| EMBARRAS, subst. masc. A.− Obstacle au passage résultant d'une accumulation. Quelques gouttes de pluie tombèrent. L'embarras des voitures augmenta (Flaub., Éduc. sent.,t. 2, 1869, p. 8). − [Sans compl.] Vx. Il semblait que le fleuve des fiacres et des piétons augmentât, dans un enchevêtrement inextricable; tandis que le bureau des omnibus aggravait les embarras (Zola, Argent,1891, p. 29). − P. anal., MÉD. Il me reste une dernière remarque à faire : c'est que quelquefois les fièvres intermittentes sont accompagnées d'embarras et d'obstructions dans les viscères (Geoffroy, Méd. pratique,1800, p. 11).Embarras des voies respiratoires. Je me lève avec un tel embarras dans les bronches (Goncourt, Journal,1888, p. 766).Embarras gastrique. Qui empêche les aliments d'être digérés facilement. Un léger purgatif sera utile s'il existe de la constipation ou un état d'embarras gastrique (Nélaton, Pathol. chir.,t. 1, 1844, p. 5).Embarras intestinal (Bloy, Journal,1907, p. 305). ♦ Spéc., vx. État de grossesse. Madame Cornouiller pressa Gudule de nommer l'homme qui, ayant abusé d'elle, la laissait ensuite dans l'embarras (France, Crainquebille,Putois, 1904, p. 72). B.− Au fig. 1. Gén. au plur. Obstacle qui arrête, qui gêne la réalisation de quelque chose. S'il connaissait mieux le Matelot, ce faiseur d'embarras!... (Pourrat, Gaspard,1925, p. 58): 1. ... « plus nous avons rencontré d'embarras dans la voie où nous nous étions engagé, dit M. Hauréau, plus l'entreprise nous a souri... »
Langlois, Seignobos, Introd. ét. hist.,1898, p. 99. − En partic. Difficultés financières : 2. Si l'État, à la suite de la guerre, est tombé dans de nouveaux embarras financiers, ces embarras n'ont rien de tragique et la France en a vu de pires.
Bainville, Histoire de France,t. 1, 1924, p. 289. 2. Au sing. (dans diverses loc.). a) Gêne résultant d'une situation difficile. Éprouver de l'embarras; mettre dans l'embarras; sortir, se tirer d'embarras. En prenant un ton de légèreté qui eût fait deviner son embarras, si Maurice avait eu quelque raison pour le pénétrer (Golzan, Notaire,1836, p. 72): 3. Si son extrême indulgence veut bien avoir pitié de l'embarras où je me trouve et pardonner ce qu'il peut y avoir de léger dans l'expression en faveur de ce qu'il y a de sincère dans le sentiment...
J.-J. Ampère, Corresp.,1827, p. 456. b) P. ext. État d'esprit qui résulte d'une situation difficile; incertitude intellectuelle. Avoir l'embarras du choix. Les missionnaires ont été dans le plus grand embarras pour trouver un terme chinois signifiant Dieu (Renan, Avenir sc.,1890, p. 178): 4. ... afin de cacher l'embarras que me donne une situation toute nouvelle.
Mmede Krüdener, Valérie,1893, p. 32. Prononc. et Orth. : [ɑ
̃baʀa]. Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930 disent [ɑ
̃baʀ
ɑ]. Hésitation confirmée par Rouss.-Lacl. 1927, p. 135. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1552 fr. de la Flandre esp. embarras plur. « obstacles qui entravent la circulation » (Coutumes de Renaix, IX, 1 ds Nouv. Coutumier Général, t. I, p. 1144); 1561 embaras « situation difficile » (Corresp. de Catherine de Médicis, I, 243 ds Barb. Misc. 7, no8); 1660 « état de celui qui ne sait que faire, que penser » (Corneille, Examen de Rodogune ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. IV, p. 426). Déverbal de embarrasser*. Fréq. abs. littér. : 2 500. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 177, b) 4 167; xxes. : a) 3 032, b) 2 156. Bbg. Sain. Arg. 1972 [1907], p. 23, 102. − Spitzer (L.). Z. fr. Spr. Lit. 1917, t. 44, p. 221. |