| EMPORTE-PIÈCE, subst. masc. Instrument généralement d'acier qui permet de découper d'un seul coup et en une seule pression une pièce aux contours déterminés dans une plaque de métal, du carton, du cuir ou du tissu. Découper, tailler à l'emporte-pièce. Volants découpés à l'emporte-pièce dans de la faille bleu clair (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 812).Une vieille collection d'emporte-pièce pour les paillettes (Zola, Rêve,1888, p. 41):1. ... girouettes extravagantes, lesquelles ne sont plus des girouettes, mais des lettres majuscules de vieux manuscrits découpées dans la tôle à l'emporte-pièce, qui grincent au vent.
Hugo, Le Rhin,1842, p. 143. − En constr. d'attribut avec valeur d'adj., au fig. et rare. Cf. coupant ex. 1.M.R.-C. était caustique et emporte-pièce : il avait élevé l'insolence jusqu'à la majesté (Sainte-Beuve, Poisons,1869, p. 28). − À l'emporte-pièce, loc. adv. En emportant la pièce. Hortic. Greffer à l'emporte-pièce (DG). Au fig. D'une manière directe, nette et franche et p. ext., d'une manière incisive, acerbe. Avoir des mots, des formules, des termes à l'emporte-pièce (cf. but ex. 9).Lancer un trait de satire, un mot à l'emporte-pièce (Martin du G., Thib.,Consult., 1928, p. 1065): 2. Elle ne sait pas, elle ne sent pas qu'un certain style à l'emporte-pièce, la dure frappe impitoyable − vraiment « à prendre ou à laisser » − de profil de médaille, la singularité un peu grosse, aveuglante, qui dompte et méduse la masse, n'éloigne que les demi-délicats...
Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. 126. Prononc. et Orth. : [ɑ
̃pɔ
ʀtəpjεs]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. 1611 cautere emporte-pièce (Cotgr.); 2. 1690 « instrument comportant une partie tranchante » (Fur.); 3. 1704 « propos mordant » (Trév.); id. « méchante langue » (ibid.); 4. 1865 à l'emporte pièce (Hugo, Chans. rues et bois, p. 250). Composé de l'élément verbal emporte* et de pièce*. Fréq. abs. littér. : 39. Bbg. Hotier (H.). Le Vocab. du cirque et du music-hall en France. Paris, p. 49, 166. − Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 145. |