| EMPILER1, verbe trans. A.− [Le compl. d'obj. désigne des choses] Mettre en pile, disposer l'un sur l'autre. Empiler qqc. sur qqc. empiler qqc. dans.C'était elle qui rangeait l'armoire à linge, empilant les mouchoirs et étalant les draps (Benjamin, Gaspard,1915, p. 92): 1. Pour les livres, nous nous serions fait tuer plutôt que de nous en dessaisir. On les empila dans un coin, le dictionnaire de Littré bien accessible, sur le tas, car on l'ouvrait à chaque instant, comme d'autres ouvrent la Bible.
Duhamel, Le Notaire du Havre,1933, p. 196. SYNT. Empiler du bois, des bûches, du linge, des vêtements, de la vaisselle, des assiettes. − Emploi pronom. à sens passif. Des traîneaux primitifs, (...) sur lesquels s'empilaient des caisses, des tonneaux, des charges énormes (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 246). B.− P. ext. 1. [Le compl. d'obj. désigne des choses] Entasser, accumuler. Empiler en tas, en pyramide : 2. Les brocanteurs empilaient dans l'obscurité des cuirasses de fer, des armes damasquinées, le cuivre et le cuir travaillés, comment n'y eût-il pas surpris les gestes qu'on ne surveille plus dès qu'on consent à sa misère, ...
É. Faure, Hist. de l'art,1921, p. 43. − Expr. Empiler des écus. ,,Amasser de l'argent`` (Ac. 1932). − Emploi pronom. à sens passif. Le grain nourricier s'empilant dans les granges (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 247).Une montagne de linge sale s'empile au beau milieu de la chambre de Michel (Cocteau, Par. terr.,1938, I, 2, p. 193). 2.− P. anal. [Le compl. d'obj. désigne des pers.] a) Presser, entasser dans un espace exigu. C'était une folie d'empiler cinq cents personnes dans un appartement où l'on aurait tenu deux cents à peine (Zola, Nana,1880, p. 1426).Au part. passé : 3. Ils s'étaient pressés fiévreusement, ils avaient été bousculés dans la gare, ils étaient empilés dans un compartiment de seconde, où ils ne pouvaient même pas s'accouder pour dormir : ...
Rolland, Jean Christophe,Antoinette, 1908, p. 904. b) Emploi pronom. Le métro fantastique où la foule est en train de s'empiler (Queneau, Pierrot,1942, p. 48). Rem. On rencontre ds la docum. a) Quelques attest. du part. passé adj. empilé, ée dans des cont. littér. Cette masse piétinante et empilée (Claudel, Visages radieux, 1947, p. 771). b) Empilade, subst. fém., synon. de empilement. Des faisceaux de fusils, des empilades de sacs, s'alignent à perte de vue sur la route (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 735). c) Empilée, subst. fém. Pile, empilement. Une formidable empilée de chapeaux de paille (A. Daudet, Jack, t. 1, 1876, p. 236). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃pile], (j')empile [ɑ
̃pil]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1erquart xiiies. (Renclus de Molliens, Miserere, 41, 4 ds T.-L.). Dér. de pile* « amas d'objets les uns sur les autres »; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 331. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 133, b) 483; xxes. : a) 706, b) 607. DÉR. 1. Empilage, subst. masc.Synon. de empilement.L'empilage des blouses et des pantalons de treillis repliés savamment sur eux-mêmes (Courteline, Train 8 h 47,1888, 1repart., p. 82).− [ɑ
̃pila:ʒ]. − 1reattest. 1679 « action, travail d'empiler » (J. Savary, Le Parfait négociant, Paris, t. 2, p. 480 d'apr. FEW t. 8, p. 477b); de empiler, suff. -age*. − Fréq. abs. littér. : 11. 2. Empileur, subst. masc.Personne qui empile. Leur génie [des Grecs] ne les conduit jamais à devenir des maçons. Ce sont des appareilleurs, c'est-à-dire des assembleurs et des empileurs de pierres (Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 7).− [ɑ
̃pilœ:ʀ]. − 1reattest. 1715 (Déclar. 22 oct., tarif ds Littré); de empiler, suff. -eur2*. BBG. − Dub. Dér. 1962, p. 30. |