| ENFARINER, verbe trans. A.− Emploi trans. 1. Recouvrir de farine. On enfarine souvent des articles qu'on veut poêler ou frire. En ce cas, lorsque leur taille le permet, on les roule dans la farine (Ac. Gastr.1962). 2. P. anal. Recouvrir d'une substance blanche. Qu'un frater, cuistre nomade, Lave, enfarine et pommade Des cheveux (...) Cela fait une perruque, C'est-à-dire un magistrat (Hugo, Marion Del.,1831, p. 248).Gaston se traîne dans la nuit; il titube, s'appuyant aux murailles dont le lait de chaux lui enfarine les doigts (La Varende, Centaure de Dieu,1938, p. 137). − P. ext. Rendre blanc. De rares ombres se glissent à l'entrée de la nuit, semblables à des funambules, aux Pierrots et Arlequins, aux Gilles et aux Colombines, la face enfarinée par l'astre (Jammes, Mém.,1921, p. 173). 3. Au fig. Tromper quelqu'un. (Quasi-)synon. rouler dans la farine.Pendant plus de trois ans, ils [les trois princes] avaient été bernés, roulés, enfarinés (Druon, Roi de fer,1955, p. 224). B.− Emploi pronom., avec une nuance péj. 1. Se poudrer, se maquiller de façon maladroite : Lui voyant toujours peindre des figures maquillées, un soir qu'il était absent, elle se secoua sur la tête une houppe à poudre, s'enfarina le nez, prit un crayon de pastel et se farda de rouge. Cette peinturlure exécutée sans habitude et sans goût la fit ressembler à une femme sauvage.
Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 260. 2. Au fig., vx. S'enfariner de. a) Se donner une légère teinture de science. Je reviendrais à Paris pour m'y enfariner de grec et de latin autant qu'on l'exige (M. de Guérin, Corresp.,1837, p. 272). b) Se prendre d'un amour fou pour quelqu'un/quelque chose. (Quasi-)synon. s'enticher.Il a fallu être amoureux fou, comme l'était Restaud, pour s'être enfariné de Mademoiselle Anastasie (Balzac, Goriot,1835, p. 89). Rem. On rencontre ds la docum. enfarinement, subst. masc. Action d'enfariner, de recouvrir de farine, d'une substance blanche; résultat de cette action. Dans le visage d'un clown entouré de clarté, l'enfarinement met la netteté, la régularité et le découpage presque cassant d'un visage de pierre (E. de Goncourt, Zemganno, 1879, p. 152). Au fig. L'enfarinement du bloc national (Proust, Temps retr., 1922, p. 854). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃faʀine], (j')enfarine [ɑ
̃faʀin]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1393 « saupoudrer, couvrir de farine » (Ménagier, II, 185 ds T.-L.); 1675 fam. un air de gueule enfarinée (Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 4, p. 285); 2. 1704 pronom. « avoir une connaissance superficielle de quelque chose » (Trév.). Dér. de farine*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 13. |