| * Dans l'article "DÎME,, subst. fém." DÎME, subst. fém. A.− HISTOIRE 1. HIST. ANC. Dixième partie des récoltes prélevée chez les Juifs pour être offerte à Dieu ou donnée aux lévites. Synon. tribut.Les Juifs payaient la dîme aux lévites (Ac.1835, 1878). 2. DR. FÉOD. Impôt sur les récoltes (de fraction variable, parfois le dixième) prélevé par le clergé ou la noblesse. Dîme royale. Synon. impôt, taxe.Les dîmes ont été abandonnées ce matin à la manière française, par emportement (Staël, Lettres jeun.,1789, p. 323).L'abolition de la dîme et des redevances seigneuriales éliminèrent le ferment révolutionnaire de l'esprit des possédants ruraux (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 600).Cf. carnassier ex. 2 et champart A. − Vx. Grosses dîmes. Dîmes levées sur les gros fruits, comme le blé et le vin (d'apr. Ac. 1798-1878). Menues dîmes. Celles levées sur les menus grains et sur le menu bétail (d'apr. Ac. 1798-1878). Vertes dîmes. Celles levées sur les légumes, le chanvre, etc. (d'apr. Ac. 1798-1878). 3. P. ext. a) [La dîme est imposée] Impôt en nature s'élevant au dixième des récoltes. La dîme ou l'impôt foncier, qui se perçoit en nature. Le percepteur assiste au battage des grains, à la cueille du tabac, à la fabrication de l'huile, et il prélève immédiatement un dixième de la récolte (About, Grèce,1854, p. 303). b) [La dîme est offerte] Gratification en nature, selon un pourcentage déterminé. Dîme du butin. Crassus eut beau donner au peuple la dîme de ses biens, lui servir un festin de dix mille tables (Michelet, Hist. romaine,1831, p. 205).Il [Melchissédec] bénit Abraham et celui-ci lui octroya la dîme des dépouilles des rois vaincus de Sodome et de Gomorrhe (Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 182). 4. P. anal. Prélèvement arbitraire, taxe. La vieille (...) se permit de prélever une dîme sur la treille en choisissant les plus belles grappes (H. Bazin, Bur. mariages,1951, pp. 219-220).Services municipaux qui prélèvent une dîme sur chaque terrasse [des restaurants et des cafés] (Jocard, Tour. et action État,1966, p. 97). B.− Au fig. Leur consentement [de Marianne et Mathieu] allait être leur part de cruel sacrifice (...) la dîme que la vie prélevait sur leur tendresse, sur leur sang (Zola, Fécondité,1899, p. 660).La dîme de l'esprit est plus lourde que celle du sang (Carco, Nost. Paris,1941, p. 113). − P. métaph. La tradition veut, en effet que l'Éthiopie soit un fief offert par Jésus-Christ à sa mère, et accepté par elle comme dîme de l'Univers (Tharaud, Passant Éthiopie,1936, p. 144). Prononc. et Orth. : [dim]. Ac. 1694 et 1718 admettent 3 formes : dîme, disme ou dixme; Ac. 1740 et 1762 n'acceptent plus l'anc. disme mais encore dixme dont on souligne ,,qu'on ne prononce point l'x qui ne sert qu'à allonger la première syll.`` Ac. 1798-1932 notent uniquement dîme. Les mêmes éd. de Ac. qui donnent dixme, écrivent aussi les dérivés dixmer, dixmeur. Avec abîme, dîme est le seul mot en [im] (à part les formes verbales) à s'écrire avec un accent circonflexe. Étymol. et Hist. Ca 1135 subst. masc. disme « le dixième » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 2265); 1160-74 subst. fém. diesme « la dixième partie, ici d'une troupe » (Wace, Rou, éd. A.-J. Holden, III, 4707); 1174-76 hist. médiév. disme « fraction de récolte versée à l'église (ou au seigneur) » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 109); ca 1450 hist. juive (Myst. Vieil Testa nent, éd. J. de Rothschild, XV, 8248 : Les dismes des biens de ce lieu); 1560 (Calvin, Serm. sur la Genese, 3ede Melchisedec − XXIII, 670 − ds Hug.); 1829 (Boiste : Dîme. Contribution illégale); 1836 lever la dîme « faire un prélèvement non permis » (Bérang., Escl. gaulois ds Littré). Du lat. decima (pars.), v. décime (l'a. fr. connaît l'adj. disme, ca 1100 Roland, éd. J. Bédier, 3084 − xives. Christ. de Pis. ds Gdf.). Fréq. abs. littér. : 119. DÉR. Dîmeur, subst. masc.,vx. Personne préposée à la collecte de la dîme. Dîmeur de tel lieu (Ac.1798-1878).Synon. décimateur.− [dimœ:ʀ]. Ds Ac. 1694-1878. Pour les var. cf. supra. − 1resattest. 1174-78 desmëor « celui qui lève la dîme » (E. de Fougères, Manières, 786 ds T.-L.), 1345 dismeur (Arch. JJ 75, fo97 vods Gdf.); de dîme, suff. -eur2*; cf. lat. médiév. decimator (décimateur*). BBG. − Neufbourg, gonon (M.). Les Dîmes. Add. au t. XV des Chartes du Forez. Mâcon, 1960, pp. 29-58. |