervalles réguliers (Maupass., Dr H. Gloss,1893, p. 121).Toute la campagne, d'où s'élevait le craquement sournois du dégel, lui parut [à Marie] peuplée d'esprits qui avaient abandonné leur pâle enveloppe terrestre (Lacretelle, Hts ponts, t. 3, 1935, p. 153): 6. Il ne craignait point d'être troublé par l'abbé Chas, occupé dans une autre partie de l'édifice. Son âme avait presque abandonné son enveloppe mortelle, qui se promenait à pas lents dans l'aile du nord confiée à sa surveillance.
Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 193. 2. Vieilli. [En parlant d'une pers., de son comportement] Aspect extérieur, superficiel (et souvent trompeur). Enveloppe épaisse, sévère; sous une rude enveloppe. Synon. apparence, dehors.Le duc Robert avait une fille jeune et belle, l'enveloppe d'un ange, et l'âme d'un démon (Dumas père, Tour Nesle,1832, III, 5, p. 60).Sous ces enveloppes rugueuses, que de trésors en réserve, de droiture, de bonté, de silencieux héroïsme (Rolland, J. Chr., Adolesc., 1905, p. 342): 7. C'était [Berthe] une de ces femmes timides, repliées, un peu farouches, qui cachent sous une enveloppe discrète des abîmes de sensibilité frémissante.
Bourget, Physiol. de l'amour mod.,1890, p. 167. 3. Vieilli ou littér. Ce qui recouvre, cache, masque (notamment dans le domaine de la pensée, du discours). J'ai pris les habits de mon frère l'officier, et, sous cette enveloppe, je viens affronter la consigne du major (Labiche, Major Cravachon,1844, 5, p. 230).Ils [les paysagistes] (...) veulent saisir l'heure, l'instant; substituer aux formes finies une enveloppe de reflets, d'éléments du spectre subtilement dosés (Valéry, Degas,1936, p. 130): 8. Et puis l'idée de génie, dont Mallarmé est bien l'auteur, c'est celle de chercher à retrouver la réalité qualitative sous l'enveloppe factice que le langage lui a imposée. Le symbolisme, c'est une tentative pour atteindre la qualité, la réalité intérieure de l'âme déformée et trahie par les mots.
Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p. 187. Prononc. et Orth. : [ɑ
̃vlɔp]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. 1292 « ce qui enveloppe » (J. Richard, Mahaut, comtesse d'Artois, p. 126 : pour II houces de cuir pour l'enveloppe); 2. 1676 « enveloppe d'une lettre » (Tarif, 11 avr. ds Littré); 3. 1703 bot. (Liger, Dict. gén. des termes d'agric., p. 139); 4. 1807 géom. (G. Monge, Application de l'analyse à la géométrie, 28 ds Quem. Fichier). B. 1663 « ce qui cache, recouvre » (Molière, Critique de l'École des Femmes, scène 3). Déverbal de envelopper*. Fréq. abs. littér. : 1 755. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 342, b) 2 572; xxes. : a) 2 424, b) 2 624. |