| * Dans l'article "DÉTERRER,, verbe trans." DÉTERRER, verbe trans. A.− Tirer de terre 1. [ce qui s'y trouve enfoui] . Déterrer des racines, des pommes de terre. Synon. arracher.On les retrouva dans la matinée, occupés à déterrer des salades, dans différents jardins (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 163).Une nuit, je vis en rêve Zerbin gratter la terre de ses pattes et déterrer un oignon de jacinthe (France, Pt Pierre,1918, p. 43): 1. De mon groin mobile, dans les sables chauds c'est moi qui vais déterrant la truffe de Lybie et qui écrase sous mes molaires sa chair savoureuse.
Flaubert, La Tentation de St Antoine,1849, p. 212. 2. [ce qu'on y a caché] . Déterrer un trésor, un obus. En une seconde, j'eus déterré le coffret à l'aide de la bêche (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 641): 2. ... même elle la chérissait tant [sa poupée], qu'elle l'avait enterrée en cachette, dans un coin de la cour; et plus tard, prise du besoin de la revoir et l'ayant déterrée, elle s'était rendue malade de peur, en la retrouvant si noire et si laide.
Zola, Une Page d'amour,1878, p. 1026. Rem. On rencontre dans la docum. l'expr. déterrer la hache de guerre. Ouvrir les hostilités. Il n'a pas encore déterré la hache de guerre (Maurois, Silences Bramble, 1918, p. 74), p. allus. aux « fêtes indiennes où l'on enterre le tomahawk, en signe de paix » (cf. Morand, New York, 1930, p. 8). − Spéc. Tirer de sa sépulture (une personne morte). Déterrer un mort, un corps, un cadavre. Synon. exhumer (dans la lang. soutenue).On édifie une chapelle. Puis on y inhuma le prince Luigi, déterré du Père-Lachaise où il avait reposé jusqu'alors (Queneau, Pierrot,1942, p. 73): 3. Il se glissa entre les tombes et fut témoin d'un acte horrible de profanation. Un homme avait déterré le cadavre d'une jeune femme ensevelie la veille, et il le tirait hors de la tombe. Une petite lanterne sourde, posée sur un tas de terre, éclairait cette scène hideuse.
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, La Tombe, 1884, p. 965. − P. métaph. Tirer de l'oubli. Déterrer des souvenirs, des griefs. Synon. ressortir, ressusciter, raviver.Mais, diable! Est-ce le moment de déterrer une histoire vieille de quinze ans? (Chardonne, L'Épithal.,1921, p. 191): 4. Nous nous amusions à déterrer de notre enfance chaque minute qui pouvait avoir été la même pour nous deux. Nous cherchions des amis communs, à leur défaut des amis symétriques.
Giraudoux, Simon le Pathétique,1926, p. 102. B.− Au fig. Finir par trouver, découvrir, après avoir longtemps cherché. Synon. dénicher, dégoter (fam.). 1. [Une pers. qui était ignorée, ou cachée, ou difficile à trouver] Imaginez-vous qu'il a déterré un mari pour Pauline. C'est gentil, vous ne trouvez pas? (Zola, Page amour,1878, p. 1053): 5. On battit tous les cabarets de la ville, tous les cafés. Enfin on le déterra [le guitariste] avec son ami, (...) parfaitement ivre, ...
Baudelaire, Les Paradis artificiels,1860, p. 331. 2. [Une chose qui était cachée ou difficile à trouver, ou inconnue] a) [Un obj. concr. caché ou ignoré] Déterrer un manuscrit, des documents : 6. Par un hasard providentiel, ils déterrèrent à Balleroy, chez un étameur, un vitrail gothique et il fut assez grand pour couvrir, près du fauteuil, la partie droite de la croisée jusqu'au deuxième carreau.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 1, 1880, p. 104. b) [Un inanimé abstr. caché, ou ignoré, ou inconnu] Et la liturgie de la prise d'habit et de la profession, avez-vous enfin déterré des renseignements sur elle? (Huysmans, Oblat,t. 1, 1903, p. 203). Prononc. et Orth. : [detε
ʀe] ou, p. harmonis. vocalique, [deteʀe]; (je) déterre [detε:ʀ]. Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787 et Gattel 1841 recommandent de prononcer ,,r forte``. Admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1140 (Pélerinage Charlemagne, éd. E. Koschwitz, 464 : Tresk'il seit pleine hanste de tere desterez; av. 1615 fig. « découvrir quelque chose ou quelqu'un de caché » (E. Pasquier, Les Recherches de la France, éd. 1665, 798); 1718 part. passé subst. avoir un visage de déterré (Le Roux, p. 161). Anton. de enterrer*; préf. dé-* par substitution. Fréq. abs. littér. : 198. DÉR. 1. Déterrage, subst. masc.a) Action de déterrer. Synon. déterrement.Alors reprirent les pérégrinations sans fin, les longs déterrages sous les pommiers des bois, les patientes glanes aux buissons secoués de leur neige (Pergaud, De Goupil,1910, p. 62).Agric. Action de soulever de terre le soc d'une charrue. Le déterrage et le terrage des charrues polysocs se font à la main, pour les charrues à chevaux et automatiquement pour les charrues à tracteur (Ballu, Mach. agric.,1933, p. 109).b) Chasse. Action de chasser certains animaux comme le blaireau ou le renard en les bloquant dans leur terrier. − [detε
ʀa:ʒ]. − 1reattest. 1874 (Extr. du Journ. d'Agric. prat. ds Journ. offic., 16 oct., p. 7051, 2ecol. ds Littré); du rad. de déterrer, suff. -age*. − Fréq. abs. littér. : 1. 2. Déterreur, subst. masc.a) Celui qui déterre. Déterreurs de cadavres (Musset, Revue des deux Mondes,1832, p. 610).La muse avait toujours un vautour auprès d'elle; Féroce, elle menait aux champs ce déterreur (Hugo, Légende,t. 4, 1877, p. 731).Au fig. Déterreur de livres rares. Oh! l'ennuyeux écrivain [Walter Scott]! − Un poudreux déterreur de chroniques! (Baudel.Fanfarlo,1847, p. 531).b) Chasse. Celui qui pratique le déterrage. − [detε
ʀ
œ:ʀ]. − 1reattest. av. 1692 (Ménage ds Trév. 1732); de déterrer, suff. -eur2*. − Fréq. abs. littér. : 2. BBG. − Gottschalk Redens. 1930, p. 404 (s.v. déterré). |