| ENSUIVRE (S'), verbe pronom. [Usité seulement à l'inf. et aux troisièmes pers. de chaque temps] A.− Vx, littér. Suivre, venir ensuite. 1. [Dans le temps] Elle me retenait à dîner, la soirée s'ensuivait par conséquent (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 272).À la cérémonie et au grand banquet qui devait s'ensuivre (Loti, Mariage,1882, p. 160): 1. Après le repas de midi et le sommeil qui s'ensuit, la reine monte à cheval et fait quelques lieues au galop, pour prendre l'air.
About, La Grèce contemporaine,1854, p. 338. 2. [Dans un cont., pour annoncer ce qui va être dit; le verbe étant gén. à la forme impers.] L'herbe miraculeuse, étant préparée comme il s'ensuit : prenez demi-once de cette herbe (Hugo, Rhin,1842, p. 215). Rem. Dans une formule figée (donc de constr. arch.) s'ensuit est immédiatement suivi de son suj. « réel » inversé. S'ensuit l'histoire de... chapitre tant (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 59). B.− P. ext. Découler, résulter. 1. Vx, littér. [Le compl. prép. marquant l'orig. est exprimé] a) S'ensuivre de qqc.Un grand bien s'ensuivit de tant de maux; voyez les erreurs qui s'ensuivraient de cette proposition; il s'ensuit de là que... (Ac.1798-1932).Il ne s'ensuit pas de là que vous deviez ôter mon nom d'un livre que je m'honore d'avoir fait (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 98). b) S'en ensuivre.Un duel s'en est ensuivi (Ponson du Terr., Rocambole,t. 5, 1859, p. 137).Pour échapper à l'horrible hypnotisme qui pourrait s'en ensuivre (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 345): 2. Mon imagination prompte à assembler des scènes tragiques conçut tout le drame et même ce qui s'en ensuivrait.
Lacretelle, Silbermann,1922, p. 93. 2. Courant a) [Le pronom en, compl. d'orig., n'est pas exprimé] Le flirt et tout ce qui s'ensuivait (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 222): 3. Enfin, il vous magnétise de son regard interrogateur; il vous faut répondre, si possible approuver; sinon, quelles discussions s'ensuivent!
Blanche, Mes modèles,1928, p. 226. − [À la forme impers.] Étant donné ceci, il s'ensuit cela (Benda, Fr. byz.,1945, p. 155). ♦ Il s'ensuit que + ind.Il s'ensuit que les résorptions se feront mal (Cabanis, Rapp. phys. et mor.,t. 1, 1808, p. 380). ♦ Il ne s'ensuit pas que, s'ensuit-il que, ne s'ensuit-il pas que + subj.Il ne s'ensuit pas que la science n'y puisse réussir par quelque procédé indirect (Bergson, Essai donn. imm.,1889, p. 64). − Expressions ♦ Jusqu'à ce que (la) mort s'ensuive. Qu'on me chatouille la plante des pieds jusqu'à ce que mort s'ensuive (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 213). ♦ Fam. Et tout ce qui s'ensuit. Et tout le reste, et tout ce qui en découle. Synon. et cætera.Mais n'offrant qu'aux moins dévêtues Leur bras et tout ce qui s'ensuit (Laforgue, Imit. Lune,1886, p. 225).Mettre en branle sans questions, sans histoires, la police, et tout ce qui s'ensuit (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 459). b) [Le pronom en est exprimé, mais le préf. -en du verbe a été omis] Je préfère, pour ce qui s'en suivra, vous consulter sans plus attendre (Farrère, Le Chef,p. 87 ds Grev. 1964, § 701, 18).Le suicide de l'Europe devra s'en suivre (Suarès, Vues sur l'Europe,p. 183, ds Grev. 1964, § 701, 18). − En partic. [Dans les temps composés] L'élargissement d'âme qui s'en est suivi pour nous (Lemaitre, Impress. de théâtre,t. 1, p. 136, ds Grev. 1964, § 701, 18).La scène inqualifiable qui s'en était suivie (Martin du Gard, Les Thibault II,p. 119, ds Grev. 1964, § 701, 18). Rem. C'est évidemment par souci d'euphonie que l'on hésite à écrire aujourd'hui s'en ensuivre. Curieusement il semble que l'idée de cause soit perçue dans le verbe s'ensuivre si bien que la tournure s'ensuivre de cela est sentie redondante. Toutefois, ,,il ne faudrait pas croire que l'on pût écrire s'en suivre, en deux mots, pour signifier découler de là; car se suivre ne se dit pas en ce sens; c'est suivre, neutre, qui se dit; il suit de là et non il se suit de là`` (Littré). Néanmoins, ,,on ne dit plus il s'en est ensuivi, mais plutôt, malgré l'incorrection certaine, il s'en est suivi`` (Mart. Comment parle 1927, p. 294, note 1). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃sɥivʀ
̥]. Durée longue de la voyelle radicale ds Passy 1814, Barbeau-Rodhe 1930 et Warn. 1968. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1175 « suivre » (B. de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 6814 : ensurre; 14119 : ensieure; 23946 : ensievre). Du lat. vulg. *insequere, lat. class. insequi « venir immédiatement après, suivre » avec développement parallèle aux formes issues de sequi, v. suivre. Fréq. abs. littér. : 614 (ensuivi : 2). Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 594, b) 666; xxes. : a) 452, b) 621. |