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DÉSHONNEUR, subst. masc.
A.− Perte de l'honneur. Synon. honte, indignité, opprobre.Ce qui est vil n'a pas le pouvoir d'avilir; l'honneur seul peut infliger le déshonneur (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 30).Comment persuader ce peuple que l'avenir est dans la victoire, le déshonneur dans la capitulation, le devoir dans la liberté (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 531):
1. Le déshonneur est la condition de l'homme qui a goûté l'ivresse reçue, et qui se borne dans la suite à l'attendre ou à la chercher. C'est l'état de celui qui, ayant choisi la guerre, ne peut ou ne veut la faire. Alain, Propos,1922, p. 454.
Prier, presser qqn de son déshonneur. L'obliger à commettre des actes qui le déshonoreraient; fam. prier une femme de son déshonneur (Ac. 1798-1878) :
2. Il y a, par exemple, la fille d'un pâtissier, que son père envoie porter des gâteaux chez un galant châtelain. Celui-ci la retient jusqu'à la nuit close, et ne veut plus la laisser partir. Pressée de son déshonneur, elle feint de céder,... Nerval, Les Filles du feu,Chansons et légendes du Valois, 1854, p. 633.
P. litote. Ne pas faire déshonneur (à qqn). Lui faire honneur. Une cousine d'environ seize ans, dont la figure et le caractère ne font point du tout de déshonneur à la famille, une fort belle personne (Courier, Lettres Fr. et It.,1812, p. 856).
P. méton. Situation de celui, de celle qui est déshonoré. Me plaît le père qui, son fils ayant péché, s'en attribue à soi le déshonneur, s'installe dans le deuil et fait pénitence. Car son fils est de lui (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 874).
En partic. Situation d'une femme qui a été séduite. L'espèce de folie qui travaille une fille quand, pour cacher son déshonneur, elle doit épouser son séducteur (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 694).
B.− P. ext. Ce qui déshonore. Ces années si proches et dont ce n'est pas un des moindres déshonneurs de notre temps qu'elles nous apparaissent déjà si lointaines (Du Bos, Journal,1922, p. 138).Il avait rompu avec le monde des siens, où le travail est un déshonneur, tout au moins le vrai travail, celui des bras, celui des mains (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 496):
3. ... l'histoire d'un certain colonel d'une garnison de l'est, qui, recevant l'ordre de faire reculer ses hommes à dix kilomètres de la frontière et croyant que la France cédait déjà devant l'ennemi, avait sorti son revolver, et, plutôt que de survivre au déshonneur, s'était brûlé la cervelle devant son régiment. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 610.
P. iron. C'est un coup du ciel si je me suis trouvé là pour préserver ce livre du déshonneur de servir à envelopper du beurre et du fromage (Delécluze, Journal,1827, p. 433).
Prononc. et Orth. : [dezɔnœ:ʀ]. Ds Ac. dep. 1694. Fér. Crit. t. 1 1787 écrit déshoneur. Étymol. et Hist. Ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 1828). Dér. de honneur*; préf. dé(s)-*. Fréq. abs. littér. : 378. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 642, b) 476; xxes. : a) 480, b) 514.