| ENCAISSER, verbe trans. A.− Mettre en caisse. Je vous prie de faire encaisser tout ce qui m'appartient, linge, argenterie, porcelaine (...) et de me l'expédier le plus tôt possible à Paris (Chateaubr., Corresp.,t. 3, 1789-1824, p. 313, 314): 1. Le pape fit (...) écrire à Octave de Médicis, qui, à Florence, gouvernait les affaires de la famille, de faire encaisser le tableau [le portrait de Léon X peint par Raphaël] et de le faire partir pour Mantoue.
Stendhal, Hist. de la peinture en Italie,t. 2, 1817, p. 390. − HORTIC. Faire croître des plantes, des arbustes, etc. dans une caisse remplie de terre (cf. Carrière, Encyclop. hortic., 1862, p. 189). B.− [L'obj. désigne une somme d'argent, de valeurs] Toucher, recouvrer (cf. caisse II B 1). ♦ Emploi pronom. à sens passif : 2. Les sommes destinées aux blessés [des journées de juillet 1830] s'encaissent, les blessures se guérissent et tout s'oublie.
Balzac,
Œuvres diverses,t. 2, 1830-35, p. 66. − Au fig., fam. Recevoir des coups. Diane, à cause de ses grands airs et de sa facilité à encaisser les torgnoles conjugales, était plus sévèrement jugée (L. Daudet, Am. songe,1920, p. 134): 3. ... elle [Nadine] a dû encaisser quelques gnons et coquards décochés heureusement d'une main sans précision et comme hébétée.
Arnoux, Zulma l'infidèle,1960, p. 161. ♦ En emploi abs. ou accompagné d'un adv., SP. (notamment boxe). Bien encaisser, encaisser dur. Recevoir les coups de l'adversaire sans dommage. Clotilde, une superbe et lente Flamande, encaissa, donna, prit l'avantage sans effort [en boxant] (Carco, Jésus-la-Caille,1914, p. 136). − P. ext. Accepter, admettre, supporter. Encaisser des provocations. La situation a deux issues. Encaisser un outrage ou le rendre. Choisis (Giraudoux, Guerre Troie,1935, II, 5, p. 120): 4. Tel qui encaisse parfaitement un roman de Zola, comme la Terre, est écœuré dès qu'il lit un roman existentialiste...
Sartre, L'Existentialisme est un humanisme,1946, p. 13. ♦ Ne pas pouvoir encaisser qqn ou qqc. Ne pas pouvoir supporter quelqu'un ou quelque chose. − Alors, tu penses qu'être communiste, c'est bon pour moi et pas pour toi? − Il y a un tas de choses que je n'encaisse pas chez eux : si toi tu les encaisses, vas-y (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 156): 5. − Ginette peut pas m'encaisser, réplique Kenel.
Dabit, L'Hôtel du Nord,1929, p. 120. ♦ Encaisser le coup Être bien obligé d'admettre ne serait-ce que provisoirement : 6. Malgré ça, quand Alexis dans un accès d'énergie proposa de partir parce qu'il ne pouvait plus rester sans travailler, Henriette dut lui avouer, qu'il ne fallait pas songer à se déplacer. Alexis encaissa le coup.
Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 223. Fam. Synon. accuser le coup.C.− TOPOGR. Resserrer entre des versants abrupts : 7. L'élévation de cet escarpement peut encore être mesurée aujourd'hui par la hauteur des deux tertres des deux grandes sépultures qui encaissent la route de Genappe à Bruxelles...
Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 390. − Emploi pronom. réfl. : 8. Il y a un endroit, après le dernier de ces ports naturels, où le Bosphore s'encaisse, comme un large et rapide fleuve, entre deux caps de rochers qui descendent à pic du haut de ses doubles montagnes...
Lamartine, Voyage en Orient,t. 2, 1835, p. 391. Rem. On rencontre ds la docum. encaissant, ante, part. passé et adj., géol. Roche encaissante. Roche qui entoure un minerai ou une autre roche (cf. Élie de Beaumont, B. Sté géol. Fr., t. 4, 1847, p. 66). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃kεse] ou [ɑ
̃kese]; (j')encaisse [ɑ
̃kεs]. Enq. : /ãkes/(il) encaisse. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1510 « mettre en caisse, emballer » (Lettre de Jeh. Perréal, t. IV, 379 ds
Œuvres de J. Le Maire, éd. Stecher : tous les patrons sont faiz et bien enquessez); 1740 « planter dans une caisse remplie de terre » (Ac.); 2. 1690 « mettre de l'argent dans une caisse » (Fur.); d'où 1832 « recevoir une somme d'argent, percevoir » (Say, Écon. pol., p. 274); 3. 1791 « resserrer en bordant, par deux versants abrupts » (Volney, Ruines, p. 28 : le lit encaissé du Jourdain); 4. fig. et fam. a) 1867 encaisser un soufflet (Delvau, p. 156); b) 1900 encaisser qqn « l'estimer » (Nouguier, Notes manuscr. Dict. Delesalle, p. 103). Dér. de caisse*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 103. DÉR. 1. Encaissable, adj.[En parlant d'effets, de valeurs, de somme d'argent] Qui peut ou doit être encaissé. C'est ainsi que l'on parle d'un « beau papier », pour des effets portant des signatures de personnes particulièrement solvables, répondant à des opérations commerciales absolument classiques et inattaquables, d'un montant important et facilement encaissable (Baudhuin, Crédit et banque,1945, p. 41).− [ɑ
̃kεsabl̥]. Ds Ac. 1932. − 1reattest. 1870 terme de banque (Arrêt de la Cour impériale de Paris du 16 avril ds Littré Suppl.); du rad. de encaisser, suff. -able*. 2. Encaissage, subst. masc.Le fait de disposer des objets dans une caisse. L'encartouchage et l'encaissage de la dynamite auront lieu dans des ateliers dont la température ne devra jamais s'abaisser au dessous de 12oC. (Chalon, Explosifs mod.,1911, p. 323).Hortic. Action d'encaisser (une plante). L'encaissage d'une plante, d'un arbuste (Besch. 1845). − [ɑ
̃kεsa:ʒ]. − 1reattest. 1803 (Boiste); du rad. de encaisser, suff. -age*. BBG. − Quem. Fichier. |