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ENTIER, IÈRE, adj. et subst. masc.
I.− Adjectif
A.− [En parlant d'un tout décomposable en parties; toujours postposé]
1. [En parlant d'une chose] Dont aucune partie n'est retranchée ou supprimée
a) [En parlant d'une chose concr.] Pain entier. Il avait tout bu la vache!... et puis tout bouffé les restants... (...) Un camembert presque entier! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 557).
Spécialement
BOT. [En parlant d'une feuille, d'un pétale] Dont le limbe n'est pas échancré, ni denté. Les feuilles du lilas sont entières. Pétale entier (Ac.).
MATH. Nombre entier, et p. ell. un entier. Nombre sans partie décimale. Le seul objet naturel de la pensée mathématique, c'est le nombre entier. C'est le monde extérieur qui nous a imposé le continu (H. Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 149).On a pu édifier une théorie des entiers algébriques en étendant à ces nombres un grand nombre des propriétés des entiers ordinaires (Gds cour. pensée math.,1948, p. 83).
Lait entier. Lait non écrémé. Le petit-lait passé au centrifuge s'écrème aussi bien que le lait entier (Pouriau, Laiterie,1895, p. 380).
P. ext. [En parlant d'un contenant] Dont aucune partie ne reste inutilisée, qui est chargée, rempli au maximum. M. Homais (...) donna pour cadeaux tous produits de son établissement, à savoir : six boîtes de jujubes, un bocal entier de racahout (Flaub., MmeBovary,t. 1, 1857, p. 103).La vieille forêt (...) jetée bas en vingt semaines, écrasée, broyée, débitée par trains entiers jour et nuit (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1412).
b) [En parlant d'une chose abstr.]
[En parlant d'une chose évaluable en argent] Fortune entière, billet entier de la Loterie Nationale, payer place entière. Il était né d'un père cantonnier, et d'une mère servante. Il avait obtenu une bourse entière d'internat (Arland, Ordre,1929, p. 123).Vous ferez donner au seigneur Malatesta un congé de trois mois, avec solde entière (Montherl., Malatesta,1946, III, 6, p. 508).
[En parlant d'une chose non évaluable]
[En parlant d'une question, d'une situation qui demande une solution] Qui reste complètement telle quelle, qui n'a pas trouvé le moindre commencement de réponse, de solution. Le problème reste entier :
1. Depuis Adam et Ève (...), la question homme-femme reste entière et pendante entre les sexes. Si nous pouvons la régler une fois pour toutes aujourd'hui, ce sera tout bénéfice pour l'humanité! Giraudoux, L'Apollon de Bellac,1942, 8, p. 85.
À la forme négative. [Dans le langage du barreau, des affaires] Qui n'est plus complètement tel quel. ,,Les choses ne sont pas entières, L'état des choses a changé, les circonstances ne sont plus les mêmes`` (Ac.).
2. [En parlant d'un animé] Qui n'est pas privé d'une de ses composantes, qui n'est pas mutilé.
a) Rare. [En parlant d'une pers.] :
2. La jambe de bois est noire; La guerre est un dur sentier; Quant à ce qu'on nomme gloire, La gloire, c'est d'être entier. Hugo, Les Chansons des rues et des bois,1865, p. 239.
b) En partic. [En parlant d'un animal] Qui n'est pas châtré. Un petit cheval entier, maigre et ardent (Sand, Meunier d'Angib.,1845, p. 30).L'animal châtré présente une croissance exagérée des os des membres (...) et son hypophyse est plus volumineuse que celle d'un animal entier (Pagniez dsNouv. Traité Méd.,t. 8, 1925, p. 78).
3. [En parlant d'une collectivité]
a) [En parlant d'une collectivité de pers.] Dont tous les membres sans exception sont concernés, participent à une action. Assemblée, famille, génération, population (tout) entière; le genre humain (tout) entier. Les six équipes demeurées entières se déboîtaient l'une après l'autre. Les ouvriers vaincus quittaient le feu (Hamp, Champagne,1909, p. 101):
3. L'histoire a parlé (...) de vastes pays pris d'un seul coup comme par une main, De grandes, d'étonnantes victoires, d'armées tout entières cueillies sans combat comme des jetons! Claudel, Tête d'Or,1890, p. 130.
P. hyperb. Je ne nie pas ma faute, je la crierai au monde entier (Camus, État de siège,1948, p. 256):
4. Aujourd'hui notre porte est ouverte à la terre entière. On dirait qu'en vous demandant de me recevoir, j'ai obtenu pour tout l'univers la même faveur que pour moi. Constant, Adolphe,1816, p. 33.
b) [En parlant d'une collectivité de choses] Qui possède tous les éléments qui le constituent. Il fallait demander au libraire de Clermont la suite entière des comédies de Labiche (Bourget, Disciple,1899, p. 145):
5. ... songeant que MlleGénolain ne retrouverait sans doute pas de bouton assorti et qu'il faudrait remplacer la douzaine entière, il jura de nouveau. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 20.
B.− [En parlant d'une chose ayant un développement; toujours postposé] Considéré dans la totalité de son développement, de son extension.
1. [En parlant d'une chose ayant une extension spatiale] Espace occupé tout entier. Il portait sa barbe entière, et leur semblait effrayant (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 39):
6. Dès le fossé, les champs montaient d'un mouvement insensible, étalaient une pente douce, couverte tout entière de seigle qui levait. Genevoix, Raboliot,1925, p. 286.
P. hyperb. Je ne connais rien de sa vie passée (...) il [Gobseck] a peut-être traversé le monde entier en pratiquant des diamants ou des hommes (Balzac, Gobseck,1830, p. 420).
[En parlant d'une pers. considérée du point de vue de son corps] Un frisson me secoua tout entier (Bourget, Disciple,1889, p. 195).Dès qu'elle danse, elle danse tout entière, de ses cheveux libres, à ses durs talons nus (Colette, Pays. et portr.,1954, p. 150).
P. ext. Complet, qui occupe la totalité disponible d'un espace. Ce bateau (...) avec un revêtement entier d'émail à l'extérieur et, à l'intérieur, de plaques de marbre vert et de marbre rouge (Goncourt, Journal,1895, p. 866).Des épaules et des bras recouverts d'un vêtement d'une blancheur entière (Larbaud, Enfantines,1918, p. 113).
2. [En parlant d'une chose ayant une extension temporelle] Qui est poussé jusqu'au terme de ses possibilités.
a) [En parlant d'une action] :
7. M. de Guermantes (...) avait l'habitude de tenir à l'accomplissement entier des formalités dont il avait décidé d'honorer quelqu'un, et il s'occupait peu que les malles fussent faites ou le cercueil prêt. Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 337.
b) [En parlant d'une durée] Une journée, une semaine entière; passer des jours entiers à faire quelque chose. Savoir marcher, savoir respirer au théâtre : ce sont des acquisitions qu'il faut des années entières d'études pour posséder (Goncourt, Journal,1886, p. 610):
8. ... une existence tout entière absorbée par les devoirs d'une sédulosité de sacristain aux pieds de ce Dieu avec lui aussi abandonné que lui-même. Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 144.
c) [En parlant d'une manifestation de l'activité humaine; l'idée d'extension spatiale ou temporelle se dégage ou se constate au bout du procès exprimé par le verbe] Lire des chapitres entiers, réciter des pages entières; lettre écrite tout entière de la main de quelqu'un. La géologie, la chimie organique, l'histoire, des branches entières de la zoologie et de la physique, sont des productions contemporaines (Taine, Philos. art,t. 1, 1865, p. 106).Le génie de Venise respire tout entier dans ce splendide chef-d'œuvre [les Noces de Cana] (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 40):
9. ... le temple et la tragédie sont parvenus, durant des siècles, à nous représenter, par une sorte de mensonge, la civilisation grecque entière comme une maîtrise continue et complète de l'esprit sur les passions. Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 108.
C.− [En parlant d'une pers. ou d'une manifestation, d'un comportement d'une pers. susceptible de différents degrés]
1. [En parlant d'une manifestation, d'un comportement d'une pers. susceptible de différents degrés; souvent antéposé] Qui ne subit aucune diminution, altération ou restriction. Avoir une pleine et entière confiance en qqn, optimisme entier. La seule jouissance dont ils aient une idée (...) est le repos, ou plutôt l'inactivité la plus entière (Crèvecœur, Voyage,t. 3, 1801, p. 115).L'intimité, une intimité entière et sans réserve, s'était faite entre les dîneurs du jeudi (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 178):
10. ... attribuer immédiatement à plusieurs dizaines de milliers de Français musulmans leurs droits entiers de citoyens, sans admettre que l'exercice de ces droits puisse être empêché, ni limité, par des objections fondées sur le statut personnel. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 549.
SYNT. Entier dévouement, entière certitude, dépendance, franchise, satisfaction, soumission; être à l'entière disposition de qqn, avoir ses entières facultés; foi, liberté, possession, responsabilité entière; livrer sa pensée (tout) entière.
2. P. ext. [En parlant d'une pers. considérée du point de vue de son activité; toujours postposé et précédé de tout] Dont l'activité est tournée sans restriction vers quelque chose. Le travail demande un homme tout entier; être tout entier à sa tâche; se donner, se consacrer tout entier à quelque chose. La pratique d'un art demande un homme tout entier; c'est un devoir de s'y consacrer pour celui qui en est véritablement épris (Delacroix, Journal,1860, p. 253).La cuisinière, occupée depuis l'aube à se battre avec ses casseroles, tout entière au dîner que ses maîtres donnaient le soir (Zola, Germinal,1885, p. 1428).
Loc. Mourir tout entier. Mourir sans laisser de trace de son activité. Socrate a survécu aux persécutions d'une populace aveugle, et Cicéron n'est pas mort tout entier sous les proscriptions de l'infâme Octave (Constant, Esprit conquête,1813, p. 259):
11. Après l'écroulement de notre civilisation, de deux choses l'une : ou elle [l'humanité] périra tout entière comme les civilisations antiques, ou elle s'adaptera à un monde décentralisé. Weil, La Pesanteur et la grâce,1943, p. 177.
[En parlant du siège de l'activité intellectuelle, affective, spirituelle] Âme tout entière tournée vers qqc. Grand'mère, l'esprit tout entier tendu vers l'avenir, avait tout prévu (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 243).
En partic. [En parlant d'une pers. considérée du point de vue de sa pensée, de son activité intellectuelle, morale, spirituelle] Sans restriction quant à sa pensée, sa personnalité. Je ne vous connaissais pas encore tout entier. Vous venez de me causer à la fois de la joie et de la peine (Balzac, Gobseck,1830, p. 421).L'espèce de divination qui lui faisait comprendre un homme tout entier au premier regard et à la seule inspection de son étoile (Lamart., Voy. Orient,t. 1, 1835, p. 326):
12. Cette pièce [L'Ennemi] est le fruit de l'expérience d'une grande partie de ma vie et j'y suis tout entier, mais cela est vrai de tout ce que j'écris. Green, Journal,1950-54, p. 210.
Péj. [En parlant d'une pers. ou d'une manifestation, d'un comportement ou du caractère d'une pers.; toujours postposé] Qui, contre ce qu'on est en droit d'attendre ou de souhaiter, reste totalement inébranlable, qui sur aucun point n'admet des nuances ou des compromis. Être entier dans ses jugements, caractère entier, opinions entières. Homme âpre et entier et qui ne veut rien céder (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 13, 1851-62, p. 187).Ses haines entières et non assouplies, et (...) son intransigeance enfantine (Gide, Journal,1929, p. 933):
13. Les convictions de Luc étaient si entières que même lorsqu'on les partageait on était tenté de l'inquiéter un tout petit peu : ... Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 128.
II.− Subst. masc.
A.− En, dans son entier. Sans qu'aucune partie soit retranchée, dans la totalité de son développement, de son extension.
1. [Le poss. désigne une chose]
a) [Une chose ayant une extension spatiale] Ce temple est encore en son entier (Ac.) :
14. À Blois, les grands biens, qui valaient par l'ensemble, Cheverny, Chaumont, Chambord, n'ont pas été divisés, mais vendus dans leur entier à des spéculateurs qui y ont établi quelques fabriques : ... Michelet, Journal,1831, p. 101.
b) [Une manifestation de l'activité humaine] Une lettre politique que je vous ai adressée et qui paraîtra en son entier dans votre recueil ou autrement (Lamart., Corresp.,1831, p. 198):
15. ... l'expression dans l'espace, la seule réelle en fait, permet aux moyens magiques de l'art et de la parole de s'exercer organiquement et dans leur entier, comme des exorcismes renouvelés. Artaud, Le Théâtre et son double,1938, p. 106.
2. [Le poss. désigne une pers. considérée du point de vue de sa pensée, de son activité intellectuelle, morale, spirituelle] Je comprends parfaitement ton désir de me connaître dans mon entier (Zola, Corresp.,1902, p. 40).
B.− Loc. En entier. Dans la totalité de son développement, de son extension.
1. [En entier, se rapporte à une chose]
a) [À une chose ayant une extension spatiale] Une fois l'ébauche amenée à ce point, (...) faire autant que possible chaque morceau, en s'abstenant d'avancer le tableau en entier (Delacroix, Journal,1847, p. 197):
16. Mmede Coantré avait eu la religion de la maladie. Un petit meuble secrétaire était consacré en entier aux ordonnances, que l'on gardait toutes, ... Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 888.
b) [À une manifestation de l'activité humaine] J'ai à vous remercier du « Roman des ouvrières » que j'ai, derechef, non pas lu en entier mais repassé (Flaub., Corresp.,1867, p. 338):
17. Les mots, nous les utilisons, nous faisons d'eux les instruments d'actes utiles. Nous n'aurions rien d'humain si le langage en nous devait être en entier servile. G. Bataille, L'Expérience intérieure,1943, p. 208.
2. [En entier se rapporte à une pers. considérée du point de vue de sa pensée, de son activité intellectuelle, morale, spirituelle] Dans le christianisme cela peut ne pas compter d'avilir la supplication, d'enliser l'homme en entier dans la honte (G. Bataille, L'Expérience intérieure,1943p. 73):
18. Il se ramassa en entier dans cette effusion finale : « Je ne sais pas s'il existe en Europe une ville où il y ait plus de cafés qu'à Barcelone ». Montherlant, La Petite Infante de Castille,1929, p. 626.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. entièreté. Fait de rester totalement sans changement, sans adaptation. La fonction propre de la pensée dans l'ensemble du comportement est précisément de briser l'entièreté stupide de l'instinct et la stéréotypie du réflexe par des conduites de plus en plus articulées (Mounier, Traité caract., 1946, p. 630).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃tje], fém. [-jε:ʀ]. r final est muet dans les subst. et adj. terminés par le suffixe -ier. Ex. premier, régulier, etc.; foyer, menuisier, etc., dans l'adv. volontiers. t se prononce [t] et non [s] devant i dans les mots en -tié, -tier, -tière, -tième. Ex. moitié, portier, tabatière. Cf. Mart. Comment prononce 1913, p. 293 et Grammont Prononc. 1958, p. 46. Enq. : /ãtje, -ʀ/. L'adj. est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1130 « dans toute son étendue » jorz entier (Gormont et Isembard, éd. A. Bayot, 331); 2. ca 1135 « auquel il ne manque rien » Li Turs furt sains et sals et entiers (Couronnement Louis, 1128 ds T.-L.); 3. 1172 « qui n'a subi aucune altération, pur, vrai » amors antiere (Ch. de Troyes, Lion, 6013 ds T.-L.); 4. 1174-76 « (d'une personne) fidèle, loyal » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 287, ibid.); 1606 « obstiné, qui n'admet pas de compromis » (Nicot). Du lat. class. integer, intĕgrum « non touché, non entamé, sain, raisonnable » avec suff. -ier* p. anal. avec des termes comme premier* (en face de l'a. pic. entir phonétiquement attendu). Fréq. abs. littér. : 14 958. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 25 330, b) 19 314; xxes. : a) 20 758, b) 19 165. Bbg. Marsaud (M.). L'Impr. des timbres-poste. Banque Mots. 1974, no8, p. 201. − Piron (M.). Les Belgicismes lex. : essai d'un inventaire. In : [Mél. Imbs (P.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1973, t. 11, no1, p. 300. − Quem. 2es. t. 1 1970. − Thomas (A.). Nouv. Essais 1904, p. 143.