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EMBARQUER, verbe.
I.− Emploi trans.
A.− [L'obj. désigne une pers.]
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Faire monter à bord d'un bateau, d'un navire, pour un déplacement. Embarquer l'armée (Ac.1798-1932).Anton. débarquer.
Emploi pronom. réfl. Monter à bord d'un bateau. Sigognac, resté seul, éprouva la sensation des gens qui s'embarquent et que leurs amis quittent sur la jetée du port (Gautier, Fracasse,1863, p. 51).
P. métaph. :
1. ... il n'y avait point pour lui [Mazarin] de planche plus solide et plus sûre où il pût s'embarquer que le cœur de cette princesse espagnole, romanesque et fidèle, et que ce vaisseau-là, réputé le plus fragile par les sages, résisterait cette fois à toutes les tempêtes. Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 2, 1851-62, p. 254.
Loc. fig. S'embarquer sans biscuit (cf. biscuit1ex. 2).Partir en voyage sans le nécessaire; s'engager dans une affaire sans les moyens nécessaires à sa réussite. M. Tailland pense à tout, et n'est pas homme à s'embarquer une seule fois sans biscuit (Sand, Meunier d'Angib.,1845, p. 356).
b) P. ext.
Faire monter à bord d'un moyen de transport quelconque. Grand-Louis ayant embarqué les deux domestiques dans les diligences de Paris (Sand, Meunier d'Angib.,1845p. 149):
2. Je me réjouissais même, il faut bien le dire, de ces jours où, les transports publics étant en grève, j'avais l'occasion d'embarquer dans ma voiture, aux points d'arrêt des autobus, quelques-uns de mes malheureux concitoyens, empêchés de rentrer chez eux. Camus, La Chute,1956, p. 1484.
En partic. [Le suj. désigne une force de police] Interpeller et contraindre à monter dans un véhicule de police. Louise (...) prise dans une râfle ordinaire, elle avait été identifiée, une rare déveine, et évidemment aussitôt embarquée (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 244).Mais y [les flics] vont m'emballer! se récria Mario. (...) Oui, y vont t'embarquer (Le Breton, Rififi,1953, p. 122).
Emmener avec soi (avec rapidité, de façon imprévue). Si elle [Violette] piquait un vrai cave, elle l'embarquait au « Pélican » à deux pas... en face du Louvre (Céline, Mort à crédit,1936, p. 524).
c) Au fig., souvent péj.
Embarquer dans.Entraîner dans, engager à (quelque chose de désagréable, d'aléatoire, ou de risqué dont on ne peut se dégager facilement). Embarquer dans une affaire, une aventure :
3. − « Le plus rigolo », reprit Bouvier, avec un rire étouffé, « c'est qu'ils croient nous embarquer dans une guerre nationaliste! Ils ne se doutent pas que, avant un mois, ce sera la guerre civile! » Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 618.
Emploi pronom. réfl. Il serait peut-être imprudent de m'embarquer dans ce sujet [la pédérastie] (Du Bos, Journal,1927, p. 360).
Être embarqué (souvent dans un cont. négatif).Être entraîné dans une situation (souvent fâcheuse). Je fis couler mon bain, je plongeai dans l'eau tiède tout en me disant que nous étions bien mal embarqués (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 315).
2. [P. méton. du suj.]
a) [Le suj. désigne un bateau] Prendre à son bord. Le brick vint au port embarquer ses matelots (Balzac, Langeais,1834, p. 349).
b) P. ext. [Le suj. désigne un moyen de transp. quelconque] Sur la route, notre diligence embarque un paysan du comté (Michelet, Chemins Europe,1874, p. 76).
B.− [L'objet désigne un inanimé concr.]
1. [Le suj. désigne une pers. ou p. méton. un bateau]
a) Charger à bord (d'un bateau, d'un navire). Embarquer du charbon. Le bateau, en passant par Bordeaux, y a embarqué des vins pour l'Angleterre (Ac.1932).
Emploi pronom. à sens passif. Tout ce que vous envoyez au marché s'embarque à votre quai, avec une extrême facilité (Crèvecœur, Voyage,t. 3, 1801, p. 254).
b) P. ext.
Charger à bord d'un autre moyen de transport. La comparaison des tonnages embarqués par le rail et par le fer s'établit ainsi par les diverses catégories de marchandises (Nav. intér. Fr.,1952, p. 21):
4. Des employés pressés et costauds embarquaient, arrimaient à grand fracas de métal dans les voitures de tête de rame, les coffres lourds... Arnoux, Double chance,1958, p. 141.
Pop. Emporter avec soi (avec précipitation, par mégarde ou avec l'intention de voler). Un homme de son âge et de sa situation ne devait pas embarquer les bouteilles de champagne ou les briquets (Trignol, Pantruche,1946, p. 40).
c) Au fig. [L'obj. désigne un inanimé abstr.] Mener, diriger. J'embarquai fort mal toute cette affaire, je le confesse (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 785).La conversation était mal embarquée; des mots qu'on se dit à soi-même à ceux qu'on prononce tout haut, le passage n'est pas facile (Beauvoir, Mandarins,1954p. 240).
2. Domaine de la nav.[Le suj. désigne un bateau ou, p. méton. du suj., des pers.] Embarquer (de) l'eau. Laisser entrer l'eau. Nos mâts de hune étaient rompus, nos chaloupes emportées, le gaillard d'arrière rasé, et nous embarquions l'eau à chaque tangage (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 359).
Emploi abs. La mer est forte, nous embarquons (Ac.1932).À de certains coups de lame, l'avant de la corvette embarquait (Hugo, Quatre-vingt-treize,1874, p. 22).
II.− Emploi intrans.
A.− [Le suj. désigne une pers.] Monter à bord d'un bateau pour un déplacement. Dans la soirée, nous embarquions à bord du croiseur « Lorraine II » (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 449).Le total des passagers embarquant dans des ports français ou y débarquant est, malgré l'avion, en constante augmentation (M. Benoist, Pettier, Transp. mar.,1961, p. 63).
En partic. Monter à bord d'un bateau comme membre de l'équipage. Les jeunes officiers qui embarquaient sous ses ordres pour la première fois n'étaient pas très rassurés (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 14).
B.− [Le suj. désigne l'eau, les vagues] Pénétrer dans un bateau. L'eau embarque (Ac.1932).La mer était comparativement calme, de sorte qu'elle n'embarquait plus sur le brick que par le travers (Baudel., Avent. Pym.,1858, p. 115).Le revers des vagues embarquait par masses d'eau considérables (Verne, Enf. cap. Grant,t. 3, 1868, p. 39).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Embarqué, ée, en emploi adj. Qui est transporté à bord d'un bateau. L'aviation embarquée se développa sensiblement non seulement en quantité, mais aussi en qualité dans les pays où l'aviation basée à terre était intégrée organiquement dans la marine (Le Masson, Mar., 1951, p. 25). Les droits de « conduite », par exemple, sont fixés d'après la qualité du navire, le genre de navigation, la quantité des marchandises embarquées et débarquées (M. Benoist, Pettier, op. cit., p. 165). b) Embarqueur, subst. masc., rare. ,,Ouvrier de gare, de parc à bestiaux chargé d'assurer l'embarquement, le débarquement de ceux-ci`` (Mét. 1955). Faut aussi que vos transports et que vos assurances marchent comme al'doivent, que vos embarqueurs embarquent comme y savent que vous le faites vous-même (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 274).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃baʀke], (j')embarque [ɑ ̃baʀk]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1419 s'enbarchier « monter à bord d'un bateau » (N. de Caumont, Voyaige d'oultremer à Jhérusalem, éd. de la Grange, p. 76); 1511 ambarquer (Lettres de Louis XII, éd. de 1712, t. 2, p. 285 ds Delboulle, Notes manuscr. Bibl. Sorbonne : Il avait laissé ses gens d'armes prets pour ambarquer). Dér. de barque*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 1 420. Fréq. rel. littér. : xixes. a) : 2 644, b) 2 166; xxes. : a) 1 200, b) 1 896. Bbg. Chautard (É.) La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 513. − Dulong (G.). L'Infl. du vocab. mar. sur le franco-can. In : [Mél. Straka (G.)]. Lyon-Strasbourg, 1970, t. 1, p. 336. − Juneau (M.). R. Ling. rom. 1973, t. 37, p. 481.