| ENCYCLOPÉDIE, subst. fém. A.− Rare. Ensemble de toutes les connaissances embrassées par l'esprit humain. L'encyclopédie du savoir humain (Ac.1932) : 1. De mine comme de parole, Sainte-Beuve me rappelle beaucoup M. Hippolyte Passy : (...) même timbre de voix, un peu zézayante. J'ai remarqué ce zézaiement chez les grands bavards. Tous deux le sont, et de la même façon : avec abondance, effusion, connaissance de toutes choses, encyclopédie de connaissances glanées partout, science un peu à fleur de peau, mais universelle.
Goncourt, Journal,1862, p. 1179. B.− P. méton., usuel. Ouvrage qui fait le tour de toutes les connaissances humaines ou de tout un domaine de ces connaissances et les expose selon un ordre alphabétique ou thématique. Publier une encyclopédie (Ac.1835-1932).Il [Diderot] rêvait de l'encyclopédie, d'un ouvrage qui lui ferait connaître tous les arts, en le forçant à les décrire (Guéhenno, Jean-Jacques,En marge des « Confessions », 1948, p. 169). − [Avec un compl. prép. ou un adj. indiquant] ♦ [la matière de l'ouvrage] Il [Brunetto Latini] rédigea, sous le titre de « Trésor », une encyclopédie des connaissances de son temps (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 61).L'encyclopédie de tous les jeux (Goncourt, Journal,1862p. 705).Grande encyclopédie théologique et scientifique (Flammarion, Astron. pop.,1880, p. 430). ♦ [la manière dont l'ouvrage est présenté] Encyclopédie méthodique ou par ordre de matières (Civilis. écr.,1939, p. 2409). − En partic., avec une maj. L'Encyclopédie (de Diderot). Ouvrage monumental publié au xviiiesiècle par Diderot et d'Alembert sous le titre Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers : 2. Chaque auteur bénit son destin, de l'avoir fait naître dans le beau siècle des Diderot et des d'Alembert, dans ce siècle où toute la sagesse humaine étoit rangée par ordre alphabétique dans l'Encyclopédie, cette Babel des sciences et de la raison.
Chateaubriand, Génie du christianisme,t. 1, 1803, p. 7. − P. ext. Ouvrage important qui rassemble une somme de connaissances. Son livre [à Aristote] est un océan de doctrines, et comme l'encyclopédie de l'Antiquité (Joubert, Pensées,t. 2, 1824, p. 157).Je veux faire de ce dernier chapitre, (...) une petite encyclopédie rapide (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1905, p. 96). − P. métaph. L'enivrement complexe de ces senteurs incohérentes qui font de l'atmosphère des quais une encyclopédie ou une symphonie olfactive (Valéry, Variété III,1936, p. 238). C.− P. méton. et au fig. Personne qui possède des connaissances étendues en de nombreux domaines. Synon. dictionnaire.M. Littré est vraiment, à lui seul, toute une bibliothèque et une encyclopédie (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 5, 1863-69, p. 232). Rem. On rencontre ds la docum. encyclopédier, verbe trans., néol. d'aut., p. plaisant. On voyait ce pauvre M. Havet qui ne songeait qu'à bien faire toute sa vie son cours de littérature latine sans songer à encyclopédier ses idées, ni à se philosophier sur divers systèmes (Barrès, Cahiers, t. 5, 1906-07, p. 148). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃siklɔpedi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1532 « ensemble complet de connaissances » (Rabelais, Pantagruel, XX, éd. Marty-Laveaux, I, 319 : Le vrays puys & abisme de Encyclopedie) − 1680, Rich. ,,mot qui a vieilli, & qui ne se dit guere que dans le burlesque``; 2. 1751 Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (publiée par M. Diderot et M. d'Alembert). Empr. au lat. de la Renaissanceencyclopaedia (1508, J. Philomusus, Margarite philosophica encyclopaediam exhibens, Strasbourg d'apr. Encyclop. Brit.) formé du gr. ε
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α, mauvaise lecture d'un manuscrit, pour ε
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α proprement « ensemble des sciences qui constituent une éducation complète » (Quintilien, Instit. I, 10, 1 ds Liddell-Scott). Fréq. abs. littér. : 223. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 274, b) 261; xxes. : a) 233, b) 433. Bbg. Ricken (U.). Zur Entwicklung des französischen Intellektualwortschatzes. Wissenschaftliche Zeitschrift der Martin-Luther-Universität. Halle-Wittenberg. Gesellschafts-und Sprachwissenschaftliche Reihe. 1963, t. 12, pp. 993-999. |