| * Dans l'article "ENNUYEUX, EUSE,, adj." ENNUYEUX, EUSE, adj. A.− [Correspond à ennui B 1 b] Qui suscite un sentiment de lassitude. Synon. assommant, ennuyant (cf. ce mot, rem.), barbant (fam.), embêtant (fam.), rasant (fam.). 1. [En parlant d'une pers.] Personne ennuyeuse, gens ennuyeux. Il serait ennuyeux (cf. assommant ex. 2).Sois clair ou sois complexe, mais ne sois jamais ennuyeux; l'ennui est le contraire de l'art (L. Daudet, Ét. et mil. littér.,1927, p. 208). − Emploi subst. masc. Synon. fam. une bassinoire, un casse-pieds, un crampon, un enquiquineur, un raseur.Il [Schlegel] se répète comme un ennuyeux (Constant, Journaux,1804, p. 143).En disant aux Verdurin que Swann était très « smart », Odette leur avait fait craindre un « ennuyeux » (Proust, Swann,1913, p. 202). 2. [En parlant d'une chose] Livre, travail ennuyeux; chose, journée ennuyeuse; ennuyeuse visite; fort, horriblement ennuyeux; ennuyeux à périr. Le chemin de Prague à Carlsbad s'allonge dans les ennuyeuses plaines qu'ensanglanta la guerre de trente ans (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 267).Il nous est ennuyeux d'aller manger deux fois de suite au même endroit (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 208).Que c'était ennuyeux, cette musique lente! (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 164): 1. Mais lorsque vous dictez des préceptes rustiques, C'est là qu'il faut ouvrir vos trésors poëtiques : Un précepte est aride? Il le faut embellir; Ennuyeux? l'égayer; vulgaire? l'ennoblir.
Delille, L'Homme des champs,1800, p. 143. − Emploi subst. masc. avec valeur de neutre. C'est que le numéro, tout en demeurant très sérieux, ne tombe jamais dans l'ennuyeux proprement dit (Du Bos, Journal,1925, p. 250).Le quotidien et l'ennuyeux des choses (Romains, Hommes bonne vol.,1939, p. 140). ♦ [À propos d'une pers.] Incarnation de l'ennui. M. Millon, qui m'a semblé entre l'huître et l'homme. C'est l'idéal de l'ennuyeux (Michelet, Journal,1821, p. 151). B.− [Correspond à ennui B 2] 1. Qui suscite un sentiment d'inquiétude, de préoccupation. Pronostic ennuyeux, sinon grave (Garcin, Guide vétér.,1944, p. 90). 2. Qui suscite un sentiment de contrariété. a) Fam. [En parlant d'une pers.] Qui crée des complications. Ah! que vous êtes ennuyeux, disait la jeune femme; mon cher, il ne faut jamais faire deux choses à la fois (Maupass., Pierre et Jean,1888, p. 386). b) [En parlant d'une chose] Ennuyeuse affaire, situation ennuyeuse. Synon. contrariant, fâcheux.Si ce n'étaient pas ces ennuyeux rhumatismes (Arland, Ordre,1929, p. 487).Régler entre nous cette ennuyeuse histoire (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 520): 2. Le soleil, que nous avions au zénith, entretenait ces calmes, plus ennuyeux cent fois pour les marins, que les vents contraires.
Voyage de La Pérouse,t. 3, 1797, p. 257. − Loc. impers. ♦ (Que) c'est ennuyeux. Dieu! Que c'est ennuyeux! Je n'ai pas d'allumettes (Murger, Scène vie boh.,1851, p. 64).Si ce nigaud ne fait pas attention, nous allons être obligés de l'arrêter. C'est ennuyeux (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1311). ♦ Il/c'est ennuyeux de + inf. Ce serait bien ennuyeux d'avoir perdu ça (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p. 277).Il est ennuyeux de lui faire percer des trous [dans les oreilles] (Gyp, Souv. pte fille,1927, p. 85). ♦ Il/c'est ennuyeux que + subj. Oh! c'est ennuyeux que vous soyez obligée d'aller au bureau (Flers, Caillavet, M. Brotonneau,1923, III, 1, p. 19). ♦ L'ennuyeux, c'est que. L'ennuyeux, c'est qu'on ne peut pas l'avoir [Malignon] aux répétitions (Zola, Page amour,1878, p. 1004).L'ennuyeux, c'est que tout le monde semblait croire que « L'Espoir » allait devenir un duplicata du « Figaro » (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 378). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃nɥijø], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1694-1932. Cf. ennui, ennuyer. Étymol. et Hist. 1. Ca 1121 annuus « contrariant, fâcheux, importun » (St Brandan, éd. E. G. R. Waters, 976); 2. ca 1155 « fatigant, qui procure de l'ennui, qui lasse l'intérêt » chose ... mult ennuose a escrivre (Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 602). Du b. lat. inodiosus, composé du lat. class. odiosus « désagréable, odieux », dér. de odium « haine ». Fréq. abs. littér. : 1 423. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 406, b) 1 802; xxes. : a) 2 042, b) 1 803. DÉR. Ennuyeusement, adv.De façon ennuyeuse (cf. A).Passer moins ennuyeusement quelques heures de chacune de ses journées de prison (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 313).Combien tout ce que j'ai écrit précédemment me paraît aujourd'hui tristement, ennuyeusement et ridiculement raisonnable! (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1007).− [ɑ
̃nɥijøzmɑ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Cf. ennui, ennuyer. − 1reattest. ca 1200 anuieusement « en causant de la peine, d'une manière importune » ici « de mauvaise grâce » (Chatelain de Coucy, Chansons, éd. A. Lerond, VII, 47); du rad. fém. de ennuyeux, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 22. |