| DÉSHEURER, verbe trans. A.− Vx. Déranger (quelqu'un) dans les heures habituelles de ses occupations. Je l'ai quitté hier matin... Mais non, qu'est-ce que je dis? ... C'est avant-hier ... enfin il y a deux jours. On n'imagine pas comme une nuit de voyage vous désheure (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 281). − Emploi pronom. à valeur réfl. Je n'ai jamais autant souffert de la tête ... Je ne sais à quoi attribuer cela ... Est-ce pour avoir dîné chez M. Gavault, et m'être désheuré? (Balzac, Lettres Étr., t. 2, 1850, p. 327). − Emploi sous la forme du part. passé adj. Qui n'a plus la notion ou la préoccupation des heures. Je suis désheuré et sans un ordre d'études prédéterminé, je ne fais rien, je pense peu, et j'éprouve un grand vide d'esprit (Maine de Biran, Journal,1818, p. 156). B.− Gén. au part. passé. Horloge, pendule désheurée. Horloge, pendule qui sonne une heure différente de celle qui est indiquée par les aiguilles. Une fois remontée, la pendule de Bougival reprit sa vie déréglée, ses habitudes de dissipation... et la maison s'en alla tout au caprice du cadran désheuré (A. Daudet, Contes lundi,1873, p. 69). − Au fig. Synon. de déréglé.Dans cette vie désheurée, les cancans de ses bonnes [de Berthe] devinrent ... une attirante distraction (Huysmans, En ménage,1881, p. 85). Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. désheurement au sens de « état d'une personne qui a perdu le souci de l'heure ». La princesse ... essayait de lui faire [à Frédérique] quelques révélations sur les clubs de Paris, la grossièreté des conversations entre hommes, les amusements encore plus grossiers où ce désheurement, cette déshabitude du foyer, entretenaient ces messieurs (A. Daudet, Rois en exil, 1879, pp. 126-127). Prononc. et Orth. : [dezœ
ʀe]. Ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. Av. 1679 se desheurer « être hors de ses heures habituelles » (Retz, II, 131 ds Littré). Dér. de heure*; préf. dé(s)-*; dés. -er. |