| ÉGOTISTE, adj. et subst. A.− Qui fait constamment référence à soi. Un écrivain, un philosophe égotiste. P. méton.
Œuvre, style égotiste. Les états d'âme égotistes du poète et ses errements sentimentaux (Vilar, Tradition théâtr.,1963, p. 98). − Emploi subst. Cette idée d'écrire ma vie me sourit, oui, mais cette effroyable quantité de JE et de MOI? (...) JE et MOI, ce serait, moins le talent, comme M. de Chateaubriand, ce roi des égotistes (Stendhal, H. Brulard,t. 1, 1836, p. 15). B.− Synon. de égocentrique, égoïste.Le goût pour les enfants, l'affairement autour des enfants ne signent pas à eux seuls le sentiment maternel sain, celui qui enrichit l'enfant et enrichit la mère : il doit montrer aussi le sacrifice des aspirations égotistes à un autre voulu pour lui-même (Mounier, Traité caract.,1946, p. 99). − Emploi subst. Un égotiste absolu, d'une extraordinaire énergie de dédain à l'égard de tous (Bourget, Disciple,1889, p. 83).Les sociétés modernes, composées d'hommes trop « égotistes », sont menacées de périr, parce qu'elles sont une poussière d'individus (Maurois, Mes songes,1933, p. 177). C.− Qui manifeste l'exaltation du moi dans son unicité : Le Cogito me fait l'effet d'un appel sonné par Descartes à ses puissances égotistes. Il le répète et le reprend en plusieurs endroits de son œuvre, comme le thème de son moi, le réveil sonné à l'orgueil et au courage de l'esprit.
Valéry, Variété IV,1938, p. 229. Prononc. et Orth. : [egɔtist]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1726 (Le Spectateur ou le Socrate moderne, éd. 1737, VI, 10 ds Barb. Infl., p. 32 : Peut-être que le plus grand égotiste qu'il y ait jamais eu au monde, est Michel de Montaigne, le célèbre auteur des Essais). Empr. à l'angl.egotist (1714, Addison, Spect. no562, p. 4 ds NED : the most Egotist ... was Montaigne, the author of the ... Essays). Fréq. abs. littér. : 21. Bbg. Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 246. |