| * Dans l'article "ENCROÛTER,, verbe trans." ENCROÛTER, verbe trans. A.− Domaine concr.[Correspond à croûte B] Recouvrir d'une couche durcie. 1. [Le suj. désigne une chose] De vieux canons que les coraux avaient encroûtés (Mille, Barnavaux,1908, p. 106): ... la potasse des lessives et le suint des laines les [mains de la vieille femme] avaient si bien encroûtées, éraillées, durcies, qu'elles semblaient sales quoiqu'elles fussent rincées d'eau claire...
Flaubert, Madame Bovary,t. 1, 1848, p. 172. − Au passif ♦ [Compl. prép. par] Une église qui serait passable d'ailleurs, si elle n'était encroûtée par le plus épais des badigeons (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 305).Leurs loques encroûtées par la boue (Adam, Enfant Aust.,1902, p. 82). ♦ [Compl. prép. de] Les oursins sont encroûtés d'une peau entièrement calcaire (Cuvier, Anat. comp.,t. 1, 1805, p. 46).Il étend un bras énorme, encroûté de boue (Barbusse, Feu,1916, p. 353). − Emploi pronom. à sens passif. [Le suj. désigne une chose] Il arrivera un moment où la température de la surface du soleil sera assez abaissée pour que celle-ci commence à s'encroûter (Poincaré, Hyp. cosmogon.,1911, p. 248). 2. [Le suj. désigne une pers.] − MAÇONN. ,,Enduire un mur de mortier`` (Ac. 1835-1932). − P. métaph. L'homme peut bien avoir couvert et pour ainsi dire « encroûté » la vérité par les erreurs dont il l'a surchargée (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 280). B.− Au fig. 1. Emploi trans. Mettre dans une situation où l'on perd tout dynamisme. − [Le suj. est un nom de chose, le compl. un nom de pers.] Envelopper comme d'une carapace qui empêche tout mouvement, tout dynamisme. Synon. abêtir. ♦ [Prép. dans] C'est un de ces sages routiniers, encroûté dans la vieille politique (Lemercier, Pinto,1800, I, 2, p. 38).Elle était encroûtée dans ses idées de l'ancien régime (Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 254). ♦ [Prép. de] La vieille aristocratie, ce refuge encroûté des vieux préjugés (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 205).Un homme encroûté de tous les préjugés littéraires les plus surannés (J.-J. Ampère, Corresp.,1825, p. 330). 2. Emploi pronom. à sens passif. [Le suj. est un nom de pers.; le compl. est gén. introduit par dans] Rester dans une situation où l'on perd son dynamisme; se laisser abêtir par la routine. S'encroûter dans une habitude, dans la routine. L'âme qui s'attriste et s'encroûte à la longue dans la retraite (M. de Guérin, Corresp.,1833, p. 69).Il faut d'ailleurs, que je me retrempe un peu, car je m'encroûte ici (Flaub., MmeBovary,t. 2, 1857, p. 129).Vous avez vraiment l'intention de vous encroûter dans ce bled? (Abellio, Pacifiques,1946, p. 312). − Absol. La mode a du bon, en forçant les gens à ne pas s'encroûter (Montherl., Pte Inf. Castille,1929, p. 605). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃kʀute], (j')encroûte [ɑ
̃kʀut]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1. 1538 « recouvrir d'une croûte » (Est.); 2. 1782 fig. (Laclos, Liaison Dang., I, 12). Dér. de croûte*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 10. DÉR. Encroûtement, subst. masc.Action d'encroûter ou de s'encroûter; résultat de cette action. Encroûtement calcaire. Polypier ayant un axe en partie ou tout-à-fait pierreux, et recouvert d'un encroûtement corticiforme (Lamarck, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 288).Au fig. Quimper-Corentin (...) le nom même du ridicule et de l'encroûtement provincial (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 288).− [ɑ
̃kʀutmɑ
̃]. − 1resattest. 1546 « action d'enduire » (R. Estienne, Dict. Latino gallicun, 745b ds Rom. Forsch. t. 32, p. 55), 1848 fig. (Flaub., loc. cit.); du rad. de encroûter, suff. -(e)ment1*. − Fréq. abs. littér. : 6. BBG. − Guiraud (P.). Les Ch. morpho-sém. B. Soc. Ling. 1956, t. 52, pp. 265-269. |