| EMBONPOINT, subst. masc. A.− 1. Vx. Bon état ou bonne habitude du corps. ,,Il se dit surtout des personnes un peu grasses`` (Ac. 1835, 1878). 2. Mod. État d'une personne, d'une partie du corps bien en chair, un peu grasse. Avoir, prendre de l'embonpoint; embonpoint du cou, de la taille. Un gros homme, inconnu d'Alban, mais dont l'embonpoint était plein d'autorité, faisait signe à Esparraguera de rentrer (Montherl., Bestiaires,1926, p. 554).Faute de cette bière généreuse, leur embonpoint avait fondu, et cette débâcle les laissait vides, flasques (Van der Meersch, Invas.14, 1935, p. 321): 1. Une bonne grosse taille, un embonpoint de nourrice, des bras forts et potelés, des mains rouges, tout en elle [MlleCormon] s'harmoniait aux formes bombées, à la grasse blancheur des beautés normandes.
Balzac, La Vieille fille,1837, p. 311. B.− Spéc., PHYSIOL. État d'une personne dont la rondeur peut laisser présager l'obésité. Pour une jeune personne (...) chez laquelle l'application de la main et la percussion donnaient peu de résultat à raison de l'embonpoint (Laennec, Auscult.,t. 1, 1819, p. 7).L'embonpoint est le signal symptôme de l'obésité (Le Gendre dsNouv. Traité Méd.fasc. 7. 1924, p. 300). − P. ext. [En parlant d'animaux ou de végétaux] Un premier rôti de chapons, reconnaissables à leur embonpoint et à leur manque de crête (Pesquidoux, Livre de raison,1928, p. 163).Au potager avec les espaliers où prenaient, en septembre, d'étonnants embonpoints, les beurrés d'Amanlis, les doyennés du Comice, les duchesses d'Angoulême (Vialar, Clos Trois Mais.,1946, p. 205). C.− P. métaph. Ce monde-là prospère. Il prospère, vous dis-je! Embonpoint de la honte! époque callipyge! (Hugo, Châtim.,1853, p. 304).À présent toute la Roumanie afflue de nouveau à Bucarest (...) dont l'embonpoint augmente chaque jour (Morand, Bucarest,1935, p. 259): 2. Une fois la France entraînée, une fois son embonpoint bourgeois et ses habitudes casanières secoués, impossible de dire ce qui arrivera.
Renan, La Réforme intellectuelle et morale,1871, p. 63. Prononc. et Orth. : [ɑ
̃bɔ
̃pwε
̃]. Ds Ac. dep. 1694. Devant une consonne bilabiale la nasalité vocalique se marque, dans l'orth., par m. Embonpoint ne répond à cette règle qu'en ce qui concerne em. Étymol. et Hist. 1528 « air de bonne santé, bonne mine » (Cl. Marot, éd. A. Grenier, I, 392 ds Z. rom. Philol., t. 62, 1942, p. 40); ca 1540 « état du corps qui est bien en chair » (Id., II, 115, ibid., p. 41). Issu du syntagme en bon point 1164 « en bonne situation, condition » (G. d'Arras, Eracle, éd. Löseth, 2861); fin xiiies. « en bonne santé » (Chast. de Coucy2, 6514 ds T.-L.). Fréq. abs. littér. : 194. Bbg. Fahlin (C.). Embonpoint. Z. rom. Philol. 1942, t. 62, pp. 33-48. |