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EMBARRER, verbe trans.
A.− Emploi trans. [Correspond à barre I] Introduire une barre.
1. [Le but ou le résultat de l'opération est de bloquer ou d'entraver]
a) Bloquer (les roues d'un véhicule) avec des barres. Si l'on atteint la pente de glissement, lors même que toutes les roues seraient embarrées, [le véhicule] descendrait encore à l'état de traîneau (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 697).
P. méton. [Le compl. d'obj. désigne un véhicule] :
Je voulais embarrer le chariot d'Ézéchiel [char de Yahvé apparu à Ézéchiel, cf. Ézéch. I, 10 599], forcer la main à Celui qui règne dans les cieux, et qui gouverne les Républiques, comme dit Bossuet : et c'était envers l'Humanité que je me rendais sacrilège! J'en suis puni : mea culpâ. Proudhon, Les Confessions d'un révolutionnaire pour servir à l'hist. de la Révolution de fév.,1849, p. 276.
b) Emploi pronom. réfl. [Le suj. désigne un cheval] S'embarrasser les jambes dans les barres de la stalle. Un cheval qui s'embarre (DG).
2. [Le but de l'opération est de soulever ou de manœuvrer qqc.]
a) ARTILL. ,,Agir sous [un] affût, avec un levier, tel qu'un anspect, et de manière à diriger le pointage de la pièce plus vers l'avant ou vers l'arrière`` (Bonn.-Paris 1859). Embarrer un levier, un anspect.
Rem. 1. Emploi attesté dans la majorité des dict. 2. Le syntagme embarrer un levier, un anspect apparaît dans Lar. 19e-20e; Quillet 1965 enregistre embarrer un levier de canon.
Emploi abs. Il fallait [étant artilleur à pied dans une batterie de douze] (...) embarrer, débarrer à la chèvre (Vidocq, Mém.,t. 2, 1828-29, p. 118).
b) P. ext., TECHNOL. ,,Engager un levier sous un fardeau pour le soulever, ou dans les mortaises d'un treuil pour le faire agir ``(Jossier 1881).
B.− Emploi intrans., MAR. [Correspond à barre I A 1] Agir mal à propos et sans adresse sur la barre. Les mauvais matelots embarrent constamment, et font perdre au navire un nœud sur dix, en moyenne (Lar. 19e).
Rem. La docum. atteste 1. Embarreur, subst. masc., mar., au fig. Courtisans de la multitude, c'est vous qui êtes les embarreurs de la révolution (Proudhon, Révol. soc., 1852, p. 57). 2. Embarrure, subst. fém. α) Art vétér. ,,Contusion ou écorchure provenant de ce qu'un cheval s'est débattu après s'être embarré`` (Littré). β) Dans la lang. des couvreurs. Maçonnerie scellant les bords d'une tuile faîtière aux tuiles de la couverture. Le joint entre chaque faîtière est rempli par une crête en plâtre ou ciment; le calfeutrement de chaque côté avec la couverture prend le nom d'embarrure (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 4, 1928, p. 42).
Prononc. : [ɑ ̃baʀe]. Également [ɑ ̃bɑ ʀe] (Barbeau-Rodhe 1930). Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1165 « défoncer (comme si on y avait enfoncé une barre) » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 10765) − 1611, Cotgr.; 2. 1838 « placer un levier sous un fardeau pour le soulever » (Ac. Compl. 1842). B. 1. 1306 « placer, aligner comme entre des barres » (G. Guiart, Royaux lignages, éd. de Wailly et Delisle, 11833); début xves. « enfermer comme entre des barres » (Quinze joyes de mariage, éd. J. Rychner, prol., p. 5, 140); 2. 1690 terme de manège s'embarrer (Fur.). Dér. de barre*, préf. en-*, dés. -er; le recours à l'ital. imbarrare pour expliquer le sens B 2 n'est pas nécessaire (Batt. ne donne pas d'attest. pour ce sens). Fréq. abs. littér. : 1.