| ÉMEUTE, subst. fém. A.− Vieilli. Émoi, émotion. Elle avait beau faire, Rosalie ne se livrait à aucune espèce d'émeute. La sèche dévote reprochait alors à sa fille sa parfaite insensibilité (Balzac, A. Savarus,1842, p. 18). B.− Mouvement, agitation, soulèvement populaire qui explose en violence à l'occasion d'une situation tendue. Atmosphère, jour d'émeute. Si on tardait à leur montrer leur Pucelle, cris, menaces, émeutes... tout était à craindre, même des massacres (France, J. d'Arc,t. 1, 1908, p. 310).En Parigotes émotives, elles [les figurantes] imaginent confusément, au seul mot de grève, la descente dans la rue, l'émeute, la barricade (Colette, Music-hall,1913, p. 119): 1. « Bagarres à Belfast! Émeutes sanglantes à Dublin! Échec lamentable de la conférence irlandaise de Buckingham! C'est une révitable guerre civile qui commence en Irlande...
Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 346. SYNT. Émeute sanglante, terrible; l'émeute des faubourgs, des ouvriers; une émeute de paysans; affronter, combattre l'émeute; calmer, fomenter, provoquer, réprimer une émeute; être à la tête de l'émeute; l'émeute fermente, gronde, se déchaîne; tourner en émeute; tourner à l'émeute. − P. métaph. Qu'est-ce que les convulsions d'une ville auprès des émeutes de l'âme? (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 383).Se sentir l'homme mal réveillé de son drame intérieur, de son éternelle révolution, de cette émeute en lui (Mauriac, Journal 2,1937, p. 184). C.− P. ext. Tapage, désordre, chahut, déchaînement. Émeute littéraire; une émeute de critiques. L'opéra ayant commencé plus tard qu'à l'ordinaire, il s'est fait une émeute dans le parterre (La Laurencie, Éc. fr. violon,1922, p. 253).Il se signale chaque semaine par une engueulade publique, un scandale, une émeute (Duhamel, Maîtres,1937, p. 120): 2. Cette courtisane [l'Olympia, par Manet] couchée nue sur un lit, avec une négresse portant un bouquet, et un chat noir, fit émeute.
Mauclair, Les Maîtres de l'impressionnisme,1904, p. 44. − Être assailli par une émeute de détails. Véronique se débattait au milieu d'une émeute de spectres (Bloy, Désesp.,1886, p. 158). Prononc. et Orth. : [emø:t]. Enq. /emøt, D/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1160-74 esmote « mouvement, explosion, éclatement (d'une guerre) » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 9909); 1326 spéc. en parlant de manifestations ou de soulèvements populaires Rebellions et esmuettes (A.N. JJ 64, fo87 vods Gdf. Compl.). Formé sur l'anc. forme esmeu du part. passé de émouvoir* d'apr. meute* au sens de « soulèvement, expédition, mouvement ». Fréq. abs. littér. : 708. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 827, b) 1 825; xxes. : a) 614, b) 957. |