| EMBAUCHER, verbe trans. A.− Embaucher qqn 1. Usuel. Engager (quelqu'un) contre un salaire, pour une durée plus ou moins longue, généralement en vue d'un travail manuel. Embaucher des terrassiers, des mécaniciens, des ajusteurs (Ac. 1932). Il [M. de Berryais] embaucha douze hommes au Port-Dieu avec l'ordre d'explorer le rivage (Malot, R. Kalbris,1869, p. 51).Un grand restaurant où s'affairent les filles de ferme embauchées pour la journée (H. Bazin, Vipère,1948, p. 238). ♦ Emploi pronom. réfl. Se faire embaucher, s'embaucher. Voilà un garçon qui vient des paquebots, qui voudrait s'embaucher (A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 205).Tu t'es fait embaucher comme simple ouvrier dans une filature de Roubaix (Duhamel, Maîtres,1937, p. 57). ♦ Emploi abs., fam. Engager des ouvriers. − On embauche ici? − Qu'est-ce que vous savez faire? (Hamp., Champagne,1909, p. 87). − Emploi intrans., région. [Suivi d'un compl. de temps] Prendre son travail (à un certain moment de la journée). Sa journée ne commence qu'au soir, il [Saint Judas] n'embauche qu'à l'onzième heure (Claudel, Corona Benignitatis,1915, p. 408). Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. embauchée, vx ou régional. Commencement du travail dans les ateliers des arsenaux maritimes. Dans la rue, on entendait ce bruit caractéristique des bas quartiers de Brest aux heures d'embauchée (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 222). 2. P. ext., fam. a) Vieilli. Enrôler par adresse (des hommes) dans l'armée de métier, sous l'ancien régime militaire. Il l'a embauché fort adroitement (Ac.1835, 1878).P. ext., vieilli. Entraîner (des soldats) à passer à l'ennemi, dans un parti rebelle, ou à déserter. Cf. débaucher : Un ancien magistrat (...) cause, sur le pont de la Concorde (...) avec des officiers; des gens de police l'accostent : − Vous embauchez l'armée. Il se récrie...
Hugo, Histoire d'un crime,1877, p. 136. b) Entraîner (quelqu'un) avec soi dans une activité, une affaire, une aventure. P. ext. Attirer et enrôler (quelqu'un) dans un parti, un clan, un groupement. C'est à croire qu'il [D'Esparbès] a été embauché par quelque loge maçonnique (Bloy, Journal,1895, p. 183). B.− Embaucher qqc.P. métaph. ou au fig., rare. Mettre (quelque chose) à contribution. Méline rêve, pour se maintenir au pouvoir, d'embaucher dans la république le parti de la monarchie (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 105).Tout système d'éducation (...) leur apparaît mal fondé [aux enfants], s'il n'embauche pas leur piété filiale (H. Bazin, Vipère,1948, p. 60). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃boʃe]. Enq. : /ãboʃ, D/ (il) embauche. Ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1564 « engager un ouvrier en vue d'un travail » (Thierry d'apr. DG). Formé comme anton. de débaucher*, par substitution de préf. Cf. aussi dès 1389 pic. embauquier « garnir de poutres » ds Gdf., dér. de bau*, bauche; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 158. Bbg. Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 156; t. 3 1972 [1930], p. 12, 331. |