| ENSERRER1, verbe trans. A.− Vx. Enfermer, tenir enfermé. Ce coffre qui enserre tous les trésors de la maison (About, Grèce,1854, p. 184). B.− Usuel 1. [Le compl. désigne une pers. ou une chose] Entourer en serrant, en comprimant avec plus ou moins de force. Une prodigieuse fraise à gros tuyaux empesés, (...) enserre sa longue tête osseuse (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 202).Je me dégageai tout doucement de la foule qui m'enserrait (G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 134): Ils étaient assis l'un près de l'autre, et, lentement, le bras de Henri fit le tour de la taille de Henriette et l'enserra d'une pression douce.
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Une Partie de campagne, 1881, p. 379. − P. métaph. L'Angleterre, ce polype immense dont les bras enserrent la planète (Michelet, Insecte,1857, p. 377). 2. P. anal. Entourer étroitement de manière à contenir, à tenir enfermé. a) [Le suj. et l'obj. désignent gén. un élément du paysage] Enserrer de toutes parts. Synon. border, délimiter.La boucle de la Meuse enserrait la presqu'île d'Iges d'un ruban pâle (Zola, Débâcle,1892, p. 238).Ces domaines ceints de murs et enserrés si étroitement d'arbres (Mauriac, Génitrix,1923, p. 374). b) ART MILIT. Enserrer un ennemi, une place. Synon. encercler.L'opération principale pouvait également avoir pour but d'enserrer les forces ennemies réunies dans la région de Metz (Joffre, Mém.,t. 1, 1931, p. 152). 3. Au fig. [Le compl. désigne une pers.] Entourer de liens étroits, enfermer dans des limites qui enlèvent toute liberté ou privent de toute échappatoire. Enserrer qqn dans un dilemme, dans une argumentation (Ac. 1932). Les chagrins de tout genre vont toujours leur allure, enserrant ma vie de mille ligaments (Balzac, Corresp.,1833, p. 233).L'inextricable toile d'araignée où nous enserrent des milliers d'articles de lois (Renan, Avenir sc.,1890, p. 359).V. agripper ex. 9. − Emploi pronom. Je voudrais aussi M'enserrer des liens suprêmes Où vous vous êtes asservi (Jammes, De tout temps,1935, p. 158). Rem. On rencontre ds la docum., en emploi adj. a) Enserrant, ante. Un brusque effort l'enleva au bras qui le maintenait, tenta de l'arracher à d'autres contacts enserrants (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 70). b) Enserré, ée. La gorge [du vallon] enserrée rendait plus pénétrantes les senteurs lourdes des fleurs (Maupass., Contes et nouv., t. 2, En voy., 1833, p. 326). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃sε
ʀe] et [ɑ
̃seʀe], (j')enserre [ɑ
̃sε:ʀ]. Demi-longueur de la voyelle radicale en syll. non finale ds Passy 1914. Enq. : /ãseʀ/ (il) enserre. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1121-34 « enfermer » (Ph. de Thaon, Bestiaire, 1802 ds T.-L.); 1549 « entourer en serrant étroitement » (Est.). Dér. de serrer*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 265. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 133, b) 228; xxes. : a) 551, b) 556. DÉR. Enserrement, subst. masc.Action d'enfermer une personne ou une chose dans des limites étroites, d'exercer sur elle une pression, de manière à empêcher sa liberté ou son développement. Synon. contrainte, emprisonnement.Ces enserrements mutuels de deux formes adverses (Maritain, Human. intégr.,1936, p. 303).Je me débattais encore contre l'enserrement d'une morale puritaine (Gide, Journal,1940, p. 49).− Seule transcr. ds Littré : an-sê-re-man. − 1resattest. 1remoitié xiiie« prison » (Maugis d'Aigr., éd. Castets ds R. Lang. rom. t. 6 1892, p. 69, vers 2186), xive[ms.] « emprisonnement » (L'enserrement de Merlin, Rich. 117 fo50 ds Gdf.); du rad. de enserrer1, suff. -(e)ment1*. − Fréq. abs. littér. : 3. |