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EMBELLIR, verbe.
I.− Emploi trans.
A.− Rendre beau* ou plus beau.
1. [L'obj. désigne une pers. considérée du point de vue de ses qualités physiques] Antoine reporta son regard sur la mère. Tant de douceur et de tristesse embellissait ce visage fané (Martin du G., Thib.,Consult., 1928, p. 1104):
1. ... derrière elles descend Luce, légère comme un angora blanc, gentille avec ses boucles molles et mobiles, son teint de rose fraîche. Ne lui faudrait-il, comme à sa sœur, qu'une passion heureuse pour l'embellir tout à fait? Colette, Claudine à l'école,1900, p. 286.
Emploi pronom.
Réfl. dir. À son âge, une jeune personne devrait chérir la simplicité et savoir s'embellir à peu de frais (Sand, Valentine,1832, p. 12).
Réfl. indir. [L'obj. désigne un aspect du corps] Il [Grimm] se mettait du blanc pour s'embellir le teint (Guéhenno, Jean-Jacques,1950, p. 223).
Spéc. Faire apparaître plus beau que nature, avantager :
2. Il y a du ridicule dans la prétention du tyran qui se fait peindre, ou sa maîtresse, et qui veut que le modèle soit embelli, j'entends débarrassé de ces traits vulgaires et brutalement expressifs qui assurent la première ressemblance; ... Alain, Système des beaux-arts,1920, p. 251.
Absol. « Les photographies du père Franck embellissent toujours » (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1906, p. 303).
2. [L'obj. désigne une chose] Orner. La pharmacie (...)! Le soir (...) quand son quinquet est allumé et que les bocaux rouges et verts qui embellissent sa devanture allongent au loin (...) leurs deux clartés de couleur (Flaub., MmeBovary,t. 1, 1857, p. 82):
3. ... je n'ai pas le courage de parler des atroces gravures enluminées qui ont la prétention mal placée d'embellir les murailles [des habitations espagnoles]. Gautier, Tra los Montes,Voyage en Espagne, 1843, p. 106.
[Avec un compl. d'obj. second.] Je passai devant mon savetier à la jambe unique occupé d'embellir de filigranes d'or ses babouches (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 533).
B.− Au fig.
1.
a) Rendre plus attrayant, plus agréable. Vous aurez appris sans doute que mon fils était venu embellir ma solitude (J. de Maistre, Corresp.,t. 2, 1806-07, p. 116).La conversation s'engage avec d'autant plus de chaleur que tout le monde a senti le besoin d'embellir le voyage et d'en charmer les ennuis (Balzac, Début vie,1842, p. 351):
4. Madame Dupin de Chenonceaux aima religieusement cet homme de bien, partagea ses idées, embellit sa vieillesse par des soins touchants et reçut à Chenonceaux son dernier soupir. Sand, Histoire de ma vie,t. 1, 1855, p. 49.
Emploi pronom. à sens passif. Ces méditations confuses dont parfois mon isolement s'embellit (Barrès, Homme libre,1889, p. 176).
b) Rendre plus intéressant en ajoutant des détails plus ou moins exacts. Embellir une histoire, un récit. La prétendue trahison du poète fut alors envenimée et embellie des circonstances les plus aggravantes (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 500):
5. C'était un conte de fées. Grand-père y ajoutait un peu, pour embellir l'histoire; ... Rolland, Jean-Christophe,L'Aube, 1904, p. 20.
Absol. Il y a donc deux manières de falsifier : l'une par le travail d'embellir; l'autre, par l'application à faire vrai (Valéry, Variété II,1929, p. 105).
Emploi pronom. à sens passif. Les informations s'embellissaient en se propageant. Dans les journaux étrangers, elles s'agrémentaient de contresens (Rolland, J. Chr.,Amies, 1910, p. 1908).
2.
a) Donner plus de noblesse, de grandeur morale. Un ménage uni ne va jamais sans de petits sacrifices réciproques, qui grandissent et embellissent celui qui les fait (Gide, Geneviève,1936, p. 1396).Il faut des hommes sur la terre qui vivent comme gratuitement et dont la seule fonction soit de l'embellir et de l'anoblir (Guéhenno, Journal« Révol. », 1937, p. 26):
6. ... je ne crois pas que rien au monde embellisse une âme plus insensiblement, plus naturellement, que l'assurance qu'il y a quelque part, non loin d'elle, un être pur et beau qu'elle peut aimer sans arrièrepensée. Maeterlinck, Le Trésor des humbles,1896, p. 263.
b) Emploi pronom. à sens passif. Acquérir plus de noblesse, de grandeur morale. L'action terroriste s'embellissait tout d'abord du sacrifice que lui faisait le terroriste (Camus, Homme rév.,1951, p. 210).
II.− Emploi intrans. ou pronom. à sens passif. Devenir beau ou plus beau.
A.− Emploi intrans. Il était grandi et embelli, avec un certain air plus entreprenant et plus tapageur (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 388).
Au fond de nous, un être primitif (...) se réjouit avec confiance d'une suite de jours qui vont verdir, et de semaine en semaine, embellir (Barrès, Colline insp.,1913, p. 245).
Au fig. Les disparus embellissent dans le souvenir. On les habille pour toujours de leur sourire le plus clair (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 361).
Loc., fam. Ne faire que croître* et embellir.
B.− Emploi pronom. à sens passif. La population s'embellit, s'enlaidit dans un rapport exact avec le paysage (Michelet, Journal,1838, p. 277).Leurs visages s'embellirent de regards farouches et elles gardaient leurs enfants serrés contre la poitrine (Giono, Le Hussard,1951, p. 221).
Spéc. Paraître plus beau :
7. Le passé s'adoucit aux yeux de la souffrance, Autant qu'aux jeunes yeux où reluit l'espérance S'embellit l'avenir. Sainte-Beuve, Vie et pensées de Joseph Delorme,1829, p. 38.
Rem. 1. ,,Embellir se conjugue avec l'auxiliaire avoir, quand on veut exprimer l'action : il a embelli depuis quelque temps; avec l'auxiliaire être, quand on veut marquer l'état : comme cette femme est embellie!`` (Littré). 2. On rencontre ds la docum. a) Le part. prés. adj. embellissant, ante. Qui embellit. Cette lumière embellissante qui se répand aisément et fait croire à ce qu'on désire, à ce qu'on aimerait (Sainte-Beuve, Corresp., t. 2, 1818-69, p. 451). b) Le part. passé adj. embelli, ie. Qui est devenu plus beau. Il demanda comment allait madame des Aubels. − Très bien, répondit Maurice, un peu engraissée et très embellie (France, Révolte anges, 1914, p. 313). Ils font voir l'existence différente embellie, délicieuse (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Enragée? 1883, p. 882). c) Le subst. masc. embellisseur. Celui qui embellit. Les embellisseurs à contre-sens de cette malheureuse ville [de Caen], qui fut belle (Barb. d'Aurev., 3eMemorandum, 1856, p. 44).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃bε(e)li:ʀ], (j')embellis [ɑ ̃bε(e)li]. Var. en [e] ds Fér. 1768 et Crit. t. 2 1787 (var. orth. corresp. embélir ds Fér. Crit. t. 2 1787), Besch. 1845; Fél. 1851, Pt Rob. (5 dict. sur 16). Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1160 intrans. enbelir « plaire » (Eneas, 7999 ds T.-L.), seulement en a. fr.; 1165-70 trans. anbelir « rendre plus beau, parer » (Chr. de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 5525). Dér. de bel, beau*; préf. en-*; dés. -ir. Fréq. abs. littér. : 770 (embelli : 185). Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 132, b) 848; xxes. : a) 671, b) 594. Bbg. Duch. Beauté 1960, p. 48; pp. 55-59. − Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 35.