| ENLAIDIR, verbe. A.− Emploi trans. Rendre laid. Une pendule, (...) d'un modèle ridicule, (...) enlaidit ma cheminée (Ponchon, Muse cabaret,Pendule, 1920, p. 300): 1. ... la grimace, les sourires niais, les tics, les plis qui n'expriment rien de durable, enlaidissent les visages qui seraient, au repos, les plus agréables.
Alain, Système des Beaux-arts,1920, p. 70. ♦ Absolument : 2. Mais ne prenez pas le deuil.
C'est moi qui vous le dis
Ça noircit le blanc de l'œil
Et puis ça enlaidit
Les histoires de cercueils
C'est triste et pas joli
(...).
Prévert, Paroles,1946, p. 90. ♦ Emploi pronom. réfl. et passif. Mon écriture s'enlaidit (Gide, Journal,1906, p. 196).Tant de femmes s'enlaidissent en suivant la mode! (France, Dieux ont soif,1912, p. 125). − Au fig. : 3. ... les moindres détails ont été visiblement choisis sous l'empire d'une idée unique et tenace, qui est d'avilir la créature humaine, d'enlaidir encore la laideur des vices inconscients et bas.
Lemaitre, Les Contemporains,1885, p. 260. B.− Emploi intrans. Devenir laid. Pendant ce temps, la malheureuse oasis enlaidissait à vue d'œil. Un riche industriel du Nord, (...) avait créé au bord de l'oued un délicieux jardin (Tharaud, Fête arabe,1912, p. 236).Tous les jours elle [Anne-Marie] craignait un peu plus d'enlaidir (Pourrat, Gaspard,1925, p. 183). Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. prés. adj. enlaidissant, ante. Qui rend laid. Tant que les choses sont possibles, on les diffère, (...) elles sont soustraites à la submersion alourdissante, enlaidissante du milieu vital? (Proust, Fugit., 1922, p. 508). b) Le part. passé adj. enlaidi, ie. Devenu laid. Je la [MmeFoucaud] trouve enlaidie (Flaub., Corresp., 1845, p. 163). Nous trouvons la nature enlaidie et détournons les yeux (Amiel, Journal, 1866, p. 171). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃lεdi:ʀ] ou, p. hamonis. vocalique, [ɑ
̃ledi:ʀ]; (j')enlaidis [ɑ
̃lεdi], [ɑ
̃ledi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 intrans. « devenir laid » (B. de Sainte-Maure, Troie, 17507 ds T.-L.); 2. ca 1175 « rendre laid » (Id., Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 15661). Dér. de laid*; préf. en-*; dés. -ir. Fréq. abs. littér. : 155. DÉR. Enlaidissement, subst. masc.Action d'enlaidir; résultat de cette action. Le point de Paris où se trouvait Jean Valjean, (...) est un de ceux qu'ont transformés de fond en comble les travaux récents, enlaidissements selon les uns, transfiguration selon les autres (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 542).L'envahissement par la laideur est (...) désastreux pour la femme. (...) l'enlaidissement est la dissolution qui s'essaie, la cadavérisation qui s'ébauche (Amiel, Journal,1866, p. 69).− [ɑ
̃lεdismɑ
̃] ou, p. harmonis. vocalique, [ɑ
̃ledismɑ
̃]. Ds Ac. 1835-1932. − 1reattest. ca 1470 (G. Chastellain, Vérité mal prise, éd. Buchon, p. 587 ds Gdf. Compl.); du rad. de enlaidir, suff. -(isse)ment1*. − Fréq. abs. littér. : 6. |