| DÉROCHER1, verbe trans. A.− Gén. en emploi pronom. (Faire) tomber, (se) précipiter d'un rocher, d'une roche. 1. [En parlant d'une pers., d'un animal, d'un inanimé concr.] Des pierres se dérochaient sous les pieds; elles roulaient jusqu'en bas de la faille (Giono, Batailles ds mont.,1937, p. 281): − Qu'est-ce qu'il y a?
− Le mulet s'est déroché.
− Comment dis-tu?
Puis, plus bas :
− Monte vite... Je vais t'ouvrir...
Mais l'autre continuait à haute voix :
− C'est comme je vous dis, dans la gorge... une pierre qui lui est arrivée dessus.
Ramuz, La Grande peur dans la montagne,1926, p. 88. − Spéc. FAUCONN. Le faucon déroche les bêtes à quatre pieds (Littré, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e). Rem. On rencontre ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e-20ela forme déroquer dans cet emploi. 2. SP. (alpinisme). [En parlant d'une pers.] Lâcher prise et tomber d'un rocher. Synon. dévisser.Il dégageait la corde au risque de se dérocher, ensuite il tâcherait de ramener le client (R. Frison-Roche, Premier de cordée,1941, p. 65 ds Rob. Suppl. 1970). B.− Emploi trans., TECHNOL. Enlever les roches du fond d'une rivière, d'un chenal, d'un port (cf. aussi dérochement dér.). Prononc. et Orth. : [deʀ
ɔ
ʃe], (je) déroche [deʀ
ɔ
ʃ]. Ds Ac. 1762, s.v. dérocher ou déroquer (terme de fauconn.). Ds Ac. 1932, uniquement, s.v. dérocher (enlever des rochers d'un chenal, d'une rivière, etc.). Étymol. et Hist. 1. Ca 1130 « jeter en bas; renverser » (Gormont et Isembart, éd. A. Bayot, 569); ca 1180 intrans. « lâcher prise, tomber d'une paroi rocheuse ou d'une hauteur » (A. de Paris, Alexandre, éd. ds Elliott Monographs, I, 2545); 2. 1671 « dégager un chenal des rochers qui l'encombrent » (Pomey). Dér. de roche*; préf. dé(s)-*; dés. -er. DÉR. Dérochement, subst. masc.Action de dérocher (cf. dérocher1B); résultat de cette action. Parmi les dérochements exécutés ainsi, l'un des plus importants est celui de la régularisation des rapides connus sous le nom de Portes de fer sur le Danube. L'avant-port de Pallice a été déroché à la mine complètement à sec, l'entrée ayant été fermée par un batardeau et l'enceinte ayant été vidée à basse-mer par des aqueducs fermés ensuite au moyen de vannes (Bourde, Trav. publ.,1929, p. 240).− [deʀ
ɔ
ʃmɑ
̃]. Ds Ac. 1932. − 1reattest. 1890 (Lar. 19eSuppl.); de dérocher1, suff. -ment1* (antérieurement au sens de « démolition » 1472 ds Gdf.). − Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Dudan (C.). Fr. universel et fr. marginal en Suisse romande. Vie Lang. 1962, p. 143. |