| EMBAUMEUR, EUSE, subst. A.− [Correspond à embaumer I] Domaine funéraire.Personne chargée d'embaumer les cadavres pour les empêcher de se corrompre. Une troupe d'embaumeuses dorait des cadavres dans la nuit bleue (Schwob, Monelle,1894, p. 144).Aussitôt que quelqu'un a poussé le dernier soupir, on l'emmène très vite, en Packard, chez l'embaumeur qui le farde et l'arrange. De sorte que si vous voyez enfin un visage très reposé et très rose, à New York, c'est un mort (Morand, New-York,1930, p. 275).Les embaumeurs, les fabricants de momies (Nizan, Conspir.,1938, p. 219): ... la momie apparut dans tout l'éclat de sa toilette funèbre (...), une vague et délicieuse odeur d'aromates, de liqueur de cèdre, de poudre de santal, de myrrhe et de cinnamome, se répandit par la cabine de la cange : car le corps n'avait pas été englué et durci dans ce bitume noir qui pétrifie les cadavres vulgaires, et tout l'art des embaumeurs, anciens habitants des Memnonia, semblait s'être épuisé à conserver cette dépouille précieuse.
Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 182. − P. compar. Le prodige calme de la lune aspirait par les fenêtres la vie de cette chambre ténébreuse, comme un embaumeur vide un crâne par les narines, remplaçant le souffle chaud de la vie par un éther glacial et vierge (Gracq, Beau tén.,1945, p. 193). − P. métaph. Tout pourrit et finit sans l'art. C'est l'embaumeur de la vie morte et rien n'a un peu d'immortalité que ce qu'il a touché, décrit, peint ou sculpté (Goncourt, Journal,1865, p. 209).Si l'éternité réserve à la personne humaine une métamorphose sublime, se peut-il qu'elle fasse, un jour, sortir de l'ombre quelque visage de ma mère que je ne connaîtrais pas encore? Ne va-t-elle pas plutôt, pour sa besogne d'embaumeuse, élire un des fantômes familiers qui se promènent dans mes songes? (Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 134). B.− [Correspond à embaumer II] Au fig. Personne qui prodigue les flatteries. Ces orateurs qui, montés au pinacle Et fiers de gouverner l'empire sans obstacle, Jettent force louange à leurs rivaux à bas, Les croyant à jamais dévolus au trépas; Encor des embaumeurs (Barbier, Satires,1865, p. 117). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃bomœ:ʀ]. Ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1556 (Saliat, Hérodote, Delb. Rec. ds DG). Dér. du rad. de embaumer*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér. : 26. |